Qu’est-ce qu’il a d’aussi passionnant ce forum à Dakar parce qu’une réunion de présidents africains, de ministres de la Défense et de chefs d’états-majors, ça ressemble quand même un peu à un conseil d’administration de la « françafrique » ? Par François Clemenceau

Tout le gratin sécuritaire français et africain est de la partie, ce qui est assez normal vus les sujets abordés.

Mais l’énorme intérêt de ce forum c’est que justement, il a été conçu pour dépasser le petit cadre très fermé du pré carré francophone et pour penser les défis de sécurité à l’échelle de tout le continent.

Alors évidement, vous avez ici les présidents des pays de la ligne de front contre le terrorisme comme le Mali, le Niger ou le Tchad.

Mais vous pouvez aussi croiser dans les couloirs Paul Kagame, président du Rwanda, pays anglophone, dont personne ne peut dire que c’est un affidé de la France, loin de là.

Et c’est intéressant parce que comme il vient de la région des Grands lacs, sa vision des risques est beaucoup plus axée sur l’effritement des états d’Afrique centrale ou de de l’Est comme le Congo ou le Soudan, que sur la menace terroriste au Sahel.

Et même sur la question du terrorisme qui reste assez logiquement l’obsession prioritaire des militaires français. Le Forum de Dakar est un des rares endroits où l’on peut entendre le directeur du Conseil national de Sécurité du Nigéria exposer sa stratégie de lutte contre Boko Haram et tenter de la coordonner avec ses voisins francophones et les militaires français.

Didier François est-il surpris par la franchise de ton employés par les intervenants ?

Absolument car les responsables viennent ici pour se dire les choses, c’est assez rare pour être noté, mais l’échange des points de vue est extrêmement franc depuis le premier colloque quand Idriss Deby, le président tchadien, a remercié la France pour son intervention décisive au Mali.

Mais en lui rappelant que si elle n’avait pas joué les apprentis sorciers en Libye, cette campagne militaire au Sahel n’aurait peut-être pas eut lieu d’être.

Vous voyez bien qu’on n’est pas dans la Grand-messe.

Le but du jeu à Dakar, c’est que les responsables français entendent et comprennent l’approche africaine de la sécurité.

Est-elle très différente de l’approche française ?

Pas très mais quand même.

Là où les Français ont tendance à penser en termes d’opérations ou de renseignements par exemple face au terrorisme ou en termes de contrôle des flux et des frontières face au défi migratoire, les Africains vont plutôt mettre l’accent sur l’aide au développement pour faire face à l’explosion démographique. Parce que c’est pour eux un véritable casse-tête qui a pour nous tous des conséquences sécuritaires, mais qui est pour eux un sujet bien plus global et bien plus vital.

DAKAR : Le Forum Annuel sur les Enjeux de la Sécurité en Afrique

Qu’est-ce qu’il a d’aussi passionnant ce forum à Dakar parce qu’une réunion de présidents africains, de ministres de la Défense et de chefs d’états-majors, ça ressemble quand même un peu à un conseil d’administration de la « françafrique » ? Par François Clemenceau

Tout le gratin sécuritaire français et africain est de la partie, ce qui est assez normal vus les sujets abordés.

Mais l’énorme intérêt de ce forum c’est que justement, il a été conçu pour dépasser le petit cadre très fermé du pré carré francophone et pour penser les défis de sécurité à l’échelle de tout le continent.

Alors évidement, vous avez ici les présidents des pays de la ligne de front contre le terrorisme comme le Mali, le Niger ou le Tchad.

Mais vous pouvez aussi croiser dans les couloirs Paul Kagame, président du Rwanda, pays anglophone, dont personne ne peut dire que c’est un affidé de la France, loin de là.

Et c’est intéressant parce que comme il vient de la région des Grands lacs, sa vision des risques est beaucoup plus axée sur l’effritement des états d’Afrique centrale ou de de l’Est comme le Congo ou le Soudan, que sur la menace terroriste au Sahel.

Et même sur la question du terrorisme qui reste assez logiquement l’obsession prioritaire des militaires français. Le Forum de Dakar est un des rares endroits où l’on peut entendre le directeur du Conseil national de Sécurité du Nigéria exposer sa stratégie de lutte contre Boko Haram et tenter de la coordonner avec ses voisins francophones et les militaires français.

Didier François est-il surpris par la franchise de ton employés par les intervenants ?

Absolument car les responsables viennent ici pour se dire les choses, c’est assez rare pour être noté, mais l’échange des points de vue est extrêmement franc depuis le premier colloque quand Idriss Deby, le président tchadien, a remercié la France pour son intervention décisive au Mali.

Mais en lui rappelant que si elle n’avait pas joué les apprentis sorciers en Libye, cette campagne militaire au Sahel n’aurait peut-être pas eut lieu d’être.

Vous voyez bien qu’on n’est pas dans la Grand-messe.

Le but du jeu à Dakar, c’est que les responsables français entendent et comprennent l’approche africaine de la sécurité.

Est-elle très différente de l’approche française ?

Pas très mais quand même.

Là où les Français ont tendance à penser en termes d’opérations ou de renseignements par exemple face au terrorisme ou en termes de contrôle des flux et des frontières face au défi migratoire, les Africains vont plutôt mettre l’accent sur l’aide au développement pour faire face à l’explosion démographique. Parce que c’est pour eux un véritable casse-tête qui a pour nous tous des conséquences sécuritaires, mais qui est pour eux un sujet bien plus global et bien plus vital.

http://www.rwanda-podium.org/index.php/actualites/politique/1986-dakar-le-forum-annuel-sur-les-enjeux-de-la-securite-en-afrique

Posté le 14/11/2017 par rwandanews