La grand-messe diplomatique de l’année s’est ouverte lundi avec la première journée du débat général de la 72e Assemblée générale des Nations unies. Pour l’occasion, neuf chefs d’État africains ont défilé à la tribune. Jeune Afrique récapitule leurs déclarations majeures.

Guinée : Alpha Condé pour une Afrique qui compte sur la scène internationale

Le président en exercice de l’Union africaine a profité de son discours pour souligner l’essor du continent au cours de la dernière décennie. « Le XXIe siècle sera sans doute un siècle où les Africains vont davantage compter, et de façon décisive », a-t-il déclaré dans l’hémicycle, en rappelant l’importance de « l’intégration économique du continent, à travers la mise en œuvre effective de la Zone de libre échange continentale ». Il a également milité pour une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, qui permettrait de mieux représenter l’Afrique. « Il est temps de réparer cette injustice qui n’a que trop duré », a estimé le président guinéen, en soulignant le poids démographique du continent.

Nigeria : Muhammadu Buhari et la lutte antiterroriste

Le président nigérian, dont l’état de santé suscite l’inquiétude dans son pays, a dans un premier temps remercié la communauté internationale pour son aide dans la lutte contre Al-Qaïda et Boko Haram, avant de rappeler l’assistance humanitaire apportée par son pays à des millions de réfugiés « affectés par le terrorisme, la sécheresse, les inondations et d’autres désastres naturels ». Il a également plaidé pour la mise en place de stratégies collectives pour empêcher les combattants de Daesh de trouver refuge dans le Sahel et le bassin du lac Tchad. Actualité oblige, Muhammadu Buhari s’est aussi inquiété des tensions avec la Corée du Nord, en proposant que l’ONU envoie « une forte délégation » pour traiter avec Kim Jong Un.

Nos petits-enfants seront chanceux s’ils arrivent à nommer cinq fruits locaux de leur pays, a déploré le président zambien

Liberia : Ellen Johnson-Sirleaf, l’alternance démocratique

Présidente du Liberia depuis 2006, Ellen Johnson-Sirleaf quittera le pouvoir à l’issue des élections législatives et présidentielle, qui se tiendront le 10 octobre. « Ce sera la première fois en 73 ans que le pouvoir politique sera transmis pacifiquement et démocratiquement d’un responsable politique à un autre », s’est-elle félicitée.

Zambie : Edgar Chagwa Lungu et le rappel du changement climatique

Le président zambien a débuté son allocution en mettant l’accent sur les effets du changement climatique. Compte-tenu de l’extinction rapide des espèces, « nos petits-enfants seront chanceux s’ils arrivent à nommer cinq fruits locaux de leur pays », a-t-il déploré. Edgar Chagwa Lungu a également salué les avancées démocratiques en Afrique, sans faire mention des régressions enregistrées dans son propre pays, et rappelé les efforts de paix déployés par la Zambie au travers de sa participation au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et aux missions onusiennes.

Mali : Ibrahim Boubacar Keïta et le G5 Sahel

Le président Ibrahim Boubacar Keïta est revenu longuement sur la situation intérieure au Mali, en soulignant les progrès « fort appréciables » suite à la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Des progrès nuancés par l’ouverture « d’un nouveau front à sécuriser et à pacifier » dans les régions du centre du pays. Face au terrorisme et aux trafics en tout genre, le chef d’État malien a déclaré « qu’aucun pays ne peut, seul faire face à ces menaces transfrontalières ». À cette occasion, il s’est félicité de la création du G5 Sahel, dont les premières opérations sont censées débuter en octobre 2017. IBK a conclu son allocution en évoquant la nécessité de trouver des solutions collectives face à la tragédie humaine des migrants dans la Méditerranée et dans le désert, et en faisant part de ses inquiétudes sur la réduction du budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

La résolution de la question palestinienne éliminera l’une des principales excuses des terroristes pour justifier leur prolifération dans la région, selon Sissi

Égypte : Abdel Fattah Al-Sisi et la nécessité de solutions politiques

Le président égyptien a mis en exergue le gouffre entre la réalité et les ambitions onusiennes, déplorant notamment la situation dans le monde arabique devenue « l’épicentre de certains des plus violents conflits civils de l’histoire humaine récente ». Pour Abdel Fattah Al-Sisi, seules des solutions politiques peuvent venir à bout des conflits en Syrie ou en Libye. Il est également revenu sur l’importance de la question palestinienne, dont la résolution « éliminera l’une des principales excuses des terroristes pour justifier leur prolifération dans la région ».

Ouganda : Yoweri Katuga Museveni et sa solution magique pour la Corée du Nord

L’indéboulonnable président ougandais, qui en est à son cinquième mandat, s’est longuement attardé sur la crise dans la péninsule coréenne, en proposant de laisser la Corée du Nord et la Corée du Sud « discuter seuls de leur réunification ». « Une Corée unifiée serait une très forte nation, a-t-il estimé. Pourquoi certains acteurs ont-ils peur des fortes nations dans le monde ? »

Gambie : Adama Barrow, les défis de l’expérience démocratique

« Les Gambiens ont fait le choix irréversible de clore un chapitre sombre de notre histoire », a déclaré devant ses pairs le président Adama Barrow, au pouvoir depuis la chute du dictateur Yahya Jammeh le 21 janvier 2017. « Comme toute démocratie restaurée, nous faisons face à d’immenses défis pour relancer notre économie, réformer nos lois, notre administration et les institutions judiciaires », a-t-il souligné. Le chef d’État gambien a également évoqué les conséquences dramatiques du changement climatique, qui « expliquent pourquoi tant de jeunes Gambiens sont forcés de se lancer dans un long et dangereux voyage jusqu’en Europe ».

Par Olivier Liffran
http://www.jeuneafrique.com/475686/politique/ce-que-les-presidents-africains-ont-dit-a-la-tribune-de-lonu/
Posté le 21/09/2017 par rwandaises.com