Entrer en guerre n’est peut-être pas le moyen le mieux approprié de rétablir les relations. Nous abordons les problèmes qui ont amené les deux pays à ce point au cours des dernières années. Les raisons en sont connues, bien que certains refusent de les reconnaître. Ces derniers jours, les rumeurs, la désinformation et les mensonges ont aggravé la situation. Nous avons également entendu des bruits belliqueux de la part de certains dirigeants et médias en Ouganda.
Les querelles entre voisins, qu’elles soient individuelles ou nationales, ne sont pas rares. Dans des circonstances normales, les voisins partagent la responsabilité, bien que pas nécessairement de la même manière, et les causes peuvent facilement être identifiées et résolues.
Cependant, lorsqu’un seul d’entre eux agit délibérément pour attirer l’autre dans une querelle ou même dans un combat, la responsabilité incombe carrément à celui-là. Cela s’appelle la provocation.
Et lorsque le parti qui ne tient pas à la querelle signale à l’autre les actes qui ne sont pas du bon voisinage et demande qu’ils cessent mais qu’ils sont ignorés, cela exacerbe la provocation et constitue une preuve de mauvaise intention.
C’est malheureusement ce qui se passe dans les relations entre le Rwanda et l’Ouganda. Il n’y a pas de querelle de principe entre les deux. En réalité, tout ce que le Rwanda a fait est de demander le bon voisinage.
Bien que tout cela soit connu, il a fallu la restriction partielle des poids lourds à la frontière de Gatuna et leur détournement vers d’autres postes frontières pour les mettre au grand jour. En ce sens, la question de la frontière avec Gatuna a probablement été une bonne chose.
Premièrement, il a permis de révéler le refus persistant de l’Ouganda de s’engager avec le Rwanda pour résoudre les problèmes que ce dernier a soulevés et que tous deux connaissent.
Deuxièmement, il a mis en lumière les véritables problèmes qui sous-tendent les relations déplorables qui jusqu’à présent ont été maintenues dans les relations diplomatiques officielles entre les deux dirigeants et les représentants du gouvernement. Il n’est plus possible de prétendre ignorer les problèmes ou de les éviter.
Le Président Paul Kagame a déclaré lors de la retraite du leadership
national à Gabiro le samedi 9 mars qu’il avait eu plusieurs entretiens
avec le Président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, sur ces questions.
Il a déclaré avoir soulevé la question de l’arrestation de Rwandais en
Ouganda, de leur détention et de leurs actes de torture dans des lieux
illégaux ou inconnus, et de leur refuser l’accès à des services
familiaux ou juridiques. Dans certains cas, ils avaient été renvoyés
sans inculpation et jetés à la frontière.
La situation actuelle à la frontière, selon lui, n’était pas le vrai
problème entre les deux pays. C’était simplement un pretexte. Le
véritable problème était la libre circulation des personnes que
l’Ouganda entravait manifestement.
Il a également soulevé la question de la présence du Congrès national
rwandais (RNC) en Ouganda et de sa collaboration avec des représentants
du gouvernement et des institutions pour harceler les Rwandais et pour
des projets de déstabilisation du pays.
Troisièmement, le problème des frontières a fourni une base pour la
résolution des problèmes existant entre les deux pays. Le Président
Kagame a détaillé les tentatives faites pour régler ces questions, en
fournissant les faits et en corrigeant les informations, et en exposant
le tout au grand jour.
Personne ne peut se cacher derrière l’ignorance ou le manque de faits.
C’est une bonne occasion pour le Président Museveni de résoudre tout problème entre lui et le Président Kagame ou entre l’Ouganda et le Rwanda. Son homologue rwandais lui a rendu service et lui a montré un moyen de s’en sortir. Il n’a aucune excuse pour ne pas agir.
Le Président Kagame lui a fait une autre offre : l’amitié. Il a déclaré que le Rwanda est un ami et un allié de ceux qui sont prêts à accepter l’offre. Cela devrait dissiper toute idée persistente de mauvaise intention contre l’Ouganda ou contre Museveni personnellement et éliminer la menace de guerre.
Le Président Museveni acceptera-t-il l’offre ? Cela dépend évidemment de la raison pour laquelle il a laissé ces problèmes persister. Si l’on prend un point de vue positif, il doit le saisir à deux mains. Il ne peut pas contester les faits présentés par le Président Kagame ni prétendre que les problèmes n’existent pas.
Troisièmement, les services de sécurité en Ouganda sont lourdement impliqués dans les relations avec le RNC et d’autres éléments anti-rwandais.
Quatrièmement, le spectre de la guerre avec le Rwanda, même s’il ne
se produit pas, semble être un élément important de la politique
intérieure de l’Ouganda.
C’est une distraction utile à un moment où le long séjour de Museveni au
pouvoir est de plus en plus contesté. Cela aide également à mobiliser
le soutien national.
Déjà, des voix normalement critiques ont été soit réduites au
silence, soit rassemblées derrière lui contre un ennemi extérieur. Ils
ont maintenant tourné leur attention vers le Rwanda.
On espère cependant que la raison l’emportera et que l’offre de Kagame sera acceptée.
Par Joseph Rwagatare du New Times
Traduit par IGIHE
Posté le 15/03/2019 par rwandaises.com