Les sénateurs rwandais viennent de confirmer légalement ce mardi 16 novembre 2015 à leur tour, après les députés, une modification de la Constitution permettant au président Paul Kagame de se représenter en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034. Il maintient en l’état et vote autant que la Chambre des Députés le 29 octobre dernier les nouveaux articles 101 et 172 qui sont donc définitivement adoptés.

 

Kagame Plébiscité peut réaliser son projet qu’il caresse depuis longtemps : faire du Rwanda un Singapour d’Afrique

Le nouvel article 101 fait passer de sept à cinq ans le mandat présidentiel et en limite le nombre à deux.

Mais le nouvel article 172 autorise « le président en exercice » à briguer transitoirement un nouveau septennat en 2017, et à être réélu ensuite pour deux quinquennats, conformément à l’article 101.


Kagame parti pour 2034 ?

Pour sûr ! N’a-t-il pas dit qu’il ne pourra jamais aller à l’encontre des voeux et souhaits de son peuple qui l’a plébiscité depuis bien longtemps. On l’a constaté lors des ovations des Rwandais dans leurs districts depuis qu’il leur rend visite. En effet les stratégies d’approche de la population de Kagame sont différentes de celles de son prédécesseur Juvénal Habyarimana. Tous les deux ne sont-ils des anciens commandants de leurs armés.

Kagame magistrat et Chief Justice suprême, Habyarimana pavane sa quinzaine de réalisation

Pour être adulé par la base communautaire, Kagame a compris qu’il doit mettre en pratique son sens de la justice. Pour lui, il fallait lutter contre les injustices ou la soif des citoyens de tranquillité. Les jugements mals rendus, les injustices commises par les dirigeants de la base communautaire, les jugements non exécutés, les millions de francs du budget national récurrent distribués à tous les indigents tels que décidés par chaque Mudugudu… voilà l’astuce de Kagame qui fait que la plupart des citoyens trouvent que s’il quitte le pouvoir, cette sensation de paix et de tranquillité intégrales, les nouveaux occupants d’Urugwiro auront d’autres préoccupations.

Mais Habyarimana le ’Mubyeyi’, lui aussi sillonnait ses communes dans le cadre de  » la Quinzaine des Réalisations ». A son départ, ces réalisations ne créaient que des postes de fonctionnaires d’Etat locaux qui développaient un monde bien à part, le petit peuple continuant à se bercer d’avoir ici une usine de thé, là las un aéroport moderne ou un magasin TRAFIPRO où à la veille de fêtes de Noël il ira acheter un ou deux mètres de tissus pour ses enfants.

Contacté par la BBC, l’opposant en exil, Faustin Twagiramungu trouve inadmissible cette révision de la Constitution. ’’Aujourd’hui, il y a une sorte de monarchie républicaine et Kagame se présente comme un roi’’, a commenté M. Twagiramungu, qui ajoute que ’’cette révision ne vient du coeur’’, mais elle est le réflet d’une ’’dictature stalinienne’’ qu’il continuera ’’ à combattre’’.

 


Twagiramungu Faustin, ancien Premier ministre, 1994-1994 : Il pense revanche et croit en la majorité ethnique démocratique ; une contradiction.

A la bonheur ! Ce septuagénaire ne décollère pas de voir qu’il a quitté le pouvoir de Premier Ministre désigné par les Accords d’Arusha 1993 devenus caducs. Il analyse également ses erreurs politiques en 1994 montrant une tendance ethniciste que le nouveau régime vacillant tentait de dépasser. En effet, en sa qualité de Premier Ministre, leurré par une certaine France qui peuplait encore les esprits de la plupart des Rwandais, alors qu’à la Table Ronde des donateurs du Rwanda dévasté et en faillite, n’a-t-il pas déclaré qu’une bonne moitié de 800 millions de dollars collectés aille aux deux millions de Rwandais réfugiés dans les camps de Goma, Bukavu, Uvira dans l’actuelle RDC, Kayanza, Kirundo au Burundi…?

Une faute politique impardonnable

« Le vieux politicien qui réagit défavorablement à l’activité des législateurs rwandais devrait faire le voyage de Kigali et sillonner tout le Rwanda. Je suis sûr qu’il peut faire ses aller et retour, écumer les villes, bourgades et agglomérations du Rwanda comme en 2003 quand il a tenté de briguer la présidence. Il n’a qu’à sonder les citoyens pour voir à quel point ils ont changé. La nouvelle qualité de leur vie, leur façon de se tourner vers le marché, les débats de village pour des projets et programmes d’assistance dont ils sont bénéficiaires, la façon dont les dirigeants de la base communautaire cupides et irresponsables sont écartés, ce sont ces valeurs et bien d’autres encore qui font que les citoyens rwandais, en toute franchise de leur part, tiennent à garder Kagame Président », a confié un politologue rwandais.

Kagame, le Lee Kwan Yew rwandais

Au fond les schéma démocratiques doivent différer de pays à pays. Les régimes des pays du Tiers Monde n’ont pas encore compris qu’il faut démocratiser des institutions socio économiques existantes. L’Afrique les a t-elles ? Dans la plupart des pays africains, il faut les créer et cela passe par les stratégies possibles de création de richesses sociales.

Le stratège Kagame ne dit pas mieux. Tout doit se faire dans la quête de l’indépendance économique avec de strictes règles du capitalisme international. Mais il n’oublie pas qu’il faut remorquer ce monde paysan qui, dans dix prochaines années, l’industrialisation aidant, changera de face pour voir bien moins que 30% de Rwandais occupés dans de très grandes exploitations agricoles.

Le Premier Ministre Twagiramungu, je lui souhaite longue vie, pour constater cette transfornation du Rwanda profond.

Publié le 18-11-2015 – par Jovin Ndayishimiye

Posté le 21/11/2015 par rwandaises.com