Abbé Munyeshyaka, soutiens papaux et français : Pas de justice pour le pauvre !
Mis en cause pour la première fois en 1995, l’ancien vicaire de la paroisse Sainte-Famille, à Kigali, où s’étaient réfugiés des milliers de personnes menacées, est soupçonné depuis vingt ans d’avoir joué le jeu des miliciens hutus acharnés à perpétrer le génocide.
“C’est triste de voir les témoignages des nôtres qui s’étaient réfugiés à la Paroisse Sainte Famille soient jugés nul et non avenus par les enquêteurs français. Nous nous savons que ce qui est dit sur lui est de la pure vérité”, a dit Dr Dusingizemungu, Président de IBUKA, un collectif d’Associations de protection des Droits des victimes du génocide passant sous silence le fait que le crime de viol de femmes réfugiées qui devait le confondre n’a pas été établi à cause du tabou entourant la pratique sexuelle dans la culture rwandaise.
“J’ai assisté à plus d’une interview d’enquêteurs français qui pressaient de questions les femmes qui ont été violées par cet abbé au cours de leur refuge à la Paroisse Sainte Famille. Les enquêteurs leur pressaient de questions sur le fait qu’il les aurait violées. Pour toute réponse des pleurs coulaient sur les joues tout en essayant de nier”, a confié cette femme qui faisait office d’interprète au cours de ces séances.
“L’abandon de poursuite judiciaire contre cet abbé est une façon de nier l’épanouissement et l’autorevalorisation des rescapés du genocide des Tutsi. Car sans reparation de ses droits violés, on ne peut pas se reconstruire. Mais il n’y a pas que la seule France qui sait rendre justice. Dans tous ls cas on ne peut qu’attendre la decision de la Cour à la requêite du Parquet de Paris”, a-t-il ajouté rappelant que l’opinion publique critique le comportement et la demarche du Parquet de la République française peu enclins à faire éclater la vérité et démasquer les criminels du genocide des Tutsi du Rwanda de 1994 installés sur le territoire français.
« Je suis bouleversée par la décision du Procureur de Paris. Je pense à mon cousin Christophe Safari et à tous les autres qui sont morts à la Sainte-Famille », témoigne Yvonne Mutimura Galinier, une rescapée du génocide qui avait déposé en 1995 la première plainte contre le prêtre rwandais, réfugié en France au lendemain du génocide avec la bénédiction de l’épiscopat. En 2004, après avoir constaté l’inertie de la justice française, elle fera condamner la France par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour « retard apporté à rendre la justice », rapporte Jeune Afrique.
Une instruction débutée tardivement
Pourtant, ce n’est qu’en 2012 que l’instruction débutera véritablement, grâce à la création du pôle génocide.
« Depuis, de nombreux témoins sont morts, se désole Yvonne Mutimura Galinier. D’autres, suite au traumatisme profond qu’ils ont vécu, ne sont plus en mesure de prendre part à la procédure, ce qui profite à l’accusé. »
Mais pour le Parquet de Paris, le temps ne fait rien à l’affaire.
« S’il ressort des investigations que le rôle de Wenceslas Munyeshyaka durant le génocide de 1994 a pu susciter de très nombreuses interrogations (…), l’instruction n’a pas permis, au final, de corroborer de façon formelle des actes précis et certains d’une participation active », écrit ainsi François Molins dans son communiqué pour justifier les réquisitions de non-lieu.
Une main protectrice de Rome papale, une justice française moralement corrompue, des accents politiques
Pourtant dès 1995, Christian Terras, le rédacteur en chef de la revue catholique Golias avait publié une enquête très étoffée sur le prêtre , rapporte Jeune Afrique avant de citer le journaliste.
« Nous avions recueilli de nombreux témoignages accablants, qui se recoupaient », témoigne Terras, non sans s’interroger sur la possibilité que la position du Parquet puisse être politique, dans un pays où l’exécutif a toujours du mal à regarder en face l’implication des autorités de l’époque aux côtés du régime hutu.
