La France a décidé mardi d’ouvrir les archives de la présidence française sur le génocide rwandais. Kigali s’est félicitée de cette initiative au lendemain du 21e anniversaire du déclenchement des massacres qui ont fait au moins 800 000 morts selon les Nations unies. Les associations de victimes et les chercheurs se montrent plus réservés. Vingt-et-un ans après la tragédie, pourquoi cette décision française maintenant ? La Belgique, ancienne puissance coloniale, avait pris les devants dès 1997.
Avec notre bureau à Bruxelles
En avril 1997, le Sénat belge décide de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur le génocide rwandais. Une mise en œuvre rendue possible par une forte pression populaire. Les familles des dix casques bleus tués lors des premiers massacres à Kigali n’ont eu de cesse de demander des comptes aux autorités. Elles ont aussi pu compter sur le soutien des Belges : en trois mois, une pétition nationale a recueilli 200 000 signatures. Face à cet élan, le Parlement ne pouvait plus refuser la formation de cette commission.
Sur le papier, le mandat de cette instance était particulièrement étendu. Elle devait examiner les politiques mener à l’égard du Rwanda, mais elle devait aussi formuler des conclusions sur la responsabilité de la Belgique dans cette tragédie. Le rapport a finalement souligné des déficiences ou des problèmes de coordination entre le gouvernement et l’armée. En revanche, les conclusions ne reviennent pas directement sur la responsabilité des autorités.
En fait, les travaux de cette commission porteront leurs fruits politiques quelques années plus tard, le 7 avril 2000 exactement. Ce jour-là, le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt demande pardon au Rwanda au nom de la Belgique et des Belges.
(RFI 10/04/15)