Le début de la guerre de libération du Rwanda menée par le FPR en Octobre 1990 s’est déroulé dans une conjecture internationale où les guérilleros rwandais étaient combattus par beaucoup de puissances internationales et régionales. Il est fort appréciable que l’Uganda du tout nouveau Kaguta Yoweli Museveni ait pu contourner l’interdit de la Communauté internationale et servir de base arrière à ces jeunes guerilleros. Dans son discours de l’après guerre, Museveni semble se donner trop d’importance dans cette guerilla rwandaise pour laquelle il a favorisé toutefois la victoire.
Les circonstances actuelles des relations plutôt froides entre le Rwanda et l’Uganda actuels questionnent bon nombre d’observateurs et l’opinion internationale. Les sorties officielles du vieux guérilleros Joël Museveni quant au rôle joué dans la lutte de libération du Rwanda tout autant que le soutien accordé à des dissidents rwandais du RNC/Rwanda National Congress du Gén. Kayumba Nyamwasa formant d’autres foyers de guerilla, n’apaisent pas la situation. Au contraire, c’est un torchon qui brûle entre les deux régimes frères.
« J’ai durement combattu le régime Habyarimana (1973-1994) qui a conçu, organisé et exécuté le génocide des Tutsi de 1994 », a dit à la Plénière de l’Assemblée de l’Afrique de l’Est (EALA) à la clôture de ses travaux parlementaires à Kampala en janvier 2018.
Selon lui, il a activement aidé le FPR à arrêter le génocide d’un million de Tutsi dans les cent jours qu’il a duré. Des observateurs intéressés par ce discours ont avancé qu’il a voulu se remonter le moral contre une certaine opinion ugandaise qui brandit ses anciennes origines etrangeres, rwandaises comme un cheval de bataille et le chasser de son pouvoir.
Beaucoup de média ugandais ont toujours parlé de la contribution ugandaise à la lutte de Libération du Rwanda par le FPR mais peu d’entre eux ont compris la nature et l’essence même de cette contribution.
Du côté des anciens guérilléros rwandais, la plupart d’entre eux trouvent que la contribution de l’Uganda, la grande et presque la seule, est que la plupart de ces guérillerons ont appris à l’école de la longue lutte de libération de l’Uganda par le NRM (National Resistance Movement) du Commandant Joël Kaguta Museveni qui luttait de 1981 à 1986 côte à cote avec le Commandant rwandais Fred Rwigyema, plusieurs autres combattants rwandais de la première heure et des milliers d’autres de la deuxième génération.
Une Arrière base nécessaire au FPR
« Dès le début de la guerre de libération de l’Uganda du NRM, le Commandant Fred Rwigyema et ses camarades dont le Major Paul Kagame ont profité de l’occasion pour recruter dans leurs rangs beaucoup de jeunes rwandais pour leur apprendre l’art de la guerilla. Entretemps le RANU/Rwanda Alliance for National Union naissait en 1979. Il decidera de changer de nom dix ans apres devenant RPF/ Front Patrotique Rwandais en 1987. Le front et l’école politique allaient donc de pair. Les jeunes rwandais ont largement contribué à cette lutte ugandaise et ils y ont gagné la science militaire et des galons », informe ce vétéran de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise) qui a requis l’anonymat et trouve que la surenchère actuelle de Museveni tient du fait qu’il n’a jamais maîtrisé ces jeunes rebelles rwandais à commencer par Fred Rwigyema et les Majors Peter Bayingana et Chris Bunyenyezi pour décider à lui seul, dussé-t-il ne pas arriver, de la date de l’attaque du Rwanda pour faire de ses 26.000 Km2 une autre province ugandaise.
« Ce qu’il y a c’est que nous les jeunes Rwandais d’alors étions intéressés au changement de régime de Milton Oboté II qui commençait à nous pourchasser », a-t-il ajouté montrant que la contribution des jeunes affiliés à RANU ont combattus avec zèle et dévouement à la réussite du NRM en 1986.
Museveni parle rarement de cet épisode de la guerre de libération. Il reconnaît rarement la contribution des guérilleros rwandais dans sa lutte. Pour lui rendre la pareille, trois ans après avoir aidé au renforcement du pouvoir ugandais et après avoir fait fuir les terribles hordes barbares d’Alice Lakwena et son LRA (Lord’s Resistance Army) dans le nord (Gulu) ugandais, ces Rwandais ont sonné en silence le cri de ralliement pour se rencontrer à Kagitumba (Est du Rwanda) le 1er Octobre 1990.
Depuis lors, Museveni a-t-il eu échos de ses anciens rebelles d’origine rwandaise ? Non ! Il est intéressant qu’il a compris leur idéal de lutte et qu’il ne les a pas poursuivi et arrêté pour désertion des rangs de l’armée ugandaise du NRA (National Resistance Army) qui était devenue nationale.
Ca c’est une reconnaissance numéro un. La deuxième appréciation c’est que Museveni a toléré le camp d’entraînement de Nakivale (Ouest ugandais) de jeunes recrues rwandaises qui venaient en surnombre du Burundi, du Zaire, de Tanzanie, du Rwanda et du monde entier. Malgré son entente avec Habyarimana, il n’a pas renié ses anciens frères d’armes. Même la diplomatie du FPR d’alors avait l’Uganda comme plaque tournante.
Pourtant les jeunes rwandais avaient besoin de beaucoup de reconnaissance de gratitude de la part de Museveni en terme de logistique (armes, munition, transport, vivres).
Il est tout aussi intéressant de voir comment il faisait des gymnastiques verbales impossibles tout au long de la guerre de guérilla du FPR de 1990 à 1993-4, une certaine presse internationale inféodée à la France qui combattait aux côtés de Habyarimana l’interviewait pour lui demander s’il donnait un appui à l’APR.
Pourtant servir d’arrière base à une rébellion disciplinée dirigée par Paul Kagame, son ancien major des services de renseignement lui donnait beaucoup d’espoir quant à l’issue victorieuse de la guerilla du FPR.
A-t-il alors droit de revendiquer un quelconque droit d’aînesse dans la libération de l’Uganda et du Rwanda ? De l’Uganda, oui sur toiute la ligne. Du Rwanda, oui en terme de respect pour un guérilleros qui a réveillé les forces des Inkotanyi qui étaient prostées ne sachant pas où commencer. Il est à noter que Museveni ne peut pas se targuer d’avoir plus contribué à cette lutte plus que les Rwandais de Belgique, du Canada, des USA, de l’Afrique des Grands Lacs…
Respect mutuel
« A l’heure actuelle, le septuagénaire Museveni ne devrait pas accepter de mauvais conseillers qui lui demandent de miner le régime actuel de son ancien chef des services de renseignements, le Général Paul Kagame, qui sait beaucoup de choses des rouages de l’administration militaire et civile ugandaise. En terme d’intérêts géopolitiques, Museveni devrait comprendre que le Président Rwandais est incomparable aux dissidents du FPR que sont le général Kayumba Nyamwasa et cie à qui il promet armes, protection et recrutement », confie un observateur de la scène politique de la région qui trouve que les dirigeants rwandais actuels connaissent l’Uganda où la plupart d’entre eux y ont de fortes attaches pour y avoir longtemps vécu.
L’heure est donc à la retenue de la part du Vieux guérilleros Museveni qui ne tempère pas sa soif d’être éternellement le leader très prisé de l’Afrique trouvant que cette renommée lui revient de droit plutôt qu’à son jeune frère rwandais Paul Kagame.
Posté le 14/09/2018 par rwandaises.com