Impunité
À la question du journaliste de savoir si l’enquête s’étendait sur le cas de l’Abbé Wenceslas Munyeshaka, l’interviewé a reconnu : « Nous n’avons pas ce nom dans notre dossier » et de poursuivre : « notre travail c’est la lutte contre l’impunité. On travaille en vertu de ce qu’on appelle la compétence universelle. On n’est là pour défendre l’humanité en quelque sorte. Soyez donc absolument sûr de notre conviction qu’à partir du moment où on arrive à amener les preuves, donc il faut amener les preuves, c’est une enquête judicaire, on ne peut pas condamner une personne sur du vent, ça n’existe pas ». Visé par la plus ancienne plainte en France concernant le génocide contre les Batutsi rwandais, le prêtre Munyeshaka vivant actuellement en Normandie, a bénéficié d’une relaxe définitive le 21 juin dernier, malgré le rôle « trouble » qu’il a joué dans sa paroisse de Kigali.
L’Office chargé des crimes contre l’humanité en France est un service de la Gendarmerie nationale et placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur français. La présence de ses enquêteurs, à Kigali, intervient curieusement moins de trois semaines après la publication par le site d’informations Mediapart d’une vidéo filmée en 1994 embarrassante pour les militaires français, accusés par des rescapés de passivité lors des tueries de Bisesero, pendant le génocide contre les Batutsi rwandais.
Hésitante au moment où des centaines de milliers d’innocents se faisaient massacrer, La France serait-elle en train de tenter de se faire une bonne image dans la conscience collective rwandaise ?
Pour prouver sa bonne foi et son attachement aux valeurs universelles des droits de l’Homme, ne n’aurait-elle pas dû intervenir et mettre tout pour empêcher le bain de sang plutôt qu’attendre des années après pour se lancer dans une molle traque d’anciens génocidaires ?
Stéphane BAI
Posté le 03/11/2018 par rwandaises.com