L’Union internationale des télécommunications définit une ville intelligente comme «une ville innovante qui utilise les TIC [technologies de l’information et de la communication] et d’autres moyens pour améliorer la qualité de vie, l’efficacité des opérations et des services urbains et la compétitivité. Les Nations Unies ont même mis en place un groupe de travail pour créer un ensemble d’indicateurs clés de performance pour un indice mondial des villes intelligentes et durables.
Les pays africains sont actuellement aux premiers stades de leur processus d’urbanisation. Bien que l’Afrique ait été la région la moins urbanisée du monde en 2015 (seulement 40% de la population de l’Afrique subsaharienne vivait dans les villes), elle est maintenant la deuxième région d’urbanisation la plus rapide au monde (derrière l’Asie). Les experts en matière de population prédisent que d’ici 2020, l’Afrique sera au sommet. Compte tenu de cette croissance rapide, il est temps que les décideurs africains intègrent les villes intelligentes dans leurs stratégies d’urbanisation.
Un rapport publié en 2016 par le cabinet de conseil Deloitte a relevé un ensemble de facteurs qui font des villes africaines des candidats idéaux pour l’adoption de la technologie des villes intelligentes. Par exemple, étant donné que certains pays africains manquent actuellement d’installations de câbles de télécommunication stables, les villes africaines peuvent installer la technologie TIC la plus récente, supprimant ainsi les coûts associés au retrait ou à l’amélioration des infrastructures TIC existantes.
Il est important de noter que l’essor de la population jeune du continent est également un avantage, car les jeunes sont plus susceptibles d’adopter la technologie et, comme le suggère le rapport Deloitte, plus susceptibles d’adopter la technologie des villes intelligentes. En outre, l’importante population jeune de l’Afrique peut être une source d’innovation, comme en témoigne l’émergence de la Silicon Savannah au Kenya et de la vallée du Yabacon à Lagos.
Le Rwanda est l’un des pionniers de l’ingénierie urbaine intelligente en Afrique. Moderniser Kigali s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large du gouvernement rwandais visant à accroître et à simplifier l’accès aux services publics. La plate-forme Irembo lancée par le gouvernement cherche à créer des services de gouvernement électronique pour permettre aux citoyens de compléter les processus publics en ligne, comme l’inscription aux examens de conduite et la demande de certificats de naissance.
En outre, le pays est impliqué dans l’implication du secteur privé dans son objectif de création de villes intelligentes. À la mi-mai, le gouvernement rwandais a lancé un partenariat avec Nokia et SRG afin de déployer la technologie des villes intelligentes pour «améliorer le mode de vie et la durabilité sociale des citoyens rwandais». Le projet prévoit des investissements dans la connectivité, la sécurité, la gestion des déchets, la gestion des services publics et les soins de santé, entre autres fonctions.
Le déploiement de la ville intelligente au Rwanda n’a pas été parfait, prouvant que le développement des villes intelligentes peut avoir quelques difficultés: par exemple, en 2016, la ville a commencé à déployer des bus avec un service Wi-Fi gratuit et un service de paiement sans numéraire, mais a fait face à des difficultés liées à l’incapacité de la technologie coréenne à s’adapter aux conditions locales.
Le Sommet Transform Africa de mai 2017 – qui a créé des initiatives pour intégrer les technologies de l’information et de la communication en tant que déterminant clé du développement socioéconomique en Afrique – a réuni 300 maires africains en plus des chefs d’État et des ministres habituels. Lors du sommet, le gouvernement du Rwanda a dévoilé le Smart Cities Blueprint, un cadre visant à accélérer l’adoption d’initiatives axées sur les TIC dans les villes à travers l’Afrique.
Le plan d’action exhorte les pays africains à anticiper l’expansion urbaine. Le rapport présente 10 étapes pour créer une ville intelligente, dont les plus notables sont la collecte de données, l’identification des défis de développement des villes, la mise en œuvre de projets pilotes et l’évaluation de l’efficacité des projets. En outre, le plan d’action exhorte les pays africains à rechercher des sources de financement non traditionnelles telles que les partenariats public-privé et les obligations intelligentes. Les obligations intelligentes garantissent les rendements une fois qu’un projet est mis en œuvre. Une autre source de financement non traditionnelle est la répartition de l’actionnariat, un processus dans lequel les investisseurs achètent une part dans un projet d’infrastructure au lieu d’une obligation.
Les villes intelligentes – tout en créant des opportunités d’innovation et de meilleures conditions de vie – sont confrontées à des défis pendant et après leur développement. Les urbanistes et les décideurs politiques doivent garder à l’esprit la situation dans son ensemble lorsqu’il s’agit de promouvoir les villes intelligentes, en mettant l’accent sur les infrastructures bien mises en œuvre et les besoins des citoyens. La technologie au service de la technologie ne créera pas de solutions à certains des plus grands défis des villes africaines, y compris des services coûteux, de mauvaise qualité et inaccessibles.
En effet, dans un document de travail de 2015, ONU-Habitat exhorte les urbanistes à éviter de considérer les villes intelligentes comme le produit final. En particulier, ONU-Habitat demande que les villes intelligentes minimisent les besoins de transport, réduisent les coûts de prestation de services et maximisent l’utilisation des terres. Ces changements, entre autres, permettront à la ville de réduire la congestion, de créer des espaces dédiés aux activités récréatives, d’améliorer la prestation des services et, ainsi, d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens.
Initiatives de villes intelligentes en Afrique : Le cas du Rwanda
Posté le 11/11/2017 par rwandaises.com