La légende de ce révolutionnaire latino-américain nous est rappelée à l’occasion du 50e anniversaire de son assassinat, commandité par la CIA. Par Oscar Fortin
Quelques années plus tôt, il avait pris congé de Fidel et de la Révolution cubaine pour se rendre en Bolivie, dominée par les oligarchies nationales et internationales. Son projet était de poursuivre en Bolivie ce combat pour la libération de ce peuple, à l’époque, le plus pauvre de l’Amérique du Sud. Ce qui avait été possible pour le peuple cubain devrait l’être également pour le peuple bolivien.
Comment peut-on qualifier ce jeune médecin, de nationalité argentine, qui en arrive à placer au cœur de sa vie ce combat des peuples pour s’affranchir des prédateurs, nationaux et internationaux, qui les transforment en esclaves et qui les enferment dans cette immense prison que sont la pauvreté et la misère humaine sous toutes ses formes. Si les personnes doivent vivre, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les peuples ? Il faut croire que son serment d’Hippocrate l’a conduit à se consacrer également à la vie des peuples.
« Je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité́ dans l’exercice de la Médecine. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté́, sans discrimination. J’interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité́ ou leur dignité́. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité́. »
Nous avons devant nous un médecin qui est profondément interpelé par des millions de personnes, voire des peuples entiers, qui vivent sous des régimes répressifs peu soucieux des conditions de vie des personnes et des peuples sous leur contrôle. Il voit bien que les maladies dont souffrent ces peuples sous des régimes de prédateurs ne peuvent avoir pour remède que leur libération de ces régimes qui ne font que de les contaminer toujours davantage. Le pape François, dans son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium parle ce capitalisme sauvage qui ramène la richesse entre les mains d’une minorité et génère pour la grande majorité que misère et désolation.
Nous sommes évidemment loin de l’image d’un révolutionnaire sans conscience qui prend plaisir à tuer des personnes et à semer le désordre partout où il passe. Ces porteurs de tels messages, à la solde des prédateurs et de l’empire, se retrouvent, bien souvent, comme par hasard, logés dans ces magnifiques villas qui abondent à Miami. Nous avons plutôt devant nous l’image d’un homme qui a consacré sa vie, non pas à la conquête de richesses et d’honneur, mais à combattre les oppresseurs et prédateurs de ces peuples pour que ces derniers reprennent le contrôle de leur vie. Je vous invite à lire cet article sur les 50 vérités du « Che ».
Loin des honneurs et des richesses, Ernesto Che Guevara sera mort en regardant dans les yeux ce jeune militaire bolivien à qui la CIA, via ses supérieurs, avait donné l’ordre de le tuer, faisant fi de toutes les normes internationales relatives aux droits des prisonniers de guerre. Ce jeune militaire a raconté ces derniers moments que vous pouvez lire ici. En voici un bref extrait :
« Une fois que je l’avais à mon flanc, à quelques mètres de mes yeux, j’ai soupiré profondément et j’ai craché au sol, tandis qu’une sueur froide a envahi mon corps. Le Che, me voyant nerveux, les mains accrochées au fusil M-2 et mes jambes en position de tir, m’a sereinement parlé et il m’a dit : « Tire. N’aie pas peur. À peine si tu vas tuer un homme « .
Sa voix, enrouée par le tabac et l’asthme, a résonné dans mes oreilles, en même temps, ses mots m’ont provoqué une rare sensation de haine, de doute et de compassion. Je ne comprenais pas comment un prisonnier, en plus d’attendre avec tranquillité l’heure de sa mort, pouvait calmer les intentions de son assassin. »
Che Guevara appartient à ces hommes d’honneur pour qui la vie des personnes et des peuples ne peut être soumise au venin des prédateurs et des empires. Il fait partie de ceux et celles qui ont donné leur vie tout comme de ceux et celles qui continuent de la donner au quotidien pour que d’autres puissent l’avoir en plénitude. Que les peuples l’aient en admiration et que les prédateurs des peuples l’aient en mésestime nous dit tout de sa véritable mission.
Aujourd’hui, la semence laissée dans le coeur et la conscience du peuple bolivien, a pris racine et son action s’est prolongée à travers l’action révolutionnaire du président Evo Morales faisant de la Bolivie d’aujourd’hui un des pays les plus performants de l’Amérique latine.
Un hommage bien humble pour un si grand homme
Posté le 07/10/2017 par rwandaises.com