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« Pourquoi cette attitude de Père Fouettard, alors que, par le dialogue, nous essayons de trouver une solution à nos problèmes ? »
A 38 ans, Germain Kambinga, Ministre de l’Industrie, ancien porte parole de Jean-Pierre Bemba, passé par les meilleures universités européennes, est le benjamin du gouvernement congolais. De passage à Bruxelles, il a tenu à donner, à chaud, la réplique aux propos de Didier Reynders qui avait évoqué des sanctions à l’égard des responsables congolais, dont la limitation à six mois des visa diplomatiques.
Sur le mode ironique, le ministre congolais pose la question : « quel est le lien avec les problèmes politiques de l’heure ? Les hauts responsables congolais sont censés travailler à Kinshasa et ne venir en Belgique que pour des séjours de courte durée… »
Plus sérieusement, M. Kambinga insiste sur l’importance du dialogue politique actuellement en cours à Kinshasa, accompagné par l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations unies : « ce dialogue avance, il a pour but de trouver une solution à nos problèmes…Ne faudrait il pas plutôt faire pression sur le Rassemblement de l’opposition pour qu’il rejoigne ceux qui discutent déjà et qu’il apporte sa contribution ? »
A l’objection selon laquelle « gouverner c’est prévoir » et au reproche fait aux autorités congolaises d’avoir délibérément fait traîner la préparation et la budgétisation des élections, depuis longtemps prévues en 2016, M. Kambinga rétorque que la Commission électorale est indépendante du gouvernement et qu’elle est le seul pouvoir organisateur des élections. Or la CENI a été défaillante : « nous avons perdu deux ans lorsque le pasteur Ngoy Mulumba, précédent président de la CENI a été fortement mis en cause pour sa gestion. L’abbé Malu Malu, qui avait déjà organisé les élections de 2006, avait été désigné pour le remplacer mais il est malheureusement décédé. N’oubliez pas non plus que la guerre du M23, menée dans le Nord Kivu nous fait perdre beaucoup de temps et d’énergie… C’est à l’issue de cette guerre qu’anticipant sur les problèmes à venir, le président Kabila a convoqué les concertations nationales… »
« Aujourd’hui » dit le ministre, « la CENI est fonctionnelle, 320 millions de dollars lui ont déjà été attribués, mais elle constate que, dans cet immense pays, il lui sera impossible d’ organiser les élections en 2016 comme prévu. C’est pour cela qu’avec l’aide de l’ Union africaine, de l’ONU, de l’Union européenne, nous avons souhaité organiser un dialogue rassemblant tous les partis politiques afin de dégager ensemble un consensus sur la manière de gérer la situation. Nous sommes ouverts et souhaitons que le Rassemblement de l’opposition nous rejoigne pour faire entendre ses arguments… Il faut maintenir le cadre consensuel et préserver les acquis. Je vous rappelle tout de même, au passage, que dans tous les pays du monde, les élections sont un fait de souveraineté… »
Le ministre estime que si Didier Reynders voulait jouer un rôle positif, « il pourrait nous aider à résoudre des problèmes techniques, promettre une aide belge en matière de logistique par exemple… »
De manière implicite, M. Kambinga laisse entendre que le ministre des Affaires étrangères belges se serait exprimé en termes de « Père Fouettard » comme s’il souhaitait ne pas être en reste par rapport aux positions exprimées par les Etats Unis et la France et il insiste « il ne faut surtout pas jeter de l’huile sur le feu. Du côté du président Kabila, aucune porte n’est fermée…Il faut que toute l’opposition entre dans le dialogue, fasse entendre sa voix. Convoquer le chaos pour le 19 décembre, c’est entrer dans la confrontation, prendre des risques immenses. Veut-on détruire tout ce qui a déjà été construit ? » Et il rappelle aussi le jugement de la Cour constitutionnelle qui autorise le chef de l’Etat à demeurer en place jusqu’à l’élection de son successeur.
Lorsqu’on lui avance que le climat social est explosif, que le fossé s’est creusé entre les pauvres et les nouveaux riches, le ministre de l’industrie rétorque qu’au Congo, la pauvreté est structurelle et qu’il faut avant tout jeter les fondations de la nouvelle économie, attirer les investissements étrangers, générateurs d’emplois, en améliorant le climat des affaires : « mis à part le secteur minier, le pays ne compte que 350 industries , il est urgent d’élargir la base économique, de rassurer les milieux d’affaires en privilégiant le dialogue et non la confrontation… »

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Posté le 07/10/2016 par rwandaises.com