Clockwise: Natacha Abingeneye, Ruhumuza Mbonyumutwa, Liliane Bahufite et Placide Kayumba.

Le Parlement fédéral Belge va inviter un groupe de néo-nazis afin d’entendre leurs présentations, en prévision d’un débat parlementaire sur un projet de loi visant à ériger le déni de génocide en infraction pénale. Bien sûr, aucune invitation de ce type n’a été émise par le Parlement belge, mais vu dans un contexte rwandais, ce que le Parlement est en train de faire, est un peu cela.

Le 29 septembre 2017, un groupe s’appelant « Jambo ASBL », une organisation à but non lucratif basée à Bruxelles, a envoyé une lettre avec un dossier au Parlement fédéral belge. Le dossier intitulé «Observations sur le projet de loi contre le déni, la minimisation, la justification ou l’approbation du Génocide commis au Rwanda en 1994», exprimait les préoccupations du groupe au sujet du projet de loi et demandait que leurs préoccupations soient entendues. Le Parlement était dûment obligé, et la date est fixée au 1er mars 2018.

Comme l’a proposé Gilles Foret, le projet de loi vise à «réprimer le déni, la minimisation, la justification ou l’approbation du Génocide commis contre les Tutsis en 1994». L’une des objections du groupe est que criminaliser le déni de Génocide prive l’accusé d’une ligne de défense. C’est une ligne d’attaque étonnante et audacieusement insidieuse, que le déni de Génocide ne devrait pas être criminalisé, parce que, selon eux, c’est une ligne de défense valide pour les personnes accusées du crime.

Un regard plus attentif sur les individus derrière Jambo ASBL, et il devient clair pourquoi, pour eux, interdire le déni du Génocide serait un coup aussi dur, que permettre le maintien du statu quo serait aux survivants du Génocide, et à quiconque pour qui « Jamais Encore » ne serait plus que de simples mots.

C’est une organisation qui a été fondée et dirigée par les descendants des planificateurs et des auteurs du Génocide contre les Tutsis. Et c’est la réalisation d’un plan conçu dans les jungles de ce qui était alors le Zaïre, aujourd’hui la République Démocratique du Congo (RDC) par l’establishment génocidaire en fuite.

Dès leur arrivée en RDC, en 1994, ils planifiaient déjà comment convaincre le monde que le Génocide qu’ils avaient minutieusement planifié et exécuté était un conflit spontané entre deux groupes opposés.

Une commission militaire chargée d’apprendre «les causes de notre défaite» a été créée par l’ancien chef de l’armée rwandaise, le Général Augustin Bizimungu, aujourd’hui emprisonné pour crimes de Génocide, après sa condamnation par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). L’une des recommandations de la commission a été la création d’un nouveau groupe, le « Rassemblement pour le Retour des Réfugiés et la Démocratie » (RDR).

Ses membres étaient composés des éléments les plus extrémistes de l’ancien parti au pouvoir, le « Mouvement National Républicain pour la Démocratie et le Développement » (MRND), et d’un autre groupe extrémiste, la « Coalition pour la Défense de la République » (CDR). Le nouveau groupe serait composé des vrais croyants dans la politique de la soi-disant politique Hutu-Power, et serait à l’aise dans chaque faction Hutu-Power.

En plus de l’organisation militaire, la commission a identifié la victoire de la guerre de propagande, en particulier l’acquisition du soutien de la communauté internationale, comme un élément essentiel dans leur riposte.

Pour gagner ce soutien, une stratégie qui se poursuit à ce jour a été imaginée : garder à l’arrière-plan les personnalités connues de l’establishment génocidaire et promouvoir les soutiens et les sympathisants qui n’étaient pas directement impliqués dans le Génocide, en particulier les jeunes.

Ceux qui vivaient ou étaient à l’étranger au moment du Génocide devaient être particulièrement prisés. Ce serait le « RDR » qui mènerait ces efforts. Le « RDR » a rapidement identifié Victoire Ingabire comme l’un de ses plus grands atouts. Engagée dans la cause et résidant aux Pays-Bas au milieu des années 90, elle pouvait se distancier de la participation directe aux crimes commis au Rwanda.

Maintenant leader du parti « FDU-Inkingi », Victoire Ingabire a été nommée l’une des premières dirigeantes du « RDR ». Elle purge actuellement quinze ans de prison au Rwanda, pour des crimes qui comprennent la conspiration avec des groupes proscrits pour renverser l’Etat rwandais. Une autre recommandation de la commission était d’encourager les journalistes sympathisants à avoir accès aux médias influents, à rester en contact avec eux et, à travers eux, à envoyer des messages au monde entier.

