FIDH, AMNESTY INTERNATIONAL, RSF et HRW, la question n’est pas tellement de savoir si ce qu’elles publient dans leurs rapports ou autres communiqués est vrai ou non mais si elles sont vraiment au service de la défense de droits de l’homme dans le monde. Autrement dit pourquoi et pour qui elles “roulent”. En soulevant les dessous de leur fonctionnement, on voit qu’elles n’ont de “non gouvernemental” que le nom : elles sont un outil de la sempiternelle ingérence de l’Occident au nom de l’“universalisme européen”.
Se libérer de l’ingérence extérieure pour retrouver la maîtrise de son destin n’est pas une option. Mais la libération de cette ingérence ainsi que les solutions ne peuvent venir que de l’intérieur car tout développement durable ne peut être qu’endogène. Y compris dans le domaine, essentiel, de la défense des droits de l’homme. Tel est le cas au Rwanda, le pays qui a payé par un génocide l’ingérence de l’Occident dans son Histoire et qui est devenu, en Afrique, la tête de turc de la bande des quatre droits-de-l’hommistes. Ceci expliquant cela.
Première partie : des dessous des multinationales droits-de-l’hommistes
« Urusha nyina w’umwana imbabazi aba ashaka kumurya » (litt. Celui qui éprouve de la compassion pour un enfant plus que sa propre mère, c’est qu’il veut le manger). Proverbe rwandais à l’adresse de ceux qui continuent à (laisser) croire au discours des droits-de-l’hommistes, qui défendraient vraiment les droits de l’homme dans le monde entier. À coups de centaines de millions de dollars, par altruisme et pure compassion pour les malheureux peuples opprimés et en faisant fi de leur droit inaliénable de disposer d’eux-mêmes. Et ce depuis Paris (FIDH, RSF), Londres (Amnesty international) ou New-York(HRW) ! Sans aucun agenda politique caché !
La vérité, c’est que nos “big four”, toutes d’obédience occidentale, n’ont de “non gouvernemental” que le nom : elles sont l’outil contemporain de la sempiternelle ingérence au nom de l’ “universalisme européen”. Or, toute ingérence est aliénante et donc nocive par essence : pour un peuple, comme pour un individu, rien de bon ne peut compenser la dépossession de soi car rien de pire que la perte de la maîtrise de son destin. Une maîtrise de son destin que le Rwanda de l’après-Génocide a pu recouvrer en renouant avec ses racines et en recourant aux solutions “maison”, y compris dans le domaine fondamental de la défense et promotion des droits de l’homme.
Les quatre droits-de-l’hommistes ne remplissent donc pas le critère d’indépendance politique. Elles ne remplissent (donc) pas non plus les deux autres critères définissant une ONG : l’origine privée de la constitution et l’indépendance financière. Sauf qu’elles font tout pour nous faire croire le contraire. Pour démasquer cette usurpation d’identité, il faut remonter le fil de leur histoire, consubstantielle à celle de l’Occident, et soulever les dessous de leurs financements, ce qui est autrement plus difficile car ils sont opaques. Et “quand c’est flou, il y a le loup” !
Les droits-de-l’hommistes et la sempiternelle ingérence au nom de l’universalisme européen
De Christophe Colomb à nos jours, l’Occident s’est octroyé le droit et le devoir de s’ingérer dans les affaires du reste du monde et de les régenter au nom de l’“universalisme européen” et (donc) de sa supériorité autoproclamée. Le droit et le devoir de « christianiser » né du temps des conquistadors a laissé place, à la fin du 19ème siècle lors de la deuxième vague de la colonisation, au droit et devoir de « civiliser les races inférieures » qui, depuis la fin de la Guerre froide, est devenu le droit et le devoir de « démocratiser » au nom de la défense les droits de l’homme. Et toujours par pure charité chrétienne !?
La vérité, c’est bien sûr que, pour l’Occident, aucun autre modèle n’a droit de cité : il serait une menace pour sa suprématie. Mais surtout, ce racisme, devenu aujourd’hui plus ou moins inconscient, permet à l’occidental ordinaire d’accepter, peu ou prou, la perpétuation de la domination et de l’exploitation de ses semblables : il en est bénéficiaire, peu ou prou. Et, pour les États, occidentaliser permet de conquérir “de l’intérieur” les peuples pour mieux perpétuer sa domination sur le reste du monde.
