Un visiteur, sortant récemment de l’austère bureau de Paul Kagame à Kigali, ne cachait pas ses sentiments : « il prend très au sérieux son rôle à la tête du « comité des réformes » de l’Union africaine et sur sa table de travail, il a déployé des plans d’action par secteurs, aussi précis que des plans d’état major… »Elu pour six mois à la tête de l’organisation continentale, Paul Kagame lui imprimera certainement sa marque. Ce sera celle d’un panafricaniste convaincu, qui fit ses premières armes en Tanzanie où il rencontra les leaders des luttes de libération d’Afrique australe. Ce sera celle d’un pragmatique, désireux de faire sortir son pays de la pauvreté, à marches forcées s’il le faut. Avec les Européens s’ils le souhaitent, mais aussi avec les Chinois, les Indiens, si cela permet d’aller plus vite. Sa marque sera aussi celle d’un homme à l’allure austère, mais à la réputation de star, habitué des sommets de Davos et interlocuteur de la haute finance internationale.
Entré sur la scène comme chef de guerre et stratège redouté, Paul Kagame, travaillant le jour, étudiant la nuit, a non seulement reconstruit un Rwanda détruit par le génocide, mais il s’est imposé par le rétablissement de la sécurité, par les succès enregistrés sur le plan économique dans un pays quelquefois appelé « Rwanda Inc… »
Assisté par un staff venu de Kigali, réussira-t-il à imprimer une rigueur identique à l’organisation panafricaine ? Il devra, en quelques mois, secouer bien des habitudes de dépendance, répondre à bien des défis et des susceptibilités… Car malgré son efficacité, son approche autoritaire ne fait pas l’unanimité et son maintien au pouvoir, légitimé par un referendum constitutionnel et des élections sur mesure, est difficile à présenter en exemple dans une organisation qui a fait de la démocratie l’un de ses maîtres mots.
Sauf que cet homme à l’allure austère séduit de plus en plus les jeunes générations du continent. Internet oblige : nul n’ignore le fait qu’il parle d’avenir et parie sur les nouvelles technologies, tous citent en exemple sa lutte contre la corruption et le comparent avec leurs propres dirigeants…

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Posté le 31/01/18 par rwandaises.com