Dans une démocratie (à dominante) représentative, le multipartisme d’opposition comme les contre-pouvoirs sont, plus que nécessaires, indispensables pour un fonctionnement démocratique d’un pays qui serait, sans eux, exposé à l’arbitraire de ses dirigeants. Les partis politiques d’opposition, tout en s’opposant, se préparent à l’alternance, la « société civile » est le lieu de participation citoyenne à la vie publique, les médias jouent leur rôle de contre-pouvoir voire de « quatrième pouvoir ». Et toujours dans une sorte d’antagonisme systématique et souvent d’éparpillement : bipartisme (Conservateurs et Démocrates) aux Etats-Unis ou bipolarisme (gauche/droite) en France avec une dizaine de partis politiques qui ne parviennent guère à se mettre d’accord, même sur l’essentiel. Et il en est de même dans la vie syndicale, associative ou dans le paysage médiatique. Le pouvoir est « départagé » et non « partagé » comme au Rwanda.
Dans une démoc
ratie (à dominante) participative et donc dans un espace ouvert à tous et à toutes, y compris à la Diaspora (« la sixième province »), il faut garantir et organiser le partage : c’est donc d’abord un problème de « bonne gouvernance ». Dans le cadre très décentralisé, le rôle de «garde-fous» est assuré par des structures institutionnalisées, au premier rang desquelles se trouvent deux organismes eux-mêmes décentralisés :
L’Office de l’Ombudsman, dont le rôle est de combattre la corruption par l’éducation, la prévention et l’application de la loi : stages de sensibilisation ; alourdissement des peines encourues ; identités des coupable rendues publiques
Le Rwanda Governance Board (RGB), chargé de la mise en application des politiques publique (décentralisation, certaines HGS…), l’enregistrement des partis politiques (11, dont la moitié au moins sont bien représentés au gouvernement et presque tous au Parlement bicaméral), des ONG (1 400 ONG, dont 500 confessions religieuses…).
Le RGB est chargé de l’évaluation régulière des médias et de leur développement (Baromètre Rwanda Media). Mais le Code d’Ethique et de Déontologie des médias rwandais a été adopté en 2004 après consultations entre le Haut Conseil de la Presse d’une part, les professionnels et partenaires des médias au Rwanda d’autre part).
Mutatis mutandis, la liberté d’expression n’a pas trop à rougir des comparaisons. En vingt ans, le nombre des stations de télévision est passé de 1 à 6, le nombre de stations radio de 1 à 29. Et il existe actuellement plus de 45 titres de journaux et 80 sites-web d’information. A François Soudan (JA du 07 avril 2015) qui lui fait l’observation suivante : «Pourtant, si l’on en croit les rapports de Reporters sans frontières et du Committee to Protect Journalists, les médias sont muselés…», le Président Paul Kagame répond :
«C’est effectivement ce qu’ils prétendent, en méconnaissance volontaire de cause. Ils ne lisent pas nos journaux, ils n’écoutent pas nos radios privées. S’ils faisaient leur travail, ils s’apercevraient que, contrairement à ce qu’ils disent, on peut dans ce pays critiquer le pouvoir et critiquer Kagamé sans aller en prison. Notre loi ne sanctionne pas la critique. Elle sanctionne les abus, la diffamation, l’incitation à la haine, l’apologie du génocide. Comme dans n’importe quelle démocratie.»
les limites étant comparables à celles fixées par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse en France par exemple : provocation aux crimes ou aux délits (meurtre, pillage, incendie, etc.); diffamation, racisme; et, depuis le vote de la loi Gayssot en 1990, la contestation de l’existence de la shoah.
Par T.Andre
http://www.franceonugeneve.org/Droits-de-l-Homme-EPU-Situation-du-Rwanda
Posté le 9/11/2015 par rwandaises.com