Des ossements exposés au mémorial du génocide rwandais.
L’ancien prêtre Jean Ndorimana donne son point de vue sur la situation de l’Église catholique rwandaise, dont il remarque que la vie est toujours largement liée à ses errements durant le génocide et à son implication dans la genèse de l’idéologie raciste qui a conduit au génocide de 1994.
Jean Ndorimana, 65 ans a la voix mate et humide. Cet ancien prêtre – il l’a été de 1980 à 2009 – et titulaire d’un doctorat en droit canon est rentré en conflit avec une partie du clergé catholique rwandais après avoir écrit sur les errements de l’institution religieuse durant le génocide. En 2003, il a fondé l’Association des familles d’accueil des orphelins du génocide et d’autres enfants vulnérables. Il a publié plusieurs titres dont Rwanda – L’Église catholique dans le malaise, en 2001, en Italie. Il revient ici sur les derniers événements qui ont marqué la vie des catholiques rwandais : le repentir a minima de la Conférence épiscopale rwandaise en décembre 2016 et la visite de Paul Kagame au Vatican en mars 2017, le pontife ayant alors demandé pardon pour l’Église à cette occasion.
Jeune Afrique : On a assisté et on assiste encore au Rwanda à des « départs » de catholiques vers les églises réformées ou vers l’Islam. Ces choix que font certains Rwandais sont-ils en partie liés aux errements d’une partie du clergé durant le génocide ?
Jean Ndorimana : Les départs d’une Église à une autre ou d’une religion à une autre ont toujours eu lieu. Mais le génocide de 1994 a accentué ce phénomène qui, de manière récente, semble s’être estompé. L’après-génocide aurait pu être un terrain favorable pour une évangélisation en profondeur. Mais à cette période, alors que la communion reste interdite à des chrétiens qui vivent sans mariage religieux – ainsi que le baptême de leurs enfants – aucun religieux impliqué dans le génocide n’est inquiété !
Il se dit que Mgr Giuseppe Bertello a été particulièrement actif pour pousser le Vatican à émettre un pardon. Vous pensez cela vrai ?
Giuseppe Bertello est maintenant un très proche conseiller du Pape. Qu’il ait joué un rôle dans la récente demande de pardon de la part du Pape François, cela n’étonnerait pas ceux qui le connaissent. On sait qu’il a apprécié le Rwanda, qu’il connaît bien. Il a été le premier à être critique envers le régime dictatorial de Juvénal Habyarimana et à rechercher un plan de collaboration avec les partis d’opposition, dont le FPR.
Mais il s’est heurté contre une roche et il a été mal vu par la dictature. Les nonces apostoliques qui l’ont suivi ont joué la carte de l’opposition à la république qui suit le génocide et à ceux qui y ont mis un terme. Ce serait bienvenu qu’il puisse modérer les attitudes de ses successeurs afin qu’ils apprécient à leur valeur les efforts des autorités rwandaises actuelles pour la reconstruction du Rwanda et la réconciliation.
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Posté le 13/09/2017 par rwandaises.com
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