Enfin, aujourd’hui comme hier, ce n’est qu’en se dissimulant derrière le visage de l’ami-qui-ne-vous-veut-que-du-bien (évangéliser, civiliser, démocratiser), ce n’est qu’en avançant masqué qu’il peut réussir cette entreprise de destruction de l’ADN culturel d’un peuple. En effet, sous couvert d’annoncer la Bonne nouvelle ou d’apporter les lumières de l’école ou de la médecine et autres progrès ou alors en revendiquant le droit et (donc) le devoir de défendre les droits universels de l’Homme, l’on occidentalise et aliène un peuple. En faisant table rase de ses valeurs pour imposer les siennes. Si l’on fait un saut dans le temps, c’est cachés dans le ventre du Cheval de Troie, présentée comme une offrande à la déesse Poséidon, que les Grecs purent conquérir Troie de l’intérieur après 10 ans de siège.
Le récit de la Guerre de Troie est une célébration de la puissance des cités grecques coalisées pour conquérir la très prospère ville de Troie, métropole de la fertile Asie mineure, de l’autre côté du Détroit des Dardanelles. L’enlèvement d’Hélène n’était qu’un simple prétexte. Quant au Cheval de Troie, il est la métaphore de la « supériorité » des Grecs– et donc de leurs valeurs – sur les “Barbares”, naïfs et primitifs.
Lire aussi : Les ONGs droit-de-l’hommistes : dernier avatar du cheval de Troie
http://fr.igihe.com/droits-humains/…
Mutatis mutandis, c’en fut ainsi les interventions en Irak ou en Lybie, qui se sont faites au nom de la défense de la démocratie : il ne s’agissait que de débarrasser un peuple opprimé par d’affreux dictateurs !?
Aujourd’hui comme hier, depuis plus de 500 ans, les dégâts de l’ingérence occidentale sont donc incommensurables. On a tous en tête ceux qui ont accompagné la colonisation et ceux qui ont eu lieu depuis que le « droit d’ingérence » au nom de la défense des droits de l’homme a été théorisé, notamment par un certain Bernard Kouchner, à la fin des années 1980 c’est à-dire à la fin de la Guerre froide. Et ce n’est pas une simple coïncidence qu’au même moment nos quatre droits-de-l’hommistes sont nées ou ont connu un développement spectaculaire : après la victoire du bloc occidental sur le bloc communiste, elles sont devenues de véritables multinationales et par leur présence sur les cinq continents et par leurs très importants moyens financiers.
Des origines bien politiquement marquées
Depuis 1989, la FIDH, née en 1922 à Paris, a plus que doublé de volume pour devenir une véritable multinationale : elle est présente dans plus de 112 pays et elle est passée de 70 à 184 ligues membres avec des programmes de coopération juridique dans des contextes post-guerre froide en Europe de l’Est, en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord et Moyen-Orient et en Amérique latine. Aujourd’hui, l’organisation française dispose d’un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), de l’UNESCO et du Conseil de l’Europe. Et son grand titre de gloire est d’avoir porté sur les fonds baptismaux la très contestable et très contestée Cour pénale internationale(CPI), entrée en vigueur en 2002 et qui est un autre outil contemporain au service de l’ingérence occidentale.
Amnesty international, elle, a été fondée à Londres en 1961, l’année même de la Construction du Mur de Berlin. Aujourd’hui, l’organisation anglaise est présente dans plus de 70 pays et son rapport annuel couvre pratiquement toute la planète : 489 pages sur 159 pays en 2017/2018. L’organisation est dotée d’un statut consultatif auprès de l’ONU, de son Conseil économique et social notamment, de l’UNESCO, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation des États américains.
Reporters sans frontières (MSF) n’a que trente-trois ans. Officiellement, c’est un certain Robert Ménard qui la fonde le 25 juin 1985. En réalité, elle est une des créatures du Parti socialiste français. L’idée vient de François Mitterrand, son fidèle soutien ! En effet, quand il n’était que premier secrétaire du PS, le futur vainqueur des présidentielles et des législatives françaises de 1981 s’était porté témoin de moralité à l’égard de Robert Ménard, alors cible de très nombreuses poursuites judiciaires en tant que président d’une association. Moins de trois ans après la création de RSF, à seulement 35 ans, son fondateur (officiel) est promu chevalier de la Légion d’honneur, ordre national réservé aux militaires ou civils “pour services éminents rendus à la nation” ! Grâce au même François Mitterrand. Depuis 2014, le président-fondateur de MSF est maire apparenté Rassemblement national_ ex-Front national_ de Béziers, une ville au Sud de la France !
Aujourd’hui, l’association française, basée à Paris, est dotée d’un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations unies, de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et elle dispose de bureaux dans dix villes et d’un réseau de correspondants dans 130 pays !
