Mme Claudia Roethlisberger, Economiste de la CNUCED, présentant à Kigali le Rapport 2018 sur la Migration
Kigali: Les migrants internationaux vivant au Rwanda ont contribué pour 13 % au PIB de ce pays en 2012, selon le Rapport 2018 de la CNUCED sur le développement économique en Afrique: Les migrations au service de la transformation structurelle, publié aujourd’hui, a établi ARI.
«La contribution des migrants internationaux au PIB a été mesurée à 19 % en Côte d’Ivoire (2008), 13 % au Rwanda (2012), 9 % en Afrique du Sud (2011) et 1 % au Ghana (2010)», indique ce Rapport qui précise qu’au-delà des chiffres, l’analyse économique permet de voir la contribution nette des migrations en Afrique.
Toujours selon ce rapport, les envois de fonds vers l’Afrique ont augmenté en moyenne de $US 38,4 milliards (2005-2007) à $US 64,9 milliards (2014-2016). Ces apports ont représenté 51 % des flux de capitaux privés vers l’Afrique en 2016, contre 42 % en 2010. Les migrations intracontinentales et les migrations extracontinentales sont donc une double nécessité pour soutenir la transformation structurelle de l’Afrique. Les mouvements de population intra-africains jouent un rôle croissant dans le développement, selon toujours ce rapport de l’ONU
Pour le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, « Les mouvements de population hors des frontières offrent souvent aux individus la possibilité d’une vie meilleure, et présentent des avantages sociaux et économiques pour les pays d’origine comme pour les pays de destination, ainsi que pour les générations futures. Notre analyse montre la réalité de ce constat pour des millions de migrants africains et membres de leur famille».
« Pourtant, une bonne partie du discours public, particulièrement en ce qui concerne les migrations internationales africaines, est pleine d’idées fausses qui alimentent une représentation conflictuelle, trompeuse et nuisible de la réalité », a-t-il poursuivi.
Historiquement et encore aujourd’hui, la plupart des migrants africains se déplacent à l’intérieur du continent : en 2017, 19 millions de migrants internationaux se sont déplacés en Afrique et 17 millions d’Africains ont quitté le continent − mais l’écart se réduit. L’Afrique est aussi une destination migratoire pour 5,5 millions de personnes venues de l’extérieur du continent.
Le rapport raconte l’histoire de Mamadou et de Ramatoulaye (Sénégal) et d’Afwerki (Éthiopie). Bien qu’il s’agisse de personnages fictifs représentant deux types différents de migrants, les qualifiés et les peu qualifiés, leurs parcours illustrent les avantages (et les écueils) que comporte la migration intra-africaine pour le commerce et le développement du continent.
En 2017, les cinq principales destinations des migrations intra-africaines (par pays d’accueil et par ordre décroissant) étaient l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Ouganda, le Nigeria, l’Ethiopie (tous pays ayant accueilli plus de 1 millions de migrants), indique le rapport.
Le rapport met en évidence « la corrélation intime qui existe entre les deux faces d’une même pièce, à savoir : les migrations et le commerce », a indiqué Junior Roy Davis, de la CNUCED, un des principaux auteurs du rapport.
«L’Afrique est à l’orée de profonds changements », a-t-il estimé. « Le 21 mars 2018, 44 pays africains ont signé la création de la Zone continentale africaine de libre échange et 30 d’entre eux en ont signé le Protocole sur la libre circulation des personnes ».
«Ces étapes décisives font suite au lancement du marché unique du transport aérien africain en janvier 2018 », a-t-il ajouté. «Dans ce contexte, le rapport contribue à mieux faire comprendre les incidences des migrations intra-africaines sur la transformation socioéconomique du continent».
On mentionnera parmi les autres constatations du rapport que : L’âge moyen des migrants internationaux africains était en 2017 de 31 ans, soit l’âge médian le plus faible au monde ; En 2017, les femmes migrantes représentaient près de la moitié de l’ensemble des migrants internationaux en Afrique (47 %). Le nombre absolu de migrantes internationales est passé de 6,9 millions en 2000 à 11,6 millions en 2017 ; C’est l’Afrique qui accueille le plus grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’échelle mondiale.
L’analyse que le rapport fait du rôle des migrations intra-africaines dans le processus de développement de l’Afrique devrait en faire un document de référence en vue de définir la position de l’Afrique dans le cadre du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui doit être adopté à Marrakech en Décembre 2018. (Fin)
http://www.rnanews.com/economy/14914-2018-06-01-19-16-23
Posté le 03/06/2018 par rwandaises.com