C’est dans ce contexte que Jambo ASBL peut être compris. La personne qui a fait confiance à la création et à la direction du « RDR », suite à la soumission de la commission de Bizimungu, était Juvénal Bahufite. Bahufite avait été lieutenant-colonel dans l’armée rwandaise défaite. Il était très considéré et digne de confiance. En tant que commandant de secteur à Gisenyi, il était, par exemple, particulièrement influent dans la formation des milices Interahamwe. À son arrivée en RDC, il a été nommé chef des renseignements militaires pour les forces génocidaires

Sa fille, Lilian Bahufite, est l’un des leaders de « Jambo ASBL ». Elle n’est pas la seule à promouvoir la cause de son père. Tout le personnel de l’organisation se lit comme un who’s who des fils et des filles de l’establishment génocidaire rwandais. La présidente actuelle, Natacha Abingeneye, est la fille de Juvénal Uwiringiyimana. Un ministre du gouvernement de Habyarimana, Uwiringiyimana était l’un des créateurs de la milice Interahamwe. Il a été assassiné à Bruxelles, selon ses anciens collègues, parce qu’il était sur le point de conclure un accord de plaidoyer avec le « Tribunal Pénal International pour le Rwanda » (TPIR).

L’ancien président de l’organisation, Placide Kayumba, est le fils de Dominique Ntawukuriryayo. Il a été condamné à vingt-cinq ans de prison par le TPIR. En tant que sous-préfet de Gisagara dans la préfecture de Butare, il était directement responsable du meurtre de trente mille hommes, femmes et enfants.

Robert Mugabowindekwe est le fils d’Ephrem Rwabarinda, un colonel de l’armée de Habyarimana. L’épouse de Robert Mugabowindekwe, Kami Runyinya, est la fille du professeur Runyinya Barabwiriza, conseiller spécial de Habyarimana. Il était également président du MRND dans la préfecture de Butare. Parmi ses responsabilités était la supervision de la formation de la milice Interahamwe dans cette préfecture.

Ruhumuza Mbonyumutwa est l’un des membres fondateurs de Jambo ASBL. Son grand-père, Dominique Mbonyumutwa, a été nommé par les colonialistes belges comme Président par intérim du Rwanda pendant dix mois à partir de 1961. Dans cette courte période, il se distingua en planifiant et en provoquant les premiers massacres de Tutsi en 1959-1960. Son fils, le père de Ruhumuza, Shingiro Mbonyumutwa, était le Directeur du cabinet de Jean Kambanda, le Premier Ministre du gouvernement génocidaire. Jean Kambanda a été condamné par le TPIR à la réclusion à perpétuité.

Le groupe entretient des liens étroits avec d’autres personnes de même sensibilité. Le frère de Ruhumuza, Patrice, est Vice-président de la branche belge des « FDU-Inkingi » de Victoire Ingabire. Jambo Asbl se présente comme une «Association des Droits de l’Homme», dont les objectifs incluent de «mener à bien des projets visant la Paix, le Dialogue et la Justice». En réalité, c’est un Cheval de Troie pour les objectifs du « RDR ». Les activités de Jambo Asbl incluent une chaîne YouTube, « Jambonews », qui sont toutes des plates-formes révisionnistes pour leurs parents, qui faisaient partie de la machine génocidaire qui, au dernier compte, a emporté 1.074.017 vies de Tutsis.

Ces activités sont perspicaces, si elles sont camouflées de manière transparente en tant que «association des Droits de l’Homme». Dans leur lettre au Parlement belge, ils ont inscrit sur leur liste d’orateurs Madame Louise Mushikiwabo la Ministre rwandaise des Affaires étrangères, sachant très bien que cela leur donnerait une place la plus large possible. Son inclusion était une ruse pour tromper les parlementaires que « Jambo Asbl » incluait toute l’opinion rwandaise.

L’ironie presque tragique de Jambo Asbl est que, alors qu’au Rwanda, le Gouvernement a travaillé assidûment pour protéger les enfants des auteurs du Génocide des sentiments et de la stigmatisation de culpabilité héritée, ce sont les parents, coupables des crimes les plus graves du Génocide, qui inlassablement travaillent maintenant à inculquer leurs propres enfants dans les crimes les plus graves, commis avant que la plupart d’entre eux étaient à peine entrés dans leurs années de formation.

La Belgique a été le premier pays à rechercher sans équivoque le pardon du peuple rwandais pour le rôle de son Gouvernement dans le Génocide contre les Tutsis. Dans son discours lors de sa visite au Rwanda en septembre 2000, le Premier Ministre Guy Verhofstadt a déclaré : «Au nom de mon pays, je m’incline devant les victimes du Génocide. Au nom de mon pays, au nom de mon peuple, je demande pardon « .

Quelle ironie que ce soient des Rwandais, bien que naturalisés belges, qui cherchent à contredire ces mots émouvants, dans leur opposition à la loi contre le déni du génocide.

Pourquoi les belgo-rwandais se présentent devant le Parlement belge pour défendre les crimes de leurs pères

Posté le 22/02/2018 par rwandaises.com