La première victoire réside dans la légitimité de l’attaque ou de la défense. Après la mise en cause du génocide de 1994 au Rwanda par le parti au pouvoir au Burundi le CNDD-FDD, le 16 Août 2016, le Burundi a franchi la ligne rouge. Seulement, le Rwanda est loin d’être prêt à l’affrontement.
Le tollé a été semé par l’accusation du Président Paul Kagame contre son homologue burundais Pierre Nkurunziza « de tueries en cours», lors de son discours du 6 Novembre 2015. Depuis, le pouvoir burundais réunit de bout en bout les arguments pour se défendre de cette accusation. Le dernier argument, probablement, massue, c’est de « nier le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda », sous prétexte qu’il n’y a jamais eu d’enquête au sujet de la mort du président burundais Cyprien Ntaryamira survenue dans l’attentat contre l’avion de Habyarimana Juvénal du 6 avril 1994.
Pourtant, l’attentat contre l’avion qui transportait les deux présidents Rwandais et Burundais ne justifie ni la négation du génocide du Rwanda de l’époque, ni les problèmes de sécurité au Burundi d’aujourd’hui. Cette erreur politique du parti au pouvoir burundais va surtout lui coûter la perte de toutes les alliances politiques et diplomatiques qu’il avait commencé à tisser avec certains Etats africains ou occidentaux, car la complicité avec le négationnisme sera aussi un crime dans le droit international.
La chance pour le Burundi, c’est que le Rwanda n’est pas encore prêt pour entrer en guerre. Les prochaines élections présidentielles au Rwanda de 2017 seraient entachée d’insécurité régionale si la guerre commençait avant le mois d’août 2017. Aussi, le fait que le Rwanda n’a pas encore rapatrié ou anéanti toutes les forces rebelles rwandaises du Congo Démocratique peut donner la brèche à ces dernières pour soutenir le pouvoir burundais et raviver les haines ethniques au Rwanda. La presse française s’en donne à cœur joie à commenter les oppositions ethniques des deux présidents pour opposer des populations à l’intérieur des deux pays. Il va falloir être responsables, car si Paul Kagame et Pierre Nkurunziza s’affrontent un jour, il ne s’agira surtout pas d’affrontement interethniques.