« La manière dont on bat les tambours, c’est la manière dont on danse », dit un proverbe rwandais. « La discipline était inscrite dans nos gènes bien avant la colonisation, assure en écho un bon connaisseur des traditions de son pays. Au Rwanda, si l’autorité donne le ton, la population suit. »
« Tout le monde va dans le même sens, c’est comme ça depuis que je suis petite, abonde une rescapée qui vit aujourd’hui en Europe. C’est un héritage de la monarchie, qu’on appelait alors ubuhake : une forme de soumission à la cour royale en échange de quoi on recevait des vaches, des biens, on pouvait progresser socialement et bénéficier de la protection royale. »
Unanimisme historique
Des mwamis à Paul Kagame en passant par les présidents Grégoire Kayibanda et Juvénal Habyarimana, ce sens exacerbé du conformisme et de l’obéissance à l’autorité aura eu des fortunes diverses. « C’est en passant par les rois que les missionnaires catholiques ont pratiqué une vague de conversion fulgurante de la population », analyse notre expert. Mais c’est aussi en dévoyant ce sens collectif de la discipline que les organisateurs du génocide purent mobiliser une fraction importante de la population au service de leur projet mortifère.
Aujourd’hui, il est mis au service du bien commun, comme en témoigne la propreté immaculée des rues de la capitale, où nul ne s’autorise à jeter un morceau de papier. « Chaque société a des particularités en fonction desquelles elle éduque sa population, rappelle un journaliste rwandais. Au Rwanda, les gens préfèrent se trouver à l’intérieur du groupe plutôt qu’en marge, ce qui représente un déshonneur. » Une tendance au grégarisme qui explique en partie l’incompréhension de nombre d’observateurs face à l’unanimisme affiché de la société rwandaise.
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Posté le 06/03/2017 par rwandaises.com