Amenés à se prononcer mercredi sur une nouvelle résolution précisant les modalités d’un retrait des pays africains de la CPI, les ministres des Affaires étrangères ont choisi de s’en tenir la précédente résolution, votée fin janvier à Addis-Abeba.
Réunis mercredi 13 juillet lors du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), les ministres des Affaires étrangères devaient se prononcer sur une nouvelle résolution précisant les modalités d’un retrait collectif des pays africains membres de la Cour pénale internationale (CPI). Mais, dans le tout nouveau Convention Center de Kigali, les discussions ont tourné court.
« Il y a eu une grosse opposition. Nous avons donc décidé de retirer le sujet de l’agenda du sommet », a confié à Jeune Afrique le chef de la diplomatie d’un pays d’Afrique de l’Ouest mercredi soir à la sortie de la réunion.
Alors qu’au départ l’intention était notamment d’engager une stratégie de retrait, les ministres ne se sont pas entendus sur les modalités. Le paragraphe a été supprimé des conclusions du Conseil exécutif.
Nigeria, Côte d’Ivoire et Sénégal opposés à un retrait
« Au lieu de voter une nouvelle résolution, ils ont décidé de s’en tenir à celle existante », confirme un observateur présent lors des débats.
Celle-ci, votée fin janvier à Addis-Abeba, à l’initiative du président kényan, Uhuru Kenyatta, prévoit « l’élaboration d’une feuille de route pour un retrait de la CPI ». Mais elle n’en précise ni le calendrier ni les modalités.
Selon plusieurs ministres des Affaires étrangères présents à Kigali, une majorité des 34 pays signataires du statut de Rome estiment qu’il ne revient pas à l’UA de décider d’un éventuel retrait collectif. « Avec l’arrêt des procédures contre le président et le vice-président du Kenya, nous ne voyons plus l’intérêt de soulever la question », précise l’un d’eux. Plusieurs pays, comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal, sont désormais opposés à cette idée.
Le ministre en question précise que le sujet pourrait néanmoins revenir sur la table à la demande notamment du Soudan, dont le chef de l’Etat Omar el-Béchir est visé par un mandat d’arrêt international.
El Béchir bienvenu
De fait, comme elle l’avait fait auprès de l’Afrique du Sud en juin 2015, la CPI a demandé au Rwanda, dans un courrier adressé le 12 juillet, d’arrêter ce dernier qui doit assister au 27e sommet des chefs d’Etat. Une demande que Kigali, qui n’est pas signataire du Statut de Rome, ne compte pas honorer. « Le Rwanda est l’hôte des leaders africains invités par l’Union africaine. Omar el-Bechir en fait partie. Il est le bienvenu comme tous les autres chefs d’Etat », a déclaré jeudi la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.