Human Rights Watch (HRW) est encore plus jeune et plus politiquement marquée. Elle a été créée à New-York en 1991, l’année de la dislocation de l’URSS. Furent regroupées sous ce nom cinq associations américaines nées, toutes, pendant les dix dernières années de la Guerre froide : Helsinki Watch (1978), à l’origine créée pour soutenir et protéger les dissidents et les groupes de citoyens indépendants d’Europe de l’Est et de l’ex-Union Soviétique, America Watch (1981), Asia Watch (1985), Africa Watch (1988) et Middle East Watch (1989). Kenneth Roth, son actuel directeur général, a été nommé en 1993. Il y a 15 ans. L’on sait que, avant sa nomination, l’inamovible PDG de la firme new-yorkaise n’était rien moins que procureur général de l’Oncle Sam et que HRW comporte, en son sein, d’autres nombreux anciens fonctionnaires importants du gouvernement américain.
Lire aussi : Un prix Nobel de la Paix et 100 professeurs demandent à Human Rights Watch de cesser son jeu de chaises musicales avec le gouvernement des États-Unis
https://www.legrandsoir.info/un-pri…
Aujourd’hui, l’organisation, basée à New York, possède plusieurs bureaux dans de nombreuses métropoles à travers le monde et elle publie chaque année un rapport rendant compte de ses “enquêtes” dans plus de 60 pays et territoires. Elle est aussi lauréate du Prix Nobel de la paix (1997) et du Prix des droits de l’homme des Nations unies (2008).
Gouvernementales et politiques _ et donc partisanes _ par leur véritable mission (non officielle) et par leurs origines, les quatre multinationales droits-de-l’hommistes ne sont pas non plus financièrement indépendantes.
Un financement opaque
Pour le budget de la FIDH, ni montant détaillé ni même montant global ! Mais FIDH affiche sur son site la liste de ses soutiens, tous occidentaux et tous politiquement engagés, directement ou indirectement. La liste est édifiante : plus de 10 fondations et autres institutions comme Ford Foundation, Fondation de France ou Rockefeller Brothers Fund ; plus de 15 très grandes entreprises, comme l’Agence Babel, Carrefour, la Caisse des dépôts et consignations, Hermès, la Banque Postale, Lagardère Active, LVMH, Macif ou Petit Bateau. Elle compte surtout parmi ses principaux soutiens rien moins que 17 institutions intergouvernementales ou nationales, dont la Commission européenne, le Ministère des Affaires étrangères de plusieurs gouvernements occidentaux (Finlande, Norvège, France, Pays-Bas, Danemark, Allemagne) mais aussi le Département fédéral des Affaires étrangères de la Suisse et les Affaires Mondiales du Canada auxquels il faut ajouter l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Pour Amnesty international, le montant déclaré de son budget est de 295 millions d’euro en 2017. Un budget conséquent et en augmentation de 5,8% par rapport à 2016. La multinationale fait même figurer sur son site la répartition globale des provenances : dons réguliers ou irréguliers individuels (74%), legs (10%), subventions de fondations (10%), autres revenus (6%). Mais aucune précision sur les noms ni des fondations ni des légataires ni des fondations ou sur la provenance des “autres revenus”. Elle dissimule ainsi le fait qu’elle reçoit aujourd’hui des subventions de diverses institutions telles que le Département du développement britannique, la Commission européenne et, notamment pour les agences nationales, d’autres gouvernements occidentaux. Par ailleurs, l’on sait que son Secrétariat international opère par le biais de deux entités : Amnesty International Limited (« AIL ») et Amnesty International Charity Limited (« AICL »). C’est par le biais de cette dernière que passent les financements d’Etats et de groupes corporatistes : le milliardaire Georges Soros, l’un des plus gros donateurs d’Amnesty International Charity Limited, y a investi ainsi plus de 100 millions de dollars. Or, l’on sait que le très activiste milliardaire est un fervent soutien des Démocrates américains et d’Hillary Clinton en particulier. Il a aussi apporté son soutien financier à une campagne anti-Brexit en février 2018.
Lire aussi : Qui est derrière Amnesty international ?
http://www.wikistrike.com/2017/10/q…
Incroyable mais vrai : on ne trouve aucune trace du budget ni des financements de MSF sur son site. Mais des citoyens engagés ont cherché et trouvé qu’un de ses principaux soutiens n’est autre le gouvernement des Etats-Unis par le biais de la National Endowment for Democracy(NED). MSF ne s’en cache d’ailleurs pas : « Absolument, nous recevons de l’argent de la NED. Et cela ne nous pose aucun problème ». La Fondation nationale pour la démocratie a été créée par le président Ronald Reagan, en 1983, dans l’objectif d’affaiblir les gouvernements qui s’opposeraient à la politique étrangère de Washington.
