A deux semaines de la date fatidique du 19 décembre, où expire le deuxième mandat du président Kabila, avertissements, mises en garde sinon menaces fusent de toutes parts. A l’instar des Américains, l’ambassadeur britannique aux Nations Unies Matthew Rycroft s’est adressé en termes très durs au président Kabila, lui demandant de quitter le pouvoir à la date prévue « il ne reste que deux semaines pour prévenir encre plus de violence, encore plus de décès, encre plus de conflits ». Il a conclu son intervention en disant « l’horloge tourne et le monde regarde, respectez la Constitution, respectez le peuple de la RDC, respectez votre limite de deux mandats.. » L’ambassadeur, s’exprimant devant le Conseil de sécurité, a également demandé à la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo de prendre ses responsabilités. Dans sa réponse, le représentant spécial de l’ONU à Kinshasa a fait part d’un « sentiment d’appréhension » à deux semaines du 19 décembre et détaillé les mesures envisagées : c’est ainsi que la Monusco a déployé trois équipes mobiles à Lubumbashi, Goma et Kinshasa pour « surveiller les violations des droits de l’homme » mais le représentant spécial relève que « ces efforts ne seront peut-être pas tout à ait suffisants pour réagir de manière adéquate à des explosions graves de violence à caractère politique ».
Partageant cette analyse alarmiste, la Belgique a recommandé à ses ressortissants « de reporter tout voyage non essentiel en République démocratique du Congo » et demandé aux Belges qui doivent impérativement se rendre au Congo de s’enregistrer auprès du ministère des Affaires étrangères. Quant aux Belges se trouvant sur place, il leur est demandé d’évaluer si leur présence en RDC est bien indispensable et recommandé de faire preuve de la plus grande prudence lors de leurs déplacements. »
Cette avalanche d’avertissements, -dont la gravité évoque les mises en garde formulées à propos du Burundi après cinq semaines d’émeutes à Bujumbura en 2015-, contraste avec le calme de la situation sur place et la sérénité dont font preuve nombre de nos compatriotes . « On vit normalement, tout en suivant les négociations politiques et en particulier la médiation des évêques » nous assure un expatrié proche de la coopération belge. Il reconnaît cependant « la situation est très difficile, mais la plupart des étrangers ont pris leurs précautions, et, sur le terrain, la situation est plus calme que ce que l’on imagine à l’extérieur ». Pour notre interlocuteur, qui voyage beaucoup à l’intérieur du pays, « il est exact que les frustrations s’accumulent, que depuis la décentralisation les gens se sentent accablés de taxes nouvelles. Le ras le bol est généralisé, mais s’il devait s’exprimer, il toucherait la classe politique dans son ensemble et les partis d’opposition ne pourraient encadrer les mouvements populaires. » Optimiste, notre interlocuteur conclut cependant : «on n’en est pas encore là et on ignore dans quelle mesure seront suivis les mots d’ordre des associations Filimbi et Lucha, qui exigent le départ du président à la date du 19 décembre ». Philosophe, ce vétéran du Congo relève que « dans ce pays, les explosions ne se produisent jamais quand ni où on les attend. »…

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Posté le 13/12/2016 par rwandaises.com