Le 21ème siècle tranchera certes la palabre au sujet de qui d’entre les nations modernes du Nord et du Sud survivra la somme de multiples irresponsabilités politiques, la déliquescence générale du droit international devenu rachitique aujourd’hui, au politique et au diplomatique de manière à rendre les opérations politiques et diplomatiques internationales fortement aberrantes et inopérantes.

Que l’Afrique ait un avenir dont devraient se réjouir par avance les Africains se tenant encore sur leurs pattes aujourd’hui ; que cet avenir s’inscrive dans les prochaines décennies de ce siècle 21eme bien sanglant et légèrement moins sauvage en son début que le 20eme,

Il existe de bonnes raisons pour y croire comme il en existe autant pour en douter. Les hommes et les femmes de peu de foi de ce qui était la république Centrafricaine, le Mali, le Congo, la Libye et alia vous diront que l’avenir de l’Afrique est sombre a souhait et qu’il s’assombrit chaque jour davantage. Tout ce beau monde famélique ne veut même pas entendre parler de l’avenir. Seul l’instant présent compte. L’instant suivant qui s’inscrit dans un futur inchoatif, on ne veut pas en entendre parler : c’est un luxe que l’on ne sait pas se payer. Un certain nombre de Rwandais vivant en ville vous disent que l’avenir de leur pays est bon, radieux ; il y en a qui qui vont même jusqu’à verser dans l’hyperbole pour vous dire que l’avenir du Rgwanda est mirifique. Les paysans rwandais, eux, qui non sans cause réservent force admiration à leur désormais illustre président Kagame, ne s’emballent pas dans les conjectures d’avenir ou autres ; ce n’est pas leur affaire a eux, qui doivent couler tout leur cerveau dans la quête éperdue d’un quotidien bien ardu sur les fabuleuses mille collines et leurs flancs.

Les uns et les autres de ces Rwandais ont leur raisons d’avoir beaucoup ou peu de foi dans l’avenir de leur pays, mais presque tous s’accordent pour dire que seul la personne individuelle de Paul Kagame est garante de de la survie de leur pays, leur sécurité et leur paix, leur existence dans une économie dont on dira qu’elle est passable sur l’échiquier continental africain nonobstant les multiples aléas auxquels elle est assujettie. C’est surtout l’absence d’une agriculture soutenue qui rend les économies africaines généralement vulnérables. Le Rwanda se porte cependant mieux que la généralité de ses compères africains. Ce n’est donc pas pour rien que le Président Kagame ne cesse d’accumuler ses lauriers.

L’Afrique demeurera sans avenir en réalité tant qu’il n’y aura pas par ci par là de projets conséquents dans les domaines de l’agriculture, la foresterie, la pêche et l’élevage.

Le principal dans tout cela, c’est évidemment le facteur humain qui est encore à mille lieues de son émancipation culturelle, morale, civique et politique. Tous les africains sans exception arborent « le portrait du colonisé ». Ils ont perdu l’initiative historique depuis les sombres heures de la colonisation qui est deux fois centenaire aujourd’hui. En Afrique de l’Ouest, tous, je dis bien tous, s’accordent pour dire que leur pays ne saurait exister en dehors de l’orbite français. Léopold Serdâr Senghor, dont on absorbe la doctrine comme on absorbe le lait de sa mère et les ignames, affirmait avec vigueur en 1955 que les colonies françaises d’Afrique ne sauraient en aucun cas se sevrer de la métropole française ; que « réclamer l’indépendance, c’était réfléchir les pieds en l’air et la tête en bas ». Je cite de mémoire les mots que ce premier nègre immortel (les membres de l’académie française se disent « des immortels ») a consignés dans un de ses mille essais dont le titre importe bien peu sous ce rapport.