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https://blogs.mediapart.fr/pizzical…
Les autres soutiens financiers de RSF doivent être, en partie du moins, les mêmes que ceux de la FIDH énumérés ci-dessus. Rappelons aussi que, en 1995, l’année de la fin du second mandat et de la mort de Fr. Mitterrand, l’ONG est reconnue d’utilité publique !? Tout simplement, ce statut autorise l’ONG de Mitterrand-Ménard à recevoir des donations et il lui permet également de bénéficier d’une légitimité et d’une renommée particulière dans les domaines d’activités dans lesquels elle s’inscrit.
S’agissant enfin de la HRW, elle publie bien le montant global _ trop précis ? _ des dons (“public support”) : 219.592.693 dollars en 2017. Évidemment, elle affirme qu’elle n’accepte aucun financement provenant directement ou indirectement de gouvernements. Faux. Un ou deux exemples. En 2007-2008, l’organisation a reçu 987 818 dollars de l’association caritative néerlandaise Oxfam Novib, laquelle finance la majeure partie de son budget grâce au gouvernement hollandais ! L’on sait que l’organisation américaine a reconnu en 2010 avoir reçu un don de 100 millions de dollars sur 10 ans provenant de George Soros à travers l’organisation Open Society Institute dont il est le président. À l’époque, le financement reçu de George Soros a permis à HRW de doubler ses fonds. On a vu ci-dessus que ce dernier a contribué, pour un montant identique (100 millions de dollars) au financement d’Amnesty international par le biais de d’Amnesty International Charity Limited.
Ainsi donc, pour nos “big four”, la source de leurs importants moyens financiers, leurs origines politiques notamment le contexte (géo)politique de leur création et/ou de leur expansion en disent long sur leur agenda politique que dissimule mal leur credo officiel. Il arrive même que la “connection” avec le pouvoir soit clairement assumée. Ainsi, en son temps, le président-fondateur de RSF écrivait : « […] pour nous médiatiser, nous avons besoin de la complicité des journalistes, du soutien des patrons de presse et de l’argent du pouvoir économique » (Robert Ménard, Ces journalistes que l’on veut faire taire, 2001). La même année, l’ancien secrétaire d’Etat Colin Powell déclarait sans ambages : « Les ONG sont un démultiplicateur de force pour nous, une partie tellement importante de notre équipe combattante ». (Discours adressé aux ONG au début de l’Opération Enduring Freedom, l’invasion de l’Afghanistan, octobre 2001).
Par ailleurs, toutes les quatre droits-de-l’hommistes disposent du statut consultatif auprès de nombreuses organisations intergouvernementales et internationales, occidentales ou dominées par l’Occident, qui les financent directement ou indirectement, officiellement ou “en sous main”. Leurs publications sont reprises largement par les médias et utilisées par les gouvernements occidentaux et les organisations internationales ou intergouvernementales telles que les Nations Unies et la Banque Mondiale ou l’Union européenne pour éventuellement sanctionner les mauvais élèves de la classe. Aveu des responsables parisiens de RSF dans la présentation du classement de la liberté de la presse dans le monde 2018 : « trop de chefs d’Etat ou de gouvernement redoutent chaque année sa parution » ! Propos cynique mais révélateur de la mission réelle de nos “défenseurs des droits de l’homme”.
L’on comprend, dès lors, qu’il est vain de chercher à leur faire changer d’avis : elles font ce pour quoi elles ont été créées et ce pour quoi elles sont payées. La libération de leur ingérence et les solutions ne peuvent venir que de l’intérieur. Il faut bâtir un modèle endogène de défense et de promotion des droits humains, le seul susceptible de marcher car conforme aux valeurs et au contexte socio-historique ainsi qu’aux besoins réels des populations concernées. C’est ce qu’a fait le Rwanda de l’après-Génocide et qui explique “le miracle rwandais” mais aussi le fait que le pays de mille collines soit devenu la cible privilégiée, en Afrique, de nos multinationales droits-de-l’hommistes, qui veulent faire le bonheur des peuples “à l’insu de leur plein gré”.
Par André Twahirwa, auteur de cet article, est Africaniste et élu local en Île-de-France.
Posté le 14/09/2018 par rwandaises.com