Tribunal de grande instance de Paris

Les parties civiles au procès pour génocide de deux anciens bourgmestres rwandais, qui s’ouvre mardi à Paris, ont fait part lundi de leur « grande inquiétude » après le retrait d’une magistrate spécialisée qui devait soutenir l’accusation.

Pressentie pour représenter le ministère public au côté de Philippe Courroye, Aurélia Devos, chef du parquet au sein du pôle de magistrats spécialisés sur les crimes contre l’humanité au tribunal de grande instance de Paris, a fait valoir, fait rare, une « clause de conscience » pour justifier son retrait, moins d’un mois avant le début du procès.

« Nous nous interrogeons sur les raisons d’une telle situation dont nous espérons qu’elle ne marque pas un changement d’orientation du parquet dont les réquisitions écrites ont grandement contribué au renvoi des accusés devant la cour d’assises », s’alarment dans un communiqué les associations, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).

Sollicité par l’AFP, le parquet général auprès de la Cour d’appel de Paris a indiqué que la magistrate avait, le 14 avril, « informé la procureure générale de sa décision de se désister de sa mission pour des raisons qui lui sont propres » et qu’un autre magistrat, Ludovic Hervelin-Serre, avait aussitôt été désigné.

« Les deux avocats généraux désignés pour représenter le ministère public lors de ce procès jouissent de la pleine confiance de la procureure générale et soutiendront l’accusation avec toute la rigueur et la fermeté qu’imposent ces faits de génocide et de crimes contre l’humanité pour lesquels sont renvoyés Octavien Ngenzi et Tito Barahira, au vu des éléments probants de la procédure et des débats qui se tiendront devant la cour d’assises de Paris », a-t-on ajouté.

Les accusés, deux anciens bourgmestres (maires, ndlr) de Kabarondo, une commune de l’est du Rwanda, sont accusés d’avoir directement participé au massacre de centaines, voire de milliers, de Tutsi en avril 1994, essentiellement des personnes réfugiées dans l’église du village. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour génocide et crimes contre l’humanité.

Pourquoi ce retrait d’Aurélia Devos, qui porta l’accusation dans le premier procès lié au génocide rwandais tenu en France en 2014? Les supputations vont bon train sur d’éventuelles divergences de vues ou de méthode avec Philippe Courroye, le médiatique ex-procureur de Nanterre.

« On n’a pas la réponse, mais ce qu’on sait, c’est qu’Aurélia Devos connaissait parfaitement le dossier et que son retrait est un très mauvais signe pour les victimes », a déclaré un avocat proche du dossier.

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Posté le 10/04/2016 par rwandaises.com