Figé dans sa statue plantée à l’entrée du quartier du KM5, le lieutenant Georges Koudoukou aurait tant de choses à dire à François Hollande, en visite à Bangui vendredi 13 mai après-midi. Lorsque le chef de l’Etat français est passé devant le monument érigé en l’honneur de ce héros de la France libre, mort après avoir été blessé à Bir-Hakeim, en 1942, ce dernier aurait pu lui glisser qu’il n’y a pas si longtemps, étaient inscrits sur le socle de sa statue des messages promettant à son visiteur du jour la Cour pénale internationale.
Dans le KM5, dernière enclave musulmane de la capitale centrafricaine, les sentiments à l’égard de la France ont depuis évolué. Vendredi, il n’était plus question de la vouer aux gémonies, de lui rappeler que le déclenchement de l’opération « Sangaris » en décembre 2013 avait entraîné la chute du pouvoir de la Séléka – alliance de mouvements rebelles à majorité musulmane –, suivie d’un cycle de vengeances contre la minorité islamique. « Restez ! », clame un commerçant, derrière un solide dispositif de sécurité. « Il ne faut pas que la France nous tourne le dos. La paix n’est pas sûre », ajoute son voisin. M. Hollande a fait ce bref déplacement pour signifier au nouveau président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, et aux 650 soldats français encore présents, la fin de « Sangaris ». Dans le reste de la capitale, l’accueil était bien moins chaleureux.
Une myriade de conflits
La République centrafricaine (RCA) n’est plus le théâtre d’une guerre de blocs, s’ils ont jamais existé, entre Séléka et anti-balaka (milices d’autodéfense chrétiennes), mais d’une myriade de conflits où se mêlent luttes pour le contrôle de territoires, banditisme et « protection » de communautés. Près de Ndélé, dans le nord, les mouvements du général Al-Khatim, chef d’une branche des ex-rebelles de la Séléka, font des frayeurs à la population et aux Chinois prospecteurs de pétrole qui s’y trouvent. Plus à l’ouest, à proximité des frontières du Cameroun et du Tchad, les tensions ne cessent de s’exacerber entre pasteurs peuls et agriculteurs. Des conflits qui se règlent désormais à coups de fusils d’assaut.
Trois mois après son élection à la présidence, le professeur de mathématiques Faustin-Archange Touadéra a déjà résolu plusieurs équations. Celle de la réalisation d’une victoire dans les urnes sans appareil politique, puis de la formation d’un gouvernement composé de son cercle rapproché, d’un fils d’empereur, Jean-Serge Bokassa, à l’intérieur, d’un conseiller municipal PS à la mairie du 13e arrondissement de Paris, Joseph Yakété, à la défense, et d’anciens membres des gouvernements de l’ex-président François Bozizé, dont. M. Touadéra fut le premier ministre entre 2008 et 2013.
Posté le 15/05/2016 par rwandaises.com