Mais au-delà de la question de l’avenir de l’Afrique, il faudrait aussi se préoccuper de l’avenir de l’Europe, de l’Amérique, … Les Américains sont aujourd’hui nombreux à douter de la réalité de leur république presque trois fois centenaire. On se suicide en grand nombre en Grèce comme en France comme aux Etats Unis depuis 2007/2008. Bien entendu, ces suicides ne viennent pas au grand jour pour alimenter la presse. L’œil de la camera n’y est pas autorisé. Le journaliste n’y accède pas. Les seuls suicides qui ont fait la pâture de la presse internationale depuis dix ans, ce sont les pauvres grecs qui ont tout perdu de leurs petites au courant de la grande crise financière et la dépression économique consécutive a l’abrupte faillite d’Enron en 2007 ainsi que celle de plusieurs autres compagnies. La conséquence entre autres a été que des centaines de travailleurs se sont retrouvés sur la rue ex abrupto. Des centaines d’ouvriers qui tombent au chômage sans préavis en Amérique et en Europe, c’est une catastrophe. Plutôt que d’avoir affaire au spectre de la faim, la pauvreté et d’autres misères issues d’un désargentement aussi complet qu’inattendu, de jeunes messieurs ont préféré ouvrir le feu sur leurs femmes et enfants avant de s’administrer la mort eux-mêmes !

Au-delà des continents, il faudrait aussi se demander si le monde entier a un avenir, au regard du surgissement d’une nouvelle bipolarisation du monde. La bipolarisation à laquelle nous avait habitués la confrontation est-ouest —l’Occident et les USA en tête d’une part et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), d’autre part, s’était évanouie dans la brume au lendemain de la chute du Mur de Berlin en 1989. L’Amérique avait alors rêvé à un monde unipolaire dont elle serait le chef suprême, mais ce rêve s’est déjà estompé. Devant l’émergence de la pugnace Russie de Vladimir Poutine comme grande puissance pouvant mettre à genou tout l’Occident, l’Amérique ne sait plus à quel saint se vouer pour s’assurer la prééminence qu’elle avait prise pour acquis : un acquit qui allait de soi, une prérogative que les dirigeants des USA avaient pour longtemps cru inaliénable, inexpugnable !

Quel est donc l’avenir du monde planétaire au regard des arsenaux militaires ultramodernes de la Russie et des USA qui se font face, non sans rappeler l’épisode des missiles de Cuba en 1962 ! Voilà la question qu’il convient de se poser à présent.

Quant à l’Afrique, laissez-la tranquille, arrêtez de lui faire violence indûment, cessez de lui voler ses ressources humaines et matérielles, cessez de la détruire et donnez aux africains le temps d’entériner les termes du contrat commercial continental africain qu’ils viennent de signer à Kigali ce 21 mars 2018. Que les dirigeants de l’Afrique et du monde donnent au président Paul Kagame les moyens et la latitude nécessaire de réformer l’Union africaine de manière à en faire une organisation publique internationale proprement opérationnelle et autonome, et l’Afrique jouera son destin honorablement. Le reste viendra de surcroit.

Mais si la France continue à tendre librement ses vieux pièges dirimants en ces Etats contrefaits de l’Afrique occidentale et centrale, interdisant aux gouvernements de ces Etats de participer à l’effort collectif de quête d’indépendance budgétaire de ladite organisation continentale africaine, il sera absurde de parler de l’avenir de l’Afrique.

L’OUA/UA ne pourra jamais défendre les intérêts des peuples africains si elle continue à fonctionner avec un budget financé à 80% par l’Occident. L’Afrique n’aura jamais les moyens de sa sécurité ni de son économie. Elle demeurera largement sous tutelle de l’Europe et l’Amérique.

