Elue secrétaire générale de la francophonie lors du sommet d’Erevan, l’ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo s’est déjà rendue en Tunisie, qui abritera le prochain sommet, ainsi que dans plusieurs pays africains et cette semaine, une visite officielle l’a menée à Bruxelles. Parfaitement bilingue depuis ses études aux Etats Unis, Mme Mushikiwabo justifie par des raisons de proximité et de relations économiques avec l’Afrique de l’Est la promotion de l’anglais au rang de langue officielle dans son propre pays. Mais elle entend désormais défendre et « rajeunir » l’usage du français : « il ne faut pas que cette belle langue demeure figée, académique…Il faut tenir compte de la jeunesse, et en particulier des millions de locuteurs africains, qui ne doivent pas être intimidés par la rigueur du français et, par défaut, se tourner vers un anglais qui leur paraîtrait plus facile, plus « commercial ». »
L’un des thèmes chers à la nouvelle secrétaire générale de l’OIF est de ramener l’usage du français dans les enceintes internationales, les Nations unies, mais aussi l’Union européenne à l’heure du Brexit, -elle s’en est entretenue avec Jean-Claude Juncker-de l’imposer dans le numérique, sur les réseaux sociaux, le monde des affaires. Dans ce combat pour « la défense et illustration » de la langue française, Mme Mushikiwabo compte sur le soutien de la France certes, mais aussi sur d’autres partenaires, comme la Suisse, Monaco, le Luxembourg qui pourraient augmenter leur contribution à l’organisation, sans oublier des « Etats charnières », à la lisière de plusieurs mondes comme la Roumanie et sans négliger le Canada, accompagné du Nouveau Brunswick et du Québec. Outre la langue, raison d’être de l’organisation, il y a aussi les valeurs communes, forgées au fil de quatre décennies : « la francophonie veut être un espace politique sain, attaché à la promotion de la démocratie, ainsi qu’un rempart contre les radicalismes, en particulier dans les pays du Sahel. »
Un tel rempart devant aussi être fondé sur la culture, Mme Mushikiwabo est frappée par la richesse de l’espace francophone, qu’il s’agisse des arts plastiques, du théâtre, de la littérature, de la musique. Mais la Rwandaise, qui a participé à la renaissance de son propre pays, fondée sur ses valeurs et ses traditions culturelles, veut aussi que les artistes puissent vivre de leur talent. Autrement dit, il importe de les promouvoir sur la scène internationale, de les défendre sur le plan commercial, de rémunérer correctement leurs activités, à l’instar du monde anglophone. Pour Mme Mushikiwabo, 750 millions d’Africains francophones, jeunes pour la plupart, représentent un potentiel exceptionnel et en RDC dont elle revient, elle a été particulièrement frappée par l’énergie qui se dégage de la jeunesse : « c’est pour ces jeunes que le français doit, absolument, rester une langue de communication et donc s’ouvrir, se moderniser… » Autant dire qu’en Belgique francophone, parfois en délicatesse linguistique avec les ukases venus de Paris, Mme Mushikiwabo trouvera des interlocuteurs convaincus
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/
Posté le 03/05/2019 par rwandaises.com