La chef de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo

La chef de la diplomatie rwandaise assume le référendum de 2015, qui permet à Paul Kagame de briguer un troisième mandat. Elle estime qu’il est le seul à avoir l’envergure nécessaire à cette fonction.

Aussi à l’aise en français qu’en anglais, Louise Mushikiwabo est, depuis huit ans, le visage du Rwanda à l’étranger. Le référendum de 2015, en débloquant les verrous constitutionnels qui empêchaient le président Paul Kagame de se représenter, lui a pourtant valu quelques critiques, notamment en provenance du pays de son mari, les États-Unis. Mais alors que le Parti démocrate américain a été balayé lors des dernières élections, le gouvernement de Kigali semble avoir de belles années devant lui. De quoi donner un regain de confiance dans le monolithique modèle rwandais ?

Jeune Afrique : En août, Paul Kagame pourra se présenter à nouveau grâce à une révision constitutionnelle. Quelle a été la réaction de vos partenaires étrangers à cette mesure ?

Louise Mushikiwabo : Certains pays ont exprimé leur mécontentement, mais j’ai toujours pensé que nous devions faire nos propres choix, même s’ils nous valent des critiques. Les dirigeants d’États occidentaux, notamment des anciennes puissances coloniales, pensent toujours avoir leur mot à dire en Afrique. Pourtant, la démocratie est en crise partout dans le monde, y compris dans ces pays, qui sont confrontés à une grande remise en question. Mais ils continuent de nous dire quoi faire…

Aux États-Unis, les critiques sont venues de l’administration Obama. Donald Trump semble plus souverainiste. Êtes-vous plus à l’aise avec cette approche ?

Je ne sais pas ce que veut cette nouvelle administration. Mais savoir qui dirige les États-Unis m’inquiète peu en réalité. La dynamique politique, en revanche, est très intéressante. La leçon de l’élection américaine c’est : souciez-vous de votre peuple. Ce changement, ce sont les Américains qui l’ont voulu.

Au Rwanda, les chiffres officiels du dernier référendum sont surprenants : 98,3 % de oui, avec 98,3 % de participation. Soit Paul Kagame est incroyablement populaire, soit les Rwandais sont très contrôlés…

Non. Le président Kagame est, en effet, très populaire. Mais le pays a décidé de se doter d’un système consensuel. L’affrontement politique n’en fait pas encore partie. La priorité reste de rebâtir ce pays.

Jusqu’à maintenant, aucun opposant n’a pu se présenter à une présidentielle. Est-ce que ce sera différent cette année ?

 
(Jeune Afrique 19/07/17)

http://www.jeuneafrique.com/mag/455397/politique/rwanda-louise-mushikiwa…

Posté le 20/07/2017 par rwandaises.com