Par ailleurs, on ne saurait parler sérieusement de l’avenir de l’Afrique sans scruter les horizons politiques, économiques et sécuritaires du monde. Sous le prétexte de combattre le terrorisme international, l’Amérique et l’Europe viennent de détruire, sous nos yeux, des nations entières et des Etats membres de la communauté internationale. Citons en passant le cas de l’Irak et la Libye. Nous pouvons également ajouter le cas de la Syrie. Pourra-on reconstruire ces pays dans l’espace de cinquante ans au moins ? Pas évident ! Quel avenir ont les Libyens ? Nul ! La Libye est en terre africaine. La Libye a été complètement détruite depuis près de dix ans, et rien n’a été entrepris dans le sens de la reconstruction.

Une partie de l’ensemble, c’est déjà l’ensemble, en bonne logique mathématique, hein ! C’est l’Afrique qui a donc été détruite en cette Libye ou le tissu national, l’Etat, la gouvernance et l’économie attendront des décennies pour se reconstituer ; encore que le risque est la de voir la belle Libye kadhafienne sombrer purement et simplement dans une terrible somalisation ou une balkanisation de tous les dangers dans le bassin méditerranéen tout entier.

Si nous devons établir que cinquante ans ne suffisent pas à reconstruire la Libye pour en faire un Etat viable, et si nous devons par ailleurs anticiper la destruction progressive de tous ses Etats africains de la zone sahélienne adjacente à la Libye, voire de tous les Etats ouest-africains et centrafricains issus de l’AOF et l’AEF (l’Afrique occidentale française et l’Afrique équatoriale française) ; nous nous trouvons très vite devant l’aveuglante réalité d’un avenir tout spécial de l’Afrique. Quel avenir ? Un avenir qui se profile déjà sous nos yeux et qui n’est somme toute qu’une réédition d’un passé euro-africain pas très lointain : fin 19eme et début 20eme siècles : La recolonisation de l’Afrique ! On pacifie pour ensuite coloniser, c’est la règle classique que nous connaissons depuis l’antiquité. L’on peut se rafraichir la mémoire avec les opérations politico-militaires de Jules César en ses Gaules cisalpine et transalpine.

Cet intrépide général romain créait de butte en blanc les besoins de pacification au sein des peuples barbares d’une Europe qui n’existait pas encore avant de passer ensuite à la colonisation de leurs pays. C’est ainsi qu’il a créé le vaste empire romain aux dimensions olympiques en partant d’une cité emmurée connue sous le nom de LA RES PUBLICA ROMANA—la République romaine qui, fatidiquement, manqua de peu d’être effacée de la face de la terre par l’armée d’Hannibal, le très célèbre général carthaginois, fils du général Hamilcar !

Ce que fit César en Gaule il y a légèrement plus de deux mille ans, c’est ce que la France est précisément en train de faire au Sahel comme au Congo Kinshasa aujourd’hui, de même qu’elle l’a fait hier en Libye, avec l’appui de l’Angleterre, l’Italie et les Etats-Unis d’Amérique ; lesquelles puissances se sont coalisées tout soudain pour soi-disant aller porter secours aux populations de Benghazi en danger. Quel danger ? Dans un gangstérisme effarant, ces gens ont fomenté des troubles au Benghazi à l’est de la Libye, et ils s’en sont servi comme prétexte pour aller faire mains basses sur la Libye tant convoitée, pour ses inexhaustibles puis de pétrole, mais inexpugnable car fortement armée. Faire mains basses sur la Libye et assassiner Kadhafi, c’était faire d’une pierre deux coups : exproprier les libyens de leurs réserves de pétrole et détraquer le moteur de l’Union africaine, lequel tournait à plein régime à l’époque. Kadhafi était le promoteur et le moteur de l’Union africaine. Kadhafi venait de mettre sur pied un dispositif qui prescrivait la création d’une banque centrale africaine ainsi que la manière de se débarrasser du dollar ainsi que du Franc CFA en Afrique. Il a ainsi signé son arrêt de mort.

