Kigali semble décidée à faire son entrée dans le club des grands du secteur minier. L’abondance des ressources a permis au Rwanda d’assurer 37% de la production mondiale. Par Tribune d’Afrique

Tout le défi pour Kigali reste de mettre en place une réelle industrie de transformation pour réduire la part d’exportation des minerais non transformé, à faible valeur ajoutée. La stabilité politique du pays et le statut de bon élève en matière de gouvernance sont autant d’atouts qui pourraient attirer plus d’IDE vers Rwanda.
Le Rwanda serait en passe de se positionner comme l’un des acteurs majeurs sur la scène minière mondiale. Un pronostic établi par United States Geological Survey, qui vient de classer Kigali comme le plus grand producteur mondial de tantale. La production rwandaise représentant plus d’un tiers du minerai commercialisé sur le marché international, soit 37% de la production mondiale de tantale.

Un minerai stratégique pour l’électronique
Un gain de production qui a permis au Rwanda de dépasser la République démocratique du Congo qui représentait environ 32% en 2015 selon l’agence américaine. Le tantale est un minerai de plus en plus prisé par les marchés internationaux, vu qu’il est essentiel pour les industries électroniques, notamment pour la fabrication de condensateurs, de résistances à haute puissance, de moteurs à réaction et de composants à missiles. En 2016, la valeur totale du tantale produit était de plus de 290 millions de dollars.
Kigali produit également un quart du niobium utilisé au niveau mondial. Un minerai utilisé par plus de 80% des industries sidérurgiques à travers le monde, pour renforcer leurs produits en acier. L’agence US indique également que le Rwanda était le septième et douzième plus grand exportateur mondial de tungstène et d’étain, respectivement.
Baisse des cours
En effet, le Rwanda commence à apparaître dans les radars des grands centres d’achats de la scène minière mondiale, bien que la croissance du secteur minier reste freinée par l’exportation de minéraux non transformés qui tirent les prix vers le bas. Une reconnaissance à l’internationale que l’Association minière du Rwanda, espère traduire en un élargissement de sa base de marché.
Les professionnels rwandais comptent également sur un apport technologique des experts internationaux, notamment en Tantalum, afin de stimuler la valeur et le volume des exportations de minerais. Une volonté de décrocher plus de valeur ajoutée qui s’explique par la chute des cours du tantale, lors des 5 dernières années. Là où 1 kg de tantale était estimé à 280 dollars en 2012, le prix a été divisé par 2 en 2017 pour s’établir à 124 dollars/kg.
Une baisse de valeur qui a également touché les prix des autres minéraux principaux (étain et wolfram). Ce qui s’est traduit par la chute des revenus des exportations minières de Kigali, qui sont passées de 226 millions de dollars en 2013 à 206 millions de dollars en 2014, puis à 150 millions de dollars en 2015. Les cours ont finalement repris des couleurs après 3 ans de contraction pour s’établir 166,4 millions de dollars en 2016, notamment grâce aux recettes du Tantalum qui ont tiré les recettes minières à la hausse avec 39,7 millions dollars engrangés suite à l’exportation de 1.705 tonnes.
Actuellement, le secteur minier représente la deuxième entrée en devise du Rwanda, après le tourisme. Un apport qui devrait aller en grandissant pour Kigali qui, en plus de ses ressources naturelles, se démarque par sa stabilité politique contrairement à ses concurrents directs, notamment la RDC voisine. Les efforts de diversification industrielle et d’assainissement du climat des affaires sont autant d’atouts qui pourraient jouer en la faveur du secteur minier rwandais, particulièrement si cet effort permet de mettre en place une réelle industrie de transformation.

Posté le 08/05/25017 pare rawandaises.com