Le directeur du ministère public rwandais, Richard Muhumuza

Le Rwanda va faire appel de la décision d’un tribunal britannique de refuser l’extradition de cinq hommes accusés d’avoir pris part au génocide de 1994, a rapporté jeudi la presse rwandaise.

Vincent Brown – aussi connu sous le nom de Vincent Bajinya -, Célestin Ugirashebuja, Emmanuel Nteziryayo, Charles Munyaneza et Céleste Mutabaruka, nient toute participation au massacre.

Ils sont accusés par les autorités rwandaises de génocide, complicité de génocide, crimes contre l’humanité, conspiration en vue de commettre des meurtres, ainsi que de divers actes de destruction et de pillage.

Le génocide au Rwanda, déclenché en avril 1994 par les extrémistes hutu, a fait en trois mois 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés, selon l’ONU.

« Nous sommes extrêmement déçus de cette décision, mais nous continuerons à nous battre pour obtenir leur extradition, en continuant à présenter des appels devant des juridictions supérieures », a commenté le directeur du ministère public rwandais, Richard Muhumuza, selon le quotidien pro-gouvernemental New Times.

Une cour d’appel devrait « séparer les preuves de la politique, distinguer les ouï-dire des faits et évaluer correctement les preuves », a-t-il ajouté.

La juge du tribunal de Westminster à Londres, Emma Arbuthnot, a rejeté mardi la demande d’extradition en invoquant des préoccupations liées au respect des droits de l’homme.

« Je n’ai pas le moindre doute que la situation générale au Rwanda est celle d’un régime autoritaire et répressif, pas moins qu’il ne l’était en 2008-2009 et probablement plus, un Etat qui réprime l’opposition de nombreuses manières », a-t-elle justifié.

En avril 2009, la Haute Cour de Londres s’était également opposée à l’extradition de quatre de ces cinq hommes en estimant qu’ils encouraient « un risque réel de déni de justice flagrant » au Rwanda.

« Il y a des indications que l’Etat est suspecté de menacer de tuer ceux qu’il considère comme des opposants, ou qu’ils disparaissent simplement, au Rwanda comme à l’étranger. Il y a des indications que des suspects peuvent être torturés dans des camps secrets où les droits de l’homme élémentaires sont ignorés », a ajouté la juge Arbuthnot.

Célestin Ugirashebuja, Emmanuel Nteziryayo et Charles Munyaneza ont été présentés comme des maires de communes rwandaises ayant organisé les meurtres de Tutsi dans leur région. Vincent Bajinya est accusé d’avoir dirigé une milice à Kigali.

Ils avaient été à nouveau arrêtés, avec Céleste Mutabaruka, par la police britannique en mai 2013.

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Posté le 29/12/2015 par rwandaises.com