« Il y a quelques années, j’aurais soupçonné une ingérence politique, mais depuis la création du pôle génocide, l’attitude du Parquet semblait évoluer dans le bon sens », tempère Me Patrick Baudouin, de la FIDH, partie civile dans la procédure. « Ma première réaction, c’est la surprise et la déception », ajoute l’avocat, selon qui le dossier est « solide et étayé », continue plus loin Jeune Afrique de ce 20 août.
“Moi, je trouve que le Parquet de Paris est politisé par Rome papale. Rome n’a jamais accepté que les membres du clergé rwandais soient traînés en justice pour faits de genocide. On se souviendra de l’évêque Misago de Gikongoro. Le Nonce Apostolique en poste à Kigali assistait à toutes les séances de procès. Sans aucun doute, le juge et le procureur ont été achetés pour innocenter l’évêque quand le verdict est tombé. Quelques jours après, les deux magistrats avaient quitté le Rwanda pour l’Europe”, a dit la femme-interprète montrant la longue, protectrice et puissante main romaine sur ses ministres.
La question qui se pose désormais est de savoir si les magistrats en charge de l’instruction se rangeront à l’avis du Parquet ou estimeront, au contraire, que Wenceslas Munyeshyaka doit être renvoyé devant une cour d’assises.
Entretemps, l’homme de l’église a su bien soigner son image auprès de ses paroissiens de Gisors en France avec une protection de son évêque, Mgr Jacques David.
Abbé Munyeshyaka, le saint homme sait se trimbaler avec un colt. Au nom de son sacerdotat ?
La journaliste Catherine Simon de Le Monde du 20 février 2010 exhume une lettre écrite au Pape Jean Paul II par l’abbé Wenceslas avec 28 autres collègues. Ils venaient de se réfugier dans un camp de Goma en RDC en août 1994.
“ Sous leur plume, la folie meurtrière des génocidaires est appelée « courroux du peuple ». Parmi les Rwandais « courroucés », figurent, reconnaissent-ils, « ceux qui comptaient parmi nos meilleurs chrétiens ». L’abbé Munyeshyaka, né de père hutu et de mère tutsi, fait-il partie des assassins ou de leurs complices ?”, s’interroge la journaliste.
Ce prêtre viscéralement extrêmiste hutu ne manque pas de protecteurs haut placés dans les hautes spheres de l’église. C’est le cas de Mgr Jacques David , évêque d’Evreux, Nord ouest de Paris.
« Je sais ce dont on l’accuse. Mais j’ai aussi entendu dire qu’il avait sauvé des vies », commente Mgr Jacques David. « Je n’ai jamais affirmé qu’il n’avait rien fait durant le génocide, insiste l’ancien évêque, aujourd’hui à la retraite. Ce qu’il a fait, je l’ignore : c’est à la justice de le dire. En attendant, on n’a pas à le traîner dans la boue. », écrit quotidien français Le Monde citant un Seigneur David, “ membre d’une mission épiscopale envoyée au Rwanda durant l’été 1994 à la demande des responsables parisiens des Pères blancs ».
Munyeshyaka traîné devant la justice surtout française ? Impossible !
Encore une fois la machine papale a tourné et évité qu’un de ses ministres soit taxé de génocidaire. Et ce sont les survivantes tutsi qu’il a violées durant ce génocide et qui n’ont pas su le dire clairement qui perdent et continueront d’être hantées par cet opprobre et pleureront dans l’ombre jusqu’à la fin de leurs temps. Ce n’est pas Rome ni la France qui leur apporteront justice si elles ne la veulent pas.
Mais comment la vouloir et l’espérer ? ue doivent-elles faire ? En écrivant et publiant leurs témoignages pardi !
Publié le 21-08-2015 – à 16:28′ par Jovin Ndayishimiye
Posté le 21/08/2015 par rwandaises.com