Le Conseil des Ministres de ce 14 septembre 18 vient d’annoncer la fin de ses travaux en déclarant une liste de quelques 2140 détenus devant bénéficier de la grâce présidentielle et libérés avant le terme de leurs peines.
Mme Victoire Ingabire, Présidente des FDU-Inkingi, est du nombre. Elle vient de servir huit ans sur les quinze qu’elle devait rester en prison.

Tous les médias locaux et internationaux se sont appropriés de l’événement y compris la VOA, la RFI qui interrogent plusieurs personnalités politiques y compris celles de la direction-Europe du FDU.

« Elle vient de servir les 2/3 de sa peine. C’est logique qu’elle soit libérée. Nous n’avons pas connaissance d’une lettre qu’elle aurait écrite au Président de la République demandant pardon », a confié à la VOA de ce 15 septembre, M. Charles Ndereyehe, Secrétaire Général du FDU-Inkingi/Europe.

Même s’il met en doute la lettre de demande de pardon que l’ex-détenue aurait écrite au Président de la République, Charles Ndereyehe reconnaît néanmoins que le Rwanda tient à la bonne mise en application de ses lois. Pour avoir servi les deux tiers de sa peine et sortir de Prison. Encore que huit ans n’équivalent pas aux deux tiers de la peine de quinze ans qu’elle avait écopée.

Libérée, rejoindra-t-elle ses anciens camarades de parti ? Restera-t-elle au Pays ? Se convertira-t-elle à la vie civile avec tentative de rejoindre et dynamiser les assises rwandaises de son parti et le ramener à l’agrégation officielle par RGB ? Est-elle capable d’adopter une idéologie de développement en lieu et place de l’ethnocentrisme hutu bien affiché ?
Beaucoup de questions se posent actuellement les analystes politiques rwandais qui se croient fondés de croire que ces longs huit ans de prison de la jeune dame lui auront permis de comprendre l’essence même de la realpolik de Kagame.

 

Victoire Ingabire en compagnie de son avocat à la sortie de la Prison Centrale de Kigali/Mageragere

Beaucoup d’analystes interviewés sur la question semblent fondés à l’idée que la jeune dame Ingabire s’est assagie, qu’elle a compris en profondeur l’essence même de ce régime qui fait tout pour opérer des changements économiques radicaux en profondeur avant de penser aux joutes démocratiques libres très chères à l’Occident.
« A mon avis, cette dame a été approchée secrètement pour lui faire comprendre qu’elle a beaucoup à gagner à se désolidariser de la bande de présumés génocidaires qui, comme un pion du jeu d’échec, l’ont placée devant eux depuis le début de sa carrière politique dans l’espoir qu’elle allait percer et les aider à revenir au chapitre », a dit cet analyste qui a requis l’anonymat.

Selon lui, la dame a fait un long examen de conscience pendant ces huit années. « Tient-elle à garder la ligne de l’opposition ? Cela n’importune en quoi que ce soit le régime actuel. Pourvu que son idéologie politique populaire ou pas ne soit pas teintée de relents ethnisants », a-t-il ajouté très différent de l’analyse du vieux politicien rwandais résidant en Occident, le Premier Premier Ministre rwandais de l’après génocide Faustin Twagiramungu. Pour lui, « Cette libération anticipée est l’œuvre d’une certaine pression occidentale. Kagame en personne est incapable d’un tel geste ».
Ce vieux politicien rwandais qui a manifesté une instabilité politique tout au long de sa lutte après sa démission de la Primature jusqu’à vouloir s’allier aux forces politiques faites de personnalités qui ont conçu et organisé un génocide des Tutsi ayant emporté toute sa famille qui ne doutait de rien dans le coin reculé de Mushaka dans la lointaine Préfecture de Cyangugu, ne sait pas que la dame avait écopé rien que 8 ans de prison en première instance, que ce n’est qu’à son interjection d’appel qu’elle a vu sa peine presque doubler.
Le professeur André Guichaoua, lui aussi, croit que le régime rwandais devait exécuter cette libération anticipée car, croit-il « la candidature de Louise Mushikiwabo introduite par le Rwanda au Secrétariat Général de l’OIF puis son élection en dépendent ».
Non pas du tout monsieur, semble lui rétorquer Olivier Nduhungirehe, le Secrétaire d’Etat rwandais à la Coopération Internationale.

