Le « 27ième Sommet de l’Union Africaine » en vitrine à Kigali.
Le « miracle rwandais » n’existe pas ! Le « miracle du Rwanda » c’est d’avoir un dirigeant et une équipe d’exception concomitante à des réalisations.
Alors que la 27ième édition du « Sommet de l’Union Africaine » ferme ses portes, l’heure du bilan a sonné pour le RWANDA qui accueillait cette prestigieuse organisation. Il n’est plus question ici de juger le « Pays des Mille Collines » sur de simples chiffres, certes élogieux et largement diffusés dans les différents rapports d’organismes internationaux.
Le « Miracle Rwandais »
Le RWANDA, qui a accepté cet immense défi, était conscient qu’une fois sous les feux de la rampe, il sera jugé à « la loupe », par ses derniers détracteurs qui refusent encore aujourd’hui de voir, ce que certains appellent le « miracle rwandais ». Pour ma part, j’ai toujours refusé cette référence au mot « miracle », dans la mesure où le pays ne doit sa transformation qu’à ses dirigeants et à la « vision » d’un Chef d’État déterminé, soutenu par les Rwandais.
Paul KAGAME ne s’est pas contenté d’avoir une « vision », il a pris sur lui une très grosse part de la tâche, allant lui-même au front, se souciant peu de ses adversaires politiques. Après avoir été l’homme de la libération, celui qui a réussi là où la Communauté Internationale a failli, il a guidé son pays vers le succès qu’on lui reconnait enfin maintenant. La « recette » du Rwanda a fait ses preuves. De ce fait tous les pays qui voudraient réellement atteindre des résultats semblables peuvent s’inspirer des politiques mises en oeuvre à Kigali. Ils ont tout en main pour réaliser leur propre « miracle ».
Il y a quelques mois, j’ai suivi en direct l’ouverture de la 22ième Commémoration du Génocide perpétré contre les Tutsi (1994). Le Président KAGAME était accompagné par le Président Tanzanien et leurs épouses respectives. Lorsque j’ai vu Paul KAGAME s’incliner respectueusement devant le Mémorial, j’en ai été très ému, réalisant comme une préscience la « page » qui aura été écrite, ici au Rwanda dans le « Grand Livre » de l’humanité. Le Chef d’État rwandais a, non seulement stoppé un massacre qui conduisait les Tutsi vers une autre « solution finale », mais a réussi à instaurer le pardon, la réconciliation, la paix et la réduction sensible de l’extrême pauvreté. Aujourd’hui il se démarque par une « vision » exceptionnelle et porte son pays au-devant de la scène en réussissant un développement économique hors du commun. Et maintenant, après avoir changé le destin de son pays, Kagamé veut s’engager pour le de l’Afrique.
Le bilan de ce 27ième « Sommet de l’Union Africaine ».
Nous n’allons pas aborder ici les décisions politiques, économiques ou autres qui auront été prises lors de ce sommet, nous allons plutôt prendre un angle de vue spécifique à l’organisation d’un événement d’une telle importance.
Après avoir accueilli avec beaucoup de succès le dernier « World Economic Forum », le Rwanda se voyait attribuer un « capital confiance », qui pouvait rassurer quant à l’organisation de ce « Sommet de l’Union Africaine ». Pour ma part, j’allais vivre une première en Afrique, et même si mon expérience du Rwanda devait me rassurer, il existe toujours une certaine appréhension de voir un détail ou l’autre venir perturber un événement d’une telle envergure. La venue de 35 Chefs d’État de pays africains nécessite des mesures de sécurité exceptionnelles qui ne doivent en aucun cas perturber l’organisation du sommet, ni l’accueil des milliers de membres des différentes délégations qui travaillent sur place.
La ville était surveillée par de nombreuses forces de l’ordre, mais dans ce pays militaires ou policiers, inspirent calme et confiance. On sent qu’ils contrôlent parfaitement toute situation, ne montrent aucun signe de nervosité, sont extrêmement courtois, vous renseignent si besoin et répondent volontiers à un sourire. On sait également qu’ils ne sont pas là pour parader, on les sent déterminé sachant exactement ce qu’ils vont tolérer ou pas. Ils nous rassurent sans légèreté. J’ai personnellement rarement vu ailleurs, une pareille maîtrise.
Une fois à l’intérieur du « Kigali Convention Center », l’ambiance était sereine, les différents points de ralliement correctement indiqués et si par distraction quelqu’un devait malgré tout s’égarer, les nombreux agents du protocole le prenaient rapidement en charge. L’accueil a été spécialement « travaillé », avec beaucoup de gentillesse et de compétence.
J’ai été vraiment surpris par la qualité de l’organisation et les rwandais viennent de nous prouver ce dont ils sont capables, se rapprocher au plus près de l’organisation des plus grands évènements internationaux.
Au-delà de ces considérations, la vie quotidienne des Kigalien n’a pas été perturbée à l’exception de congestionnements routiers près du « center » sécurité oblige.
Le « Kigali Convention Center » est un outil de développement aux énormes potentialités.
Dernièrement, on m’a accosté au sujet de ce magnifique complexe, en m’expliquant que malgré les efforts incessants des autorités rwandaises, une grande pauvreté existait encore dans le pays. Cette personne me faisait remarquer qu’il aurait sans doute mieux valu consacrer cet argent au profit des plus pauvres afin de les aider à sortir de leurs difficiles conditions de vie.
Effectivement, le « Kigali Convention Center » est un investissement qui aura couté beaucoup d’argent et d’énergie, mais c’est un outil formidable au potentiel incalculable. Je disais dernièrement à un ami, « on ne fera jamais avancer la locomotive, en mettant le charbon (le carburant) dans les wagons ». Le développement du Rwanda, le Président KAGAME le considère comme un train qu’il faut absolument faire avancer pour emmener toutes les parties de la société vers le progrès. Aujourd’hui, tout le monde est conscient que le Chef d’État rwandais ne ménage aucun effort en effectuant des visites incessantes de par le monde. Ses démarches représentent une énergie considérable que seuls ceux qui voyagent un peu peuvent comprendre. On dit vulgairement qu’il est « au charbon » et pour faire avancer la locomotive qui va tirer les différents wagons vers un monde meilleur, il a besoin d’outils et de financement. Jusqu’à ce jour, celui qui a la charge de conduire la locomotive est reconnu mondialement pour sa vision et sa bonne gouvernance.
Ce serait une regrettable négligence de ma part, de ne pas associer à ce travail de titan, la Ministre des Affaires Étrangères, Louise MUSHIKIWABO, qui ne s’épargne aucun effort lorsqu’il s’agit de représenter son pays et de le promouvoir.
Les différents rapports émanant de la Banque Mondiale ou d’autres organisations internationales saluent le Rwanda pour sa bonne gouvernance, sa croissance et sa lutte contre pauvreté, certes persistante encore dans certaines régions du pays. Mais sortir un pays « mutilé » par l’histoire du chaos, en faire un exemple pour d’autres n’est-ce pas finalement un miracle devenu réalité ?
Alain Billen
Alain Billen
Alain BILLEN est un observateur de cette partie de l’Afrique. Fin connaisseur du Rwanda, éditorialiste, il partage son temps entre Bruxelles et Kigali où il réside. abillen2@gmail.com