L’innommable Agahomamunwa , un récit du génocide des Tutsi ; son auteure, Adélaïde MUKANTABANA, une mère dont deux de ses fils et son père sont tombés sous les machettes des Interahamwe en 1994 tout autant que beaucoup d’autres parents, voisins et amis, habite à Bègles en France, une banlieue bordelaise, depuis novembre 1994. En 1995, elle a déposé une plainte contre un médecin rwandais soupçonné de participation au génocide sur la colline de Tumba, à Butare, au Rwanda.

Membre fondatrice de l’association Ibuka-France, elle a participé à la création de l’association Cauri depuis 2004, dont elle est actuellement présidente. L’objectif principal de Cauri est de rechercher la vérité, d’informer et de soutenir la mémoire du génocide des batutsi rwandais.

 

L’auteure Adélaide Mukantabana

Résumé

La mémoire, lourde de souvenirs effroyables de la tragédie rwandaise, a conduit Adélaïde Mukantabana à se battre avec les mots de la langue française, à ouvrir les mots du kinyarwanda, la langue rwandaise, pour en faire sortir la souffrance et la vie, enfin, à se reconstruire douloureusement mot à mot.

Seul moyen pour elle de lutter contre l’absence brutale de ses deux aînés et de tout le reste de sa famille massacrée au milieu d’autres batutsi, à Nyange, fin avril 1994.
L’alchimie de l’imagination et de la mémoire se réalisant, elle nous fait traverser toute l’étendue de l’orgie génocidaire dans une narration singulière qu’irriguent deux veines : l’une historique, l’autre autobiographique.

Quand elle démasque les impostures de l’Église catholique rwandaise, celles du dictateur Habyarimana, celles de la politique française, et quand elle dénonce la folie exterminatrice d’une bande d’intellectuels du Hutu Power, elle perce à jour de troublantes vérités.

D’autre part, dans cette quête du passé le plus secret, le plus poignant, le plus vif de son Moi, elle lance au monde un appel infini à retrouver l’amour de l’humain. La sincérité totale de l’expression et de l’esprit, associée à l’acuité de la perception, donne à ses propos et à son récit une saveur merveilleuse, mais aussi une force capable de réveiller les consciences.

Bruce Clarke préface le livre

L’artiste sud africain Bruce Clarke a préfacé ce livre. Des passages de sa préface sont très évocateurs :

« Le Rwanda Pré-génocide qu’Adelaïde Mukantabana nous décrit, n’existe plus et n’existera plus. La rupture fut totale, la culture broyée et la langue anéantie. Une langue, le kinyarwanda, qui véhicule des us et coutumes hautement codifiées, des rites et des tabous, des droits et des interdictions complexes.

Les mots de cette langue, qui, avant le génocide, sculptaient le quotidien et l’inséraient dans une continuité, ces mots sont devenus inutiles pour décrire l’après. Cette langue a été brisée, violée, transpercée par le génocide. Elle renvoie à un passé perdu……

 

Tout au long de son livre, Adelaïde évoque la nostalgie d’une langue perdue. Elle nous rappelle sa poésie et subtilité. Dans les premières pages, ces phrases sont parcourues de termes en kinyarwanda, le sens de son propre aiguisé par sa langue maternelle, comme si la langue française ne portait pas la précision sémantique, ni la finesse du kinyarwanda.

Elle veut nous décrire son Rwanda d’avant, avec les mots justes. Ce n’est pas une manie, c’est une tentative de reconstitution, un lien vital vers cet ensemble culturel, linguistique et historique qu’était autre fois le Rwanda, le pays d’avant le génocide.

Un pays, une vie passée qui s’exprime dans sa propre langue. Subitement, les mots en kinyarwanda disparaissent. Là où l’enfer commence, les mots pour décrire l’innommable n’existent plus. Adélaïde ne peut plus puiser dans le kinyarwanda pour décrire le génocide. C’est le néant, l’absurde, la disparition du sens », écrit-il.


Adelaïde Mukantabana présentera son livre le 5 Mars 2016 au Café le Poulailler à Bègles, le 13 mars 2016 au salon du livre à Sadirac Château Belrose Moncaillou, le 16 avril 2016 au café associatif Les Thétards à Périgueux, le 29 avril 2016 à la librairie Georges à Talence

Publié le 6-02-2016 – par Karirima A. Ngarambe

Pour plus d’info : http://www.editions-harmattan.fr/in…

Posté le 08/02/2016 par rwandaises.com