C’est Kadhafi qui lança à Sirte (Libye), en 1999, l’idée de se débarrasser de la vielle et dysfonctionnelle Organisation de l’unité africaine (OUA), et la remplacer par une véritable organisation publique international à même de confronter les défis majeurs qui rendaient l’Afrique ingérable et insécure. Reference, la Déclaration de Sirte faite par le Président Kadhafi en 1999 devant l’assemblée des chefs d’Etat africains. La proposition de Kadhafi a évolué jusqu’à finalement donner naissance à l’Union africaine à Durban, Afrique du Sud, en 2002.

Je disais que ce que fit César en Gaules, c’est ce que la France fait au Congo Kinshasa depuis vingt ans, en se servant de la fameuse MONUSCO : semer la zizanie en opposant les peuples les uns contre les autres ; créer des groupes et les armer à dessein de créer un désordre monstre rendant la pays ingouvernable et la paix civile impossible. Et la MONUSCO est régie par la France depuis 1999 qu’elle est la a créé des groupes armés au Congo. Par le truchement de sa MONUSCO, la France a systématiquement créé un formidable réseau de banditisme armé qui ravage l’Est du Congo Kinshasa depuis vingt ans, contre l’apparente volonté du président Kabila, qui n’y peut strictement rien si ce n’est que lancer d’enfantines invectives occasionnelles aux dirigeants de cette mission de l’ONU a nulle autre pareille au monde. Elle fournit les armes elle-même par hélicoptère. Le cas qui est bien documenté et très connu, pour avoir été croustillant et sensationnel entre tous, c’est le cas de Karairi qui s’est autoproclamé général à Lukweti, Masisi, et qui a formé sa bande de brigands qui écument les innombrables terroirs de Masisi ainsi que la cité de Kitchanga. Allez demander même aux oiseaux la personne qui fournit armes et munitions au général Karairi. C’est la MONUSCO. Ce n’est un secret pour personne que sur l’espace des vingt dernières années la MONUSCO fournit également les armes aux FDLR. On compte environ cinquante groupes armés à l’est du Congo. La MONUSCO créé malignement le désordre et sème la désolation au Congo oriental pour donner le change et faire croire au monde politique et diplomatique euro-américain qu’elle a réellement du travail à faire au Congo, pour ensuite faire renouveler son contrat onusien. Le texte requérant hier la reconduction du contrat de la MONUSCO au Conseil de sécurité de l’ONU a été présenté par la France. C’est l’ambassadeur français à l’ONU, M. Delattre qui a présenté et défendu, devant les 15 membres du Conseil de sécurité des nations unies, le texte requérant la reconduction du mandat de la MONUSCO. L’Ambassadeur du Congo-Kinshasa a quant à lui protesté disant que la MONUSCO n’a jamais rien fait contre les groupes armés opérant l’est du Congo.

Le Président étasunien Donald Trump disait clairement il y a peu, dans son franc parler habituel dépourvu des pudeurs diplomatiques, que l’Afrique mérite bien d’être recolonisée. Cette France qui joue les pacificateurs dans les conflits supposément issus du « terrorisme », qui embrasent les Etats sahéliens depuis près de dix ans, à commencer par le Mali, que pensez-vous qu’elle cherche en réalité, cette France ?

Je suspends provisoirement mon discours ici en disant que je verse cette pièce au débat de ceux qui s’affairent à étudier la question de l’avenir de l’Afrique. Je ne prétends nullement jouer les Nostradamus ! Il n’est point question en cette instance d’administrer des leçons de futurologie. En nos temps modernes, on ne joue plus les ministres de la divination comme aux temps anciens. La divination était un portefeuille ministériel du temps de la république romaine (509 av J.-C. – 27 av. J.-C.). Le célèbre Cicéron eut à assumer la fonction de ministre de la divination après son croustillant consulat.

Redigé par Deo Koya Ntarugera

http://fr.igihe.com/opinions-reactions/l-afrique-a-t-elle-un-avenir.html

Posté le 06/07/2018 par rwandaises.com