Pas grand-chose en vérité !
Le président Kagame a eu à montrer son ouverture vis à vis de cette France officielle qui demeure gaulliste jusque dans sa moelle épinière, hélas ! Cette république française dont on dit par trop facilement, en cercles de journalistes de Paris, qu’elle est monarchiste, Paul Kagame devrait continuer à la regarder comme on regarde un hanneton qui se meut difficilement et mal. Du temps de sa jeunesse des années 1994-2000, Paul Kagame n’allait pas se laisser aller à ce guet-apens évident que lui tend son très jeune ami français !
par Ntarugera Deo Koya, analyste politique et diplomatique ; ntarugera@yahoo.fr
Ce voyage ne devrait pas se faire, je dois dire sans craindre abuser. Que Monsieur le président Kagame y réfléchisse à deux fois. Même l’offre d’offrir le secrétariat général de l’OIF à Dame Louise Mushikiwabo, il faudrait dire gentiment « Non ».
Emmanuel Macron joue les pompiers pyromanes en Afrique. Qu’on ne s’y trompe pas ! Les manœuvres françaises de soi-disant pacification au Congo Kinshasa avec la MONUSCO pilotée par les officiers français depuis 1999, au Mali et dans tous les Etats sahéliens, en Centrafrique et au Tchad, ne sont-elles pas un signe évident présageant la destruction des institutions étatiques de l’Afrique en vue de la reprise en main des économies africaines ?
Quand le président Trump parlait publiquement du devoir de recoloniser l’Afrique, il n’avait pas du tout l’air de blaguer. Apres la destruction de la Libye par la coalition politique et militaire de l’Occident avec la France en tête, et le pillage des hydrocarbures libyens, cela ne fait plus l’ombre d’un doute que l’Amérique et les nations d’Europe tiennent mordicus à créer le chaos en Afrique pour s’y ressourcer librement, c’est-à-dire sans même prendre le minimum de responsabilités du genre de celle de l’époque coloniale.
Les dirigeants des nations européennes et l’Amérique sont encore effrayés par le spectre de la pauvreté, la misère et la faim qui a refait surface en Occident depuis la crise financière enclenchée par la faillite d’ENRON en 2007. La crise financière a vite été suivie en 2008 d’une dépression économique dépassant celle de 1929. Il se passe en effet que, en Amérique comme en Europe, on assiste à un appauvrissement sans précédent, depuis 1945, des populations qui ont vu leurs économies s’effriter à longueur d’années sans que les pouvoir publics puissent y apporter des solutions tangibles. Des dizaines de milliers de travailleurs ont perdu leur emploi en masse et de braves gens se sont retrouvés en devoir de se rabattre au suicide en grand nombre.
La crise financière et la dépression économique ont achevé de convaincre les dirigeants américains et européens qu’ils doivent désormais tout faire dans leur course au ressourcement vital de leurs économies. La vieille loi de la jungle s’est fermement installée dans le monde globalisé. Il n’est plus question du respect du droit international dans la conduite des affaires internationales. Le gangstérisme épaule la diplomatie.
A l’est du Congo, la MONUSCO arme les FDLR et 50 groupes de bandits en fusils, en munitions pour créer le chaos au Congo, alors que cette mission onusienne est officiellement chargée du maintien de la paix (quelle paix ?) et la stabilisation dudit Congo ! Et l’ONU préside aux pourparlers de paix entre le Gouvernement congolais et la Rébellion du M23 à Kampala pendant une année entière, l’année 2013 ; au moment où lesdits pourparlers touchent à leur fin, l’ONU prend le parti de livrer une guerre sans merci à la rébellion du m23 qui jouit de la reconnaissance internationale ! Une première depuis la création de l’Organisation des nations unies en Octobre 1945. Voilà un bel exemple tout récent de gangstérisme venant à la rescousse de la diplomatie.
Macron ne cache pas l’attachement tout filial qu’il a pour Charles de Gaulle dont on sait qu’il avait quitté définitivement l’arène politique pour se terrer dans son village, Colombey-les deux Eglises, pour y rédiger ses mémoires de libérateur de la France. Soudain, en 1958, par un coup de dé inattendu, il a été intronisé de force en 1958 par le président américain Eisenhower.
L’on se souvient des allées et venues de l’Ambassadeur Dulles qui avait mission de s’assurer que l’exécution rapide et musclée de la décolonisation des colonies africaines, que venait d’ordonner Eisenhower pour déjouer le communisme soviétique, était conduite par un homme de poigne en lieu et place des démocrates français de la IVème République, lesquels ignoraient tout de la nouvelle donne de la mortelle confrontation entre les vainqueurs d’Adolphe Hitler : les Etats-Unis et l’Union soviétique.
Apres la cuisante défaite de la France, puissance coloniale, à Dien Bien Phu en 1954 au Vietnam (colonie française depuis 1830), par les rebelles du général Giap assistés par l’armée soviétique, Eisenhower a vite compris que le communisme allait envahir toute l’Afrique colonisée. Il allait y avoir cent autres Vietnam en cette Afrique encore colonisée et l’armée américaine n’allait pas résister seule aux pugnaces assauts militaires de l’Union soviétique. Il fallait donc décoloniser en catastrophe pour parer à l’irruption des guérilleros communistes dans les jungles africaines. C’est ainsi que sur impulsion américaine, les indépendances contrefaites sont tombées sur le continent africain comme une pluie torrentielle.
Eisenhower jeta ainsi son dévolu sur le général Charles de Gaulle, son frère d’armes pendant la seconde guerre mondiale, pour exécuter une décolonisation expresse et bidon de manière à contrer le communisme.
Le voyage du président Kagame à Paris n’augure rien de bon, assurément ! Nous avons le sulfureux dossier franco-rwandais en main depuis près de trente ans, et nous suivons la politique africaine de la France à la loupe, ainsi que la diplomatie française en Afrique interlacustre, depuis cinquante ans. Tout individu, fût-il le tout jeune et sympa Emmanuel Macron (surgissant de nulle part et, en homo novus, faisant mine de balayer la saleté politique des vieux clivages de gauche et de droite), qui enfilera la livrée présidentielle en France, ne changera rien qui vaille dans la conduite des affaires franco-africaines tant que la mortifère Constitution de la Vème République de 1958 demeure en vigueur.
Rappelons que cette Constitution américano-gaullienne a été rédigée d’arrachepied par un groupe d’officiers militaires recrutés exprès à la va-vite pour être ensuite adoptée sans referendum.
Macron est lié par cette constitution qui écrase les Français autant qu’elle écrase les africains. La question des responsabilités génocidaires françaises et leurs séides rwandais s’arrangera juridiquement, judiciairement. C’est tou
http://fr.igihe.com/opinions-reactions/rien-a-attendre-du-voyage-et-de-la-rencontre-du.html
Posté le 25/05/2018 par rwandaises.com