En réalité, moins de 350 rebelles hutus se sont rendus dans des centres de démobilisation, des vieux, des malades, des « dépendants » (femmes et enfants) Et ils ne se sont désaissis que d’un matériel dérisoire, quelques vieux fusils, des munitions hors d’usage.
Le dernier ultimatum ayant expiré, la Monusco et l’armée congolaise se trouvent désormais au pied du mur, sommés, sous peine d’apparaître comme parjures, d’entamer des opérations militaires.
Non seulement Kigali s’impatiente mais les envoyés spéciaux pour les Grands Lacs (Etats Unis, Union africaine, Union européenne, Belgique) ont publié un communiqué comminatoire, insistant sur l’urgence des opérations de désarmement.
Or un nouveau délai vient d’être proposé : c’est le 15 janvier à Luanda que les pays d’Afrique australe (SADC) envisagent de se réunir afin d’examiner la situation. Pour décider, peut-être, qu’il est urgent d’attendre encore ?
Plusieurs raisons expliquent ces tergiversations. La première considération est humanitaire : extirper ces rebelles hutus enkystés au sein des populations congolaises qu’ils terrorisent et terrés dans des forêts inexpugnables peut s’avérer militairement difficile et humainement coûteux, de nombreux civils pouvant être tués ou obligés à fuir.
La deuxième raison pourrait être militaire : combattants aguerris et organisés, ces rebelles hutus vont s’avérer difficiles à neutraliser. Mais d’autres raisons sont plus déterminantes encore : au fil des années, ces groupes ont noué dans la région de nombreuses alliances commerciales et se sont spécialisés dans l’exploitation et le transport du charbon de bois et des minerais (y compris vers la frontière rwandaise…).
Ils comptent également des alliés en Afrique du Sud et en Tanzanie, deux pays qui entretiennent des relations tendues avec le Rwanda car ils continuent à promouvoir un « dialogue interwandais ».
Deux organisations sous régionales, la CIRGL (Conférence pour la sécurité dans les Grands Lacs) et la SADCC (Afrique australe) étalent aujourd’hui leurs divergences. Quant aux populations de l’Est du Congo, elles attendent toujours la fin du cauchemar…
Publié le 11-01-2015 à 03:06′ par Collette Braeckman
http://fr.igihe.com/politique/congo-les-rebelles-hutus-gagnent-un-peu-de-temps.html
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