Le grand journaliste d’investigation et écrivain belge Phillipe Braeways a rendu l’âme ce 2 mai . Ses obsèques ont eu lieu ce 7 mai à Bruxelles. Beaucoup de témoignages ont été lus en sa mémoire dont Messages d’amour émouvants de son épouse Marianne et de ses filles.
Philippe Braeways, l’homme, l’intellectuel, le compatissant au drame des Tutsi du Rwanda de 1994
Le Rwanda, par le biais de son ambassadeur en Belgique, M. Olivier Nduhungirehe, a reconnu son humanité débordante pour avoir, tout au long de sa vie, lutté pour amener devant la justice les présumés criminels de génocide des Tutsi du Rwanda de 1994.
» Philippe Brewaeys s’est mis à enquêter sur le Rwanda comme il le fit dans ses autres dossiers avec rigueur et totale indépendance. L’on ne compte pas le nombre d’articles qu’il écrivit sur la tragédie rwandaise. Tous ces articles étaient remarqués pour leur clairvoyance, leur distance par rapport aux sentiers battus, leur recherche du Vrai. Il a mené une enquête et réalisé un documentaire sur les manipulations de l’enquête Bruguière. Il accompagna l’équipe de la RTBF qui se rendit à Kigali pour recueillir images et interviews. Le duo qu’il forma avec Catherine Lorsignol fit merveille. Sans concession, leur travail les mena à la conclusion d’une enquête
manipulée et ils n’hésitèrent pas à le dire publiquement.
L’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe, Une Oraison funèbre digne de Bossuet
Outre ce documentaire de première valeur, Philippe Brewaeys rédigea au même moment un ouvrage qui restera un texte de référence en la matière. Il faut dire que grâce à ses relations de confiance, il obtint des documents inédits de ses amis enquêteurs et son ouvrage reste un exemple de synthèse et de précision.
Il lui donna le titre de « Noirs et blancs menteurs », voulant parodier le titre de l’ouvrage de Pierre Péan qu’il considérait avec mépris comme un auteur travaillant sur commande en vue de préserver certains intérêts français, alliés objectifs des génocidaires. Philippe Brewaeys était arrivé à de toutes autres conclusions et il ne se privait pas de le dire courageusement.
Une procession funèbre jusqu’à sa dernière demeure au Cimetière de Molenbeck-Saint-Jean
Cet engagement au service de la vérité dans un dossier si délicat, ne l’avait pas empêché de réaliser un documentaire d’exception sur l’assassinat d’Albert Prigogine à Goma, RDC et de dénoncer à cette occasion certaines collusions maffieuses dans cette région voisine du Rwanda. L’on dit qu’aujourd’hui encore, la cassette de ce film est visionnée dans les cafés de cette ville.
Mais il ne s’arrêta pas dans ses travaux sur notre pays. Philippe Brewaeys publia aussi un travail sur la traque des génocidaires. Ayant découvert la grande misère de cette traque, Philippe avait décidé de dénoncer les conditions de cette quête de justice imprescriptible. Il s’était donné le temps de vivre avec un des enquêteurs et de
comprendre le caractère ingrat de ce travail salutaire pour le devoir de mémoire », a dit entre autre, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe dans son sermon funèbre montrant que cet écrivain belge s’était mis à la défense de la cause du Rwanda de façon désintéressé, qu’à ce titre il mérite une haute distinction rwandaise.
Membres d’Ibuka-Belgique et gerbe de fleurs
Parmi les personnes qui l’ont accompagné à sa dernière demeure, on remarquait ses amis rwandais dont le président d’Ibuka-mémoire & justice-Belgique, Deo Mazina, Christian Mundele, président d’Ibuka-Hollande et beaucoup de membres de la Diaspora rwandaise de Belgique
Un journaliste décrivant l’atmosphère des funérailles de ce 7 mai a mêlé les moments forts de l’ambassadeur du Rwanda aux témoignages des journalistes pour ce nom qui vient de disparaître en ces termes :
» Beaucoup d’émotions parmi les très nombreux participants à la cérémonie d’hommage à Philippe Brewaeys, journaliste d’investigation et écrivain.Messages d’amour émouvants de son épouse Marianne et de ses filles.Parcours très riche de ce journaliste, atypique mais attachant, ponctué par l’éloge rendu par ses confrères.
Solennelle reconnaissance du Rwanda par le discours de l’ambassadeur, qui s’est aussi fait l’interprète du Président Paul Kagame, pour l’action de Philippe en faveur de ce pays, notamment pour ses enquêtes menées sur le génocide perpétré contre les Tutsis.
Un infatigable fouineur d’une grande rigueur, un pitbull de l’information à la poursuite de la vérité et de la justice, que ça plaise ou non.Une grande perte à bien des égards.
Je suis fier d’avoir été du nombre de ses amis. »
Braeways, un homme qui a consacré sa carrière d’écriture au service d’une cause noble : recherche de la vérité sur le génocide des Tutsi et lutte contre le négationnisme de ce génocide à travers ses écrits.