En ce Mercredi 04 Juillet, le jour de libération, le Rwanda célèbre la fin d’une guerre, du génocide perpétré contre les [Ba]Tutsi et d’un régime dictatorial. En effet, cette date marque la fin de la période la plus sombre de l’histoire du Rwanda. On parle de période sombre, car une partie de la population était opprimée, forcée de s’exiler, parquée dans des ghettos, humiliée et tuée sans aucune conséquence pour les auteurs des tueries. Pire, les instances étatiques qui dirigeaient le Rwanda avant le 04/07/1994 encourageaient les assassinats des [Ba]Tutsi, la planification du génocide et ont mis tout en œuvre pour les faire disparaître.
L’objet de mon article ne sera pas une plongée dans cette abîme de notre histoire, mais l’éloge de l’excellence qui a succédé à cette barbarie. Après la fin du génocide contre les [Ba]Tutsi et la fin de la guerre, beaucoup d’observateurs croyaient que le nouvel État Rwandais serait voué à l’échec, lui prédisant une mauvaise gouvernance, une insécurité permanente ainsi que l’ensemble des fléaux d’incompétence et de nullité qui devrait caractériser le Rwanda durant plusieurs décennies.
Sur le plan économique
Vingt-quatre ans après, nous nous devons de reconnaître que tous ces observateurs pessimistes avaient tord. Actuellement, la plupart d’entre eux s’émerveillent devant un pays, qui jadis était ruiné et confronté au défi d’une réconciliation entre [Ba]Hutu et [Ba]Tutsi, que certaines mauvaises langues prétendaient impossible. Aujourd’hui, cette réconciliation a non seulement eu lieu, mais le Rwanda a aussi et surtout connu une des plus fortes croissances du continent, à savoir une croissance de 7.9 % par an en moyenne, entre 2000 et 2015, d’après la Banque Africaine de Développement. Les statistiques officielles indiquent que la proportion de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour est tombée de 57 % en 2005 à 39 % en 2014. Plus récemment, l’édition 2018 du classement “Doing Business” établi par la Banque Mondiale classe le Rwanda en deuxième place des pays africains offrant une bonne qualité de l’environnement des affaires à travers le continent. Ces progrès indéniables ont mis le Rwanda au même niveau que certaines économies bien établies dans le monde. À ce sujet, certains experts prédisent que le minuscule État d’Afrique de l’Est qu’est le Rwanda sera bientôt une force à prendre en compte à l’échelle mondiale.
Paul Kagamé ou l’incarnation de la sagacité
L’actuel président du Rwanda est l’homme qui a combattu l’extermination des [Ba]Tutsi mis en place par le régime extrémiste Hutu. Il a chéri et concrétisé un idéal de démocratie et de société libre, où tous les rwandais vivent ensemble en harmonie et avec des opportunités identiques. Il est l’homme qui a dirigé une armée ayant mis fin au dernier génocide qu’a connu l’humanité. En ce jour de libération, il est indispensable de rendre hommage au héros universel qu’il est pour l’humanité. Paul Kagamé est un héros, car il fut le premier à être ambitieux pour le Rwanda et les Rwandais, dans un univers où il était inconcevable de l’être à l’égard de notre pays. Il le fut avant tous les autres et est toujours porté par une ambition inébranlable, pour son pays et son continent, ainsi qu’ une conviction profonde qu’il transmet à l’ensemble de la population.
Chez Paul Kagamé, la dimension du pardon dépasse largement la notion de vengeance, car cette notion de pardon ne s’applique pas à l’individu, mais à une nation meurtrie par un génocide et une guerre. Sa grande force est d’avoir réinventé une idéologie et d’avoir réussi à la mettre en œuvre juridiquement et logistiquement, à travers les procès de Gacaca. Il a remis au goût du jour la notion de pardon en implémentant la philosophie du Gacaca. Ce processus de réconciliation a mis l’accent sur la réhabilitation de l’identité rwandaise tout en rétablissant l’équilibre de la justice dans un climat de vérité, de paix et de sécurité.
La question de l’acte héroïque militaire par une révolution africaine : quelle représentation de l’acte héroïque guerrier ?
Le fait de dépeindre le président Paul Kagamé en héros universel nous pousse à nous poser la question de l’absence d’une tradition de la représentation de l’héroïsme militaire en Afrique. En d’autres termes, l’armée patriotique rwandaise a stoppé un génocide au même titre que les résistants, alors pourquoi leur bravoure ne serait-elle pas mise en avant ?
Eut égard de la vie des membres de l’Armée Patriotique Rwandaise, qui pour la plupart sont nés sous le régime Kayibanda ou Habyarimana qui les opprimaient, ils devaient se cacher au sein de leur propre pays ou l’abandonner pour ne pas être tué. Autant dire que la plupart d’entre eux ont vécu une enfance sans parents et n’ayant que très peu de chance de réussite dans la vie. L’héroïsme peut s’accomplir de bien des façons, mais force est de constater que l’héroïsme des africains n’est mise en lumière que lorsqu’ils sauvent des occidentaux. En effet, les membres de l’APR et/ou du FPR ne sont pas reconnus comme de véritables héros universels, comme le sont les militaires africains qui ont procédé à la libération de l’Europe et à la fin du génocide contre les juifs. Il est donc de notre devoir de nous approprier nos héros et de les célébrer comme il se doit en ce jour de libération du Rwanda. Beaucoup d’africains se sont offusqués lorsque le président Sarkozy a déclaré que “l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire”. Or, nous africains, sommes les premiers à questionner et mettre en cause la crédibilité de nos héros. Beaucoup d’entre nous admire SANKARA, LUMUMBA, MANDELA et Kwame NKRUMAH. L’évocation de cette liste doit nous pousser à nous poser deux questions : faut-il être mort pour être reconnu comme héros en Afrique ? Qu’est ce que ces personnages ont accomplit que Paul Kagamé n’a pas accomplit, voir surpassé ?
En conclusion, en ce jour de libération du Rwanda et de la fin du génocide contre les [Ba]Tutsi, nous devons nous rappeler que cette libération n’aurait jamais été possible sans le courage d’une armée patriotique rwandaise héroïque.
Redigé par Magorane Honoré