A une question du journaliste de Jeune Afrique qui l’interviewait récemment, Paul Kagame, Président du Rwanda, a dit que les événements qui se passent actuellement au Burundi ne manqueront pas de faire un impact sur la société rwandaise.
Parlait-il du comportement dérapant de la jeunesse Imbonerakure du parti CNDD-FDD apparemment bien calqué sur les Interahamwe rwandais de triste mémoire ?
Sylvestre Nzeyimana, 45 ans, originaire de la Commune burundaise de Bugabira en Province Ngozi confie au Journal rwandais Izuba Rirashe qu’il n’a pas pu convoyer sa femme jusque dans le refuge du district rwandais de Gisagara.
« Il y a des signes évidents qui montrent que les familles des tutsi vont être bientôt massacrées au Burundi », a-t-il dit.
Comme pour étayer ses dires, il reprend davantage.
« Quand votre voisin qui n’a pas fait l’armée ou la police exhibe un fusil et porte l’uniforme militaire, qu’il t’insulte comme quoi tu es de la m…, que quand tu portes plainte à l’autorité de la base communautaire tu te fais dire qu’il te reste le temps de vivre autant que celui du champignon ; qu’est ce que tu es censé comprendre ou faire ? Autant partir loin, très loin même », a-t-il dit montrant des nuages très noirs qui visent uniquement les Batutsi des villages et agglomérations ruraux burundais.
Evelyne Nshemezimana, sa soeur d’infortune, déplore elle aussi le fait que les Imbonerakure, jeunesse du parti au pouvoir, font régner le beau temps et la pluie dans ces villages.
« Elle (la jeunesse) a le soutien total du pouvoir. Les membres des Imbonerakure épient, rôdent, inspectent et terrorisent les familles des Batutsi », a-t-elle ajouté disant que les Batutsi membres du CNDD-FDD ou pas, tous sont la cible des Imbonerakure.
Ces réfugiés disent être originaires des provinces Ngozi, Muyinga et Kirundo. Ceux qui, plus au nord en province , veulent traverser la frontière Kanyaru sont bloqués et ramenés dans leurs villages pour en repartir et emprunter des voies détournées afin de traverser la frontière pour le Rwanda.
Précarité des institutions, un mauvais leg
Pourquoi donc ces Imbonerakure doivent-ils s’attaquer aux innocents tutsi qui, selon le discours en vogue dans le temps, ne sont plus au pouvoir ? Encore qu’ un Tutsi ou un Hutu du village de l’arrière-pays du Burundi est loin d’être au pouvoir ? Le régime burundais qui regarde d’un oeil enjoué la propagation de tels schémas idéologiques éculés devrait comprendre que des risques de violences inouies peuvent être dévastateurs alors que les prémisses d’une excellente démocratie participative venaient d’être érigées.
Ceci donne raison encore une fois au mode de gestion musclé du Rwanda qui veut que d’abord des structures socio économiques dures et fortes soient reconstruites, que tout débat dans l’espace idéologique revête une utilité donnant lieu à l’accroissement de la productivité nationale.
Démarches différentes : Deux mode différents de gestion de la société
Au Burundi, parole est donnée, prise et consommée. La fébrilité dans les activités de production de suit pas. Un grand pourcentage du budget national va aux programmes d’assistance nationale. Sous-entendu ? Les consciences sont tournées vers l’occupation des postes de la Fonction Publique, vache-à-lait.
Au Rwanda, la pédagogie officielle est celle d’inciter les citoyens à être des self-made-men. Tous les programmes d’appui à la société peuvent au départ être dessinés dans le prisme d’assistance sociale mais vite récupérés par le privé. Toute aide reçue est accompagnée par une promesse du bénéficiaire de faire tout son possible pour qu’elle aide à bien se tourner vers l’économie de marché.
Conclusion ?
Du Burundi ou du Rwanda, lequel des deux pourra dépasser ces stéréotypes ethnocentristes récurrents et qui font des ravages et promettent violences où seule une petite classe de dirigeants en tire profit ? Est-ce le Burundi qui tente de s’ouvrir aux formes démocratiques occidentales avant d’attaquer les piliers et programmes économiques ? Est-ce le Rwanda qui introduit résolument la culture du dur labeur et de la taxe contribuant à la croissance économique et au changement des mentalités, des us et des coutumes ?
Toujours est-il que démocratie doit aller de pair avec une croissance économique et un franc jeu politique. Sans quoi on va droit au fiasco et à la faillite de la société quand on n’attend que la manne occidentale.
Publié le 2-04-2015 – par Jovin Ndayishimiye
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