L’amiral Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major des armées sous François Mitterrand, récuse toute erreur liée à l’opération « Turquoise » pendant le génocide contre les [Ba] Tutsi au Rwanda.
Ancien chef d’état-major au moment du génocide contre les [Ba]Tutsi au Rwanda, en 1994, l’amiral Lanxade a été chargé de mettre en œuvre l’opération militaro-humanitaire « Turquoise », sur laquelle pèsent plusieurs procédures judiciaires. Alors que le président Macron doit recevoir, mercredi 23 mai à Paris, son homologue rwandais Paul Kagamé, Jacques Lanxade plaide pour l’ouverture des archives militaires, pour en finir avec les polémiques.
Comment qualifieriez-vous votre relation avec François Mitterrand ?
Extrêmement professionnelle, avec une grande confiance mutuelle. Je disposais d’une marge de manœuvre importante, car le président Mitterrand ne donnait jamais de directive précise. Il considérait que vous deviez savoir ce que vous aviez à faire. Il n’intervenait pas, il vous faisait comprendre que vous étiez chargé d’agir. A mon époque, à l’Elysée, son fils [Jean-Christophe Mitterrand] dirigeait la cellule africaine. Mais, dès qu’il se passait quelque chose de sérieux en Afrique, il y avait une sorte de message du président, et nous devions comprendre que l’affaire passait de la cellule africaine à l’état-major particulier. C’est ce dernier qui réglait les crises africaines. Après, les choses ont changé.
C’est-à-dire ?
Jusqu’à la guerre du Golfe [1990-1991], le chef d’état-major des armées (CEMA) était peu présent dans la gestion des crises. Il ne voyait presque jamais le président. Quand j’ai quitté l’Elysée pour prendre la tête des armées, la donne a changé. Le CEMA est devenu le seul responsable opérationnel militaire. En 1992, nous avons ensuite institutionnalisé les conseils de défense restreints. Donc, ce qui relevait auparavant du domaine réservé du président devenait un domaine partagé avec le gouvernement.
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