« Mme Victoire Ingabire a plusieurs fois introduit une demande de grâce présidentielle. Et là, les circonstances et la date d’octroi de celle-ci ne sèyent qu’au Chef de l’Etat. En tout cas, il n’y a pas de relations de cause à effet », a dit le Ministre ne voulant pas aller plus loin pour montrer que la campagne diplomatique de la Dame Louise Mushikiwabo et du Rwanda auprès du groupe africain de l’OIF seule compte dans l’issue de la bataille d’Erevan.

La Aung San Suu Kyi rwandaise instrumentalisée par les caciques du MRND va-t-elle se désister ?

Mme Victoire Ingabire, née le 3 octobre 1968, à 26 ans en 1994 quand elle fuit le pays avec le gouvernement génocidaire des Abatabazi. Avec cette fougue de la jeunesse, elle qui était destinée à être une leader d’opinion dans son pays dut ne pas accepter les dures conditions des camps de réfugiés qui formaient un long chapelet de campements le long du Kivu et de la Rivière Rusizi dans les provinces du Nord et Sud Kivu de l’ex-Zaire.

 

Mme Ingabire Victoire lit la fiche de sortie de prison avant de la signer

En se lançant dans la politique en 1997 avec le RDR/Rassemblement pour la Démocratie au Rwanda à cet âge-là et dans le contexte de ce moment-là, il se comprend parfaitement qu’elle a dû s’incruster d’un assemblage insolite fait d’une idéologie politique habillée de rancœurs et ressentiments ethnocentrisants, ce qu’elle a cru être une idéologie porteuse. L’a-t-elle fait d’elle-même ? A-t-elle été embrigadé ?
On ne lui connaît aucun antécédent génocidaire. Pourtant la structure FDU-Inkingi/Europe qu’elle dirigeait, le gros du contingent, est composé de personnalités au lourd passé chargé de crimes présumés de génocide et recherchées par la justice rwandaise dont M. Charles Ndereyehe, expert agronomiste et ancien DG de l’ISAR/Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda/ Butare avant sa fuite en 1994 ; un homme accusé d’organiser la rafle et le massacre de tous ces agents tutsi , beaucoup de docteurs et d’autres chercheurs.

 

De G à Dr, Charles Ndereyehe, Sixbert Musangamfura et Dr J.B Mberabahizi, figures proéminentes du FDU Europe ; véritables idéologues de l’idéologie du double génocide, du négationnisme et de l’ethnocentrisme hutu

Dans ces conditions, il me semble que Mme Victoire Ingabire ne voudrait plus continuer à être une otage d’hommes au passé sombre.

« Elle voudra faire sa carrière dans l’opposition politique rwandaise constructive autant que le font les Verts et les PS Imberakuri. Elle a compris certainement où se trouvent ses intérêts. D’abord, elle sait que quand bien même elle est une adversaire de Kagame que celui-ci ne triche pas, que si elle amène un système d’idées correctes et constructives quand bien même elle montre une autre façon de développer la société rwandaise, le même Kagame ne va pas la combattre en violant la loi », a dit cet analyste politique qui pense que naturellement quelque dialogue inlassable pourrait avoir été établi entre l’ex-détenue et l’establishment pour tracer un cadre d’évolution politique favorable de la dame.

« Des entretiens secrets ? Je ne peux pas l’affirmer mais partout au monde quand des personnalités politiques sont dans des situations comme celles de la dame, il y a nécessairement des pourparlers qui se font dans le strict secret. Ce n’est pas le Régime rwandais qui ferait exception à la règle. Il doit lui avoir fait comprendre où se trouvent les intérêts de la nation et les siens bien entendu », a dit l’analyste.

http://fr.igihe.com/politique/mme-victoire-ingabire-liberee-s-ecartera-t-elle.html

Posté le 16/09/2018 par rwandaises.com