Les responsables français seront toujours présumés innocents tant qu’un processus judiciaire n’aura pas établi leur culpabilité. En quel autre lieu voulez-vous que ces autorités françaises aillent « clarifier leur rôle dans le génocide de 1994 contre les tutsi » si ce n’est devant un tribunal ?

Les responsables français n’ont pas à aller « clarifier leur rôle dans le génocide de 1994 contre les tutsi ». Ils doivent à présent être d’urgence inculpés, jugés et condamnés par les autorités judiciaires compétentes.

Ces responsables français n’iront jamais de leur propre chef se trainer devant les tribunaux pour y faire, eux-mêmes leur propre inculpation, parbleu ! A-t-on jamais vu âme qui vive se constituer demandeur et défendeur à la fois devant une cour de justice ? Sauf absurde ou folie, on ne s’accuse pas soi-même devant un tribunal. On le fait dans le grand secret dans un confessionnal devant un prêtre mais pas dans un tribunal devant juges et jurés.

Il faut arrêter tout bavardage creux au sujet des français impliqués dans le génocide contre les tutsi en 1994. Il faut plutôt que des juridictions pénales compétentes soient saisies de cette affaire de responsables français dans le chef desquels existent des allégations si hautement criminelles.

Un Bruguière bis dans l’arène

Madame Louise Mushikiwabo, chef de la diplomatie rwandaise, disait ceci il y a peu : « Le Rwanda est à court de patience avec une affaire sans fin injustifiée et fabriquée par un juge en France, une farce politique déguisée en justice ». C’était en réaction à la dernière en date des simagrées de terrorisme politique que le gouvernement français exerce sur le Rwanda depuis près de trente ans.

Un autre juge français, une sorte de Bruguière Bis, a levé un autre lièvre issu, comme le lieutenant Abdul Ruzibiza, de l’armée du Rwanda post génocide. Notre Bruguière Bis s’en va vite en besogne car il a le toupet de convoquer déjà à Paris le General James Kabarebe, ministre de la défense du Rwanda. Pourquoi ? Pour une nième enquête sur l’assassinat du président Juvénal Habyarimana !

On ne badine pas avec le génocide et autres crimes contre l’humanité. Notons en passant que d’autres autorités françaises ont été traduites en justice pour crimes capitaux. Nous citerons le tristement illustre cas de Maurice Papon. Ce dernier a été rattrapé par son passé sulfureux en 1981. La justice s’est saisie de lui quand il était Ministre chargé du Budget dans le gouvernement de Raymond Barre. A l’époque, Barre était premier ministre, et Valéry Giscard d’Estaing était président de la République en fin de mandat.

Le ministre Maurice Papon reconnu génocidaire 58 ans après
Maurice Papon a été inculpé pour crime de génocide et autres crimes contre l’humanité, commis contre les Juifs quand il était secrétaire général de la préfecture de Gironde, dans les années 1940, quand la France était encore sous la botte de l’Allemagne hitlérienne. Préfet de police à Paris à partir de 1958, il a été impliqué dans la répression sanglante de manifestants du Front national de libération du peuple algérien (FLN), le 17 Octobre 1961. Peu après, le 8 février 1962, Maurice Papon a sauvagement réprimé la manifestation organisée par le Parti communiste français (PCF) pour protester contre les sinistres agissements de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) qui pratiquait un terrorisme affreux contre les indépendantistes algériens.

Le ministre Maurice Papon a donc été mis aux arrêts à la suite d’un article publié par le Canard enchainé entre les deux tours de l’élection présidentielle qui devait porter F. Mitterrand à la magistrature suprême pour son premier mandat présidentiel. Des années de batailles juridiques aboutirent finalement à la condamnation de Papon et à son incarcération, le 2 avril 1998.

Il est impérieux de cesser de bavarder, Dames et Sieurs, au sujet des responsables criminels français, que ce soit dans les salons comme dans les media. Nul n’est censé ignorer la loi. Nul n’est au-dessus de la loi. Les autorités françaises impliquées dans le génocide contre les tutsi doivent d’urgence être inculpées pour subir la rigueur de la loi.

Les autorités politiques et militaires françaises ont fait connivence, au grand jour en 1994, avec les autorités politiques et militaires du gouvernement rwandais génocidaire pour commettre l’innommable au Rwanda, hypothéquant ainsi la vie de la nation rwandaise pour des générations et des générations ! A crime égal, pénalité égale, Mesdames et Messieurs ! Y a-t-il raison qui vaille à nous expliquer pourquoi la justice internationale a inculpé, jugé et condamné les seules autorités politiques et militaires rwandaises impliquées dans la commission du crime de génocide contre les Tutsi ? Pourquoi deux poids, deux mesures ?

Faut-il attendre que ces fameuses autorités françaises se meurent une a une pour qu’on aille enfin se catapulter à la cour pénale internationale pour intenter un procès contre des gens qui se seront joliment endormis dans leur tombe à Paris ou ailleurs ? Non, Messieurs-Dames. Les juges vous riraient au nez et vous diraient qu’ils n’ont pas vertu à ressusciter les morts ; que « les âmes mortes » ne comparaissent pas devant les tribunaux. La plainte sera donc irrecevable du fait d’être nulle et non avenue.

Construire une forte plainte : CPI La Haye pour criminels africains et…français
Par ailleurs, le fait que le Rwanda post génocide ait pris la souveraine décision de ne pas signer les textes statutaires fondateurs du tribunal pénal international (TPI) n’empêche nullement l’inculpation desdites autorités françaises dont on se complait seulement à dresser des listes en certains cercles d’intellectuels politisés peu ou prou, en France, au Rwanda et ailleurs depuis des lustres, sans plus ! L’on se souvient qu’au lendemain dudit génocide, de rarissimes intellectuels français, soucieux de l’honneur de la France et de la dignité humaine, ont dit au grand jour, sans mâcher les mots, que les hautes autorités politiques et militaires de la France venaient de déshonorer la France et le monde humain tout entier en se compromettant lourdement dans « le genocide (contre les Batutsi) rwandais ».

Cette expression guillemetée s’entend encore dans la bouche des uns, autant qu’elle se lit sous la plume des autres en milieux intellectuels non-rwandais. Lesdits intellectuels français ont requis à l’époque que ces autorités françaises soient traduites en justice dans les intérêts bien compris de la France au premier chef, du Rwanda ensuite et du monde humain planétaire enfin.

Ce n’est pas le gouvernement rwandais qui se constituera demandeur dans le cas d’espèce, mais plutôt de ces braves gens du monde de la société civile nationale et internationale qui ont à cœur le souci légitime de faire prévaloir la justice ainsi que la juste intention de défendre et sauver l’honneur et la dignité de l’homme en générique. Il n’est pas question de revendiquer l’honneur et la dignité des seuls rwandais.

Il y aura même des français qui se joindront à la partie demanderesse qui fera inculper les responsables français sur lesquelles pèsent des allégations du crime de génocide, en l’occurrence le génocide contre les Batutsi du Rwanda. Une action conjuguée d’avocats rwandais et leurs confrères internationaux viendrait à bout de cette affaire sans faute, en un temps-trois mouvements.

L’auteur de ce texte est un Consultant en communication, affaires politiques et diplomatiques

Redigé par Déo Ntarugera

http://fr.igihe.com/opinions-reactions/pour-une-inculpation-des-autorites-francaises.html

Posté le 31/10/2017 par rwandaises.com