Il y a 23 ans, au sorti du génocide, le pays des Mille Collines était en ruines. Aujourd’hui, les économistes louent les « progrès spectaculaires » enregistrés.
Qui aurait parié sur le Rwanda après l’épouvantable drame qu’il a vécu en 1994 ? À ce moment-là, les banques sont vides, les récoltes pourrissent sur pieds et les cadavres d’environ 800 000 victimes, essentiellement des Tutsi, minoritaires dans la population, jonchent les rues de toutes les localités ainsi que les champs éparpillés dans le pays. Une partie de la population hutu, ayant largement pris part aux massacres, fuit vers le Zaïre devenu depuis République démocratique du Congo. Les survivants découvrent leurs proches massacrés, leurs maisons pillées et leur bétail volé ou tué.
Vingt ans plus tard, le spectacle est tout autre. Des Rwandais aisés paressent aux terrasses des artères bitumées de Kigali. Dans la capitale, une armée de balayeuses se relaie. Tout paraît en ordre. Est-ce là que réside le germe du « nouvel homme » que le Rwanda veut faire émerger. En tout cas, les économistes sont unanimes pour décrire les « progrès spectaculaires » accomplis par les autorités rwandaises. Issues de la rébellion qui a mis fin au génocide en juillet 1994, elles avaient récupéré un pays exsangue.
Le Rwanda vise à devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2020
Que s’est-il passé entre-temps ? « Depuis vingt ans, le PIB par habitant a été multiplié par cinq. Parallèlement, ces dernières années, le taux de pauvreté a baissé d’environ 25 % et les inégalités ont été réduites », indique la Banque mondiale (BM). « Certains appellent ça un triplé en termes de développement », explique Yoichiro Ishihara, économiste à la BM.
Le Rwanda vise désormais à devenir d’ici à 2020 un pays à revenu intermédiaire. Comment ? En passant d’une économie encore essentiellement agricole à une économie de services. Cela ne signifie pas pour autant que le Rwanda soit sorti d’affaire. Malgré ses succès et une croissance annuelle moyenne d’environ 8 % de 2001 à 2012, il continue à faire face à des défis à la hauteur de ses ambitions. Il envisage en effet de porter, d’ici à 2018, le PIB à 1 000 dollars par habitant (contre 693 dollars en 2013) et de ramener le taux de pauvreté sous les 30 % contre 45 % actuellement.
Surtout, si le Rwanda réduit depuis quelques années les inégalités, il reste le pays le plus inégalitaire de la région, selon le rapport 2013 de la Société internationale pour le développement sur l’état de l’Afrique de l’Est. En outre, le secteur de la construction, moteur de croissance toutes ces années, a été dopé par d’importants marchés publics. Mais désormais, « il est temps de passer au secteur privé », fait remarquer M. Ishihara.
En plus des services, le Rwanda mise désormais sur l’export de matières premières
La nouvelle ambition du pays, qui tire le gros de ses devises du tourisme, est désormais d’exporter ses matières premières (minerais, thé, café…) ainsi que des produits manufacturiers. À cet effet, une nouvelle zone économique spéciale de 98 hectares attire usines et entreprises agroalimentaires.
Le discours actuel est exporter ou mourir , résume un responsable rwandais souhaitant garder l’anonymat. Parmi les atouts rwandais, une population jeune et éduquée. Environ « 70 % de la population a moins de 25 ans et les compétences sont là », explique Vivian Kayitesi, du Conseil de développement du Rwanda, organisme public. Et d’espérer que cette jeunesse va favoriser la croissance du secteur des services vers lequel les investissements sont passés de 800 millions de dollars en 2012 à 1,4 milliard en 2013.
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Posté le 12/06/2017 par rwandaises.com