Le référendum approche au Congo-Brazzaville et les Congolais vivent dans la crainte de voir leur pays retomber dans la violence. Dimanche prochain, les citoyens sont appelés à se prononcer pour ou contre une nouvelle Constitution. L’opposition y voit une manœuvre du pouvoir pour que le président Sassou-Nguesso puisse se représenter l’année prochaine. Et après les tensions de ces derniers jours, les observateurs redoutent une escalade.
Les appels au calme, à la retenue et à la sauvegarde de la paix chèrement acquise se sont multipliés ces derniers jours au Congo-Brazzaville. Le dernier en date a été lancé lundi 19 octobre par le Comité de suivi pour la paix et la reconstruction du Congo.
« Conscients de ce que notre classe politique demeure responsable des malheurs de notre peuple, le Comité de suivi de la convention pour la paix et la reconstruction du Congo exhorte cette dernière à prémunir le Congo contre les affres d’autres violences, invite toutes les filles et tous les fils du Congo à préserver la paix, à pratiquer la solidarité et à œuvrer pour l’unité nationale, a déclaré Marius Mouambenga, le commissaire général du Comité. Il invite également la force publique à demeurer exemplaire, comme elle le fut lors des derniers scrutins. »
De son côté, l’Observatoire congolais des droits le d’homme appelle les acteurs politiques au dialogue. Il en est de même pour le patriarche Martin M’beri, ancien ministre de l’Intérieur, pour qui la paix doit être préservée, quelles que soient les circonstances : « S’il n’y a pas la paix, personne n’a le temps de réfléchir. S’il n’y a pas la paix, on ne contrôle personne. Lorsqu’on est devant une jeunesse qui a une forte demande, ne pas penser à la paix, c’est franchement trahir cette jeunesse. » Le référendum doit avoir lieu au Congo dans cinq jours.
■ Des militants anti-référendum toujours détenus
Dans ce contexte, l’organisation EBINA dénonce la répression des autorités contre ceux qui expriment leur opinion quand elle est différente de la ligne du pouvoir. Lundi, la justice a décidé de maintenir en détention six jeunes arrêtés le 9 octobre lors d’une manifestation contre le référendum. Ce n’est pas normal selon Joe Washington, de l’organisation EBINA, qui était présent à l’audience. Selon lui, ces jeunes auraient dû être mis en liberté provisoire en attendant d’être présentés à un juge : « Ils devaient être libérés après dix jours de détention simplement pour avoir exprimé leur opinion sur la voie publique. C’est incompréhensible qu’ils soient détenus pendant dix jours sans nouvelles, sans accès à un avocat ».
Et Joe Washington de mettre en avant la liberté d’expression lors d’une campagne référendaire : « Vous savez, depuis le 9, le président de la République avait décrété l’ouverture de la campagne référendaire. Il était donc normal que les personnes puissent exprimer leur opinion. Ceux qui font campagne en faveur du oui ont toutes les banderoles, ont les ronds-points, ils ont les médias publics pour dire oui. Et tous ceux qui disent non n’ont aucune banderole. Ils n’ont pas l’accès aux médias publics, ils n’ont même pas l’accès à la voie publique puisque dans la voie publique ils sont arrêtés. Beaucoup sont séquestrés. C’est inadmissible ».
Par RFI
http://www.rfi.fr/afrique/2min/20151020-congo-brazzaville-observateurs-inquiets-montee-violence-referendum-denis-sasso
Posté le 20/10/2015 par rwandaises.com