Quinze mois après le deal du Rwanda avec Arsenal, l’impact de la stratégie sur le tourisme au Rwanda est sans précédent, entre hausse des arrivées touristiques et retour sur investissement. Par Ristel Tchounand
A
la fois applaudi et critiqué, le deal du Rwanda avec Arsenal fait
entendre ses échos. Les autorités affirment qu’à ce jour -soit 15 mois
après la signature du contrat de sponsoring- l’impact de la stratégie
sur le tourisme local est sans précédent, entre hausse des arrivées
touristiques et retour sur investissement. Les détails.
Le 6 septembre prochain, dans le nord du Rwanda, se tiendra la 15e édition du Kwita Izina, une cérémonie habituelle de baptême de gorilles, ces animaux qui attirent chaque année, dans ce pays d’Afrique de l’Est, des milliers de touristes. Cette année 25 gorilles seront baptisés. C’est dans le cadre de la promotion de cet événement que le Conseil du développement du Rwanda (RDB) a révélé les retombées du contrat de 30 millions de livres sterling pour le sponsoring du club britannique de football Arsenal signé en mai 2018. Pour rappel, ce contrat, d’une durée de trois ans, implique que les joueurs du club britannique de football fassent la promotion du Rwanda en tant que destination touristique de choix, en arborant sur leur maillot le logo de «Visit Rwanda», le plan national de promotion touristique lancé par le gouvernement.
Arrivées en hausse de 42% en 2018
Au terme de l’année 2018, le Rwanda affiche une hausse des arrivées touristiques de 42% à 1,7 million de visiteurs en glissement annuel, selon les données du RDB qui attribue cette performance à la promotion «Visit Rwanda» via des Gunners. Actuellement, les touristes les plus friands de la destination rwandaise viennent des Etats-Unis, de l’Australie, de Chine et du Nigeria. Mais selon le RDB, le nombre de visiteurs en provenance du Royaume-Uni est également en hausse de 5% à 16 800 personnes en 2018.
«Avant la signature du partenariat, 71% des millions de fans d’Arsenal dans le monde ne considéraient pas le Rwanda comme une destination touristique. À la fin de la première année du partenariat, la moitié des fans d’Arsenal considéreraient le Rwanda comme une destination à visiter», a expliqué Belise Kariza, directrice du tourisme de la RDB.
Pour elle, la puissance que confère le partenariat avec Arsenal à la marque Rwanda en termes de visibilité, à travers ses millions de fans dans le monde, n’a pas d’égal:
«Il n’y a rien que vous puissiez faire, même une publicité à la télévision ne peut pas vous donner autant d’accès en termes de téléspectateurs. Cela prouve que notre démarche fonctionne».
Outre les spectateurs de matchs d’Arsenal en effet, le RDB assure avoir pu drainer de la visibilité via les réseaux sociaux. Depuis le lancement du partenariat, le Conseil a noté une hausse de 100% des abonnés sur la chaîne YouTube de «Visit Rwanda» et de 72% et 577% respectivement sur Twitter et Instagram. Selon Vinai Venkatesham, directeur du bureau commercial du club qui s’était exprimé au lancement du partenariat, «le maillot d’Arsenal est vu 35 millions de fois par jour dans le monde».
Les retours dépasseraient déjà les 30 millions de livres sterling investis
Par ailleurs, sur la base d’analyses fournies par les cabinets internationaux Nielsen, Blinkfire Analytics et l’agence de recherche Hall and Partners, le RDB estime la valeur de toutes les retombées de ce partenariat, à ce jour -soit 15 mois plus tard- à 36 millions de livres sterling, soit 20% de plus que les 30 millions investis.
«C’est la preuve que notre stratégie touristique porte ses fruits», s’est réjoui Belise Kariza
Une preuve que le RDB tient à brandir surtout après la virulente polémique qui a éclaté suite à l’annonce de ce partenariat avec Arsenal. La situation était telle que le président Paul Kagamé avait dû réagir, promettant des gains de 1 milliard de dollars sur 5 ans.
Au sein de l’opinion publique nationale et internationale, l’on pointait notamment la situation du Rwanda qui, bien qu’il reçoive encore l’aide au développement, s’engage à débloquer 30 millions de livres sterling pour de la publicité. Interpellée par Deutsche Welle, Claire Akamanzi, directrice du RBD avait déclaré : «Il n’y a aucun lien entre la publicité sur le maillot d’Arsenal et notre aide au développement. Les pays donateurs savent parfaitement à quoi sert l’argent qu’ils donnent, et ils savent qu’il ne va pas dans les caisses d’Arsenal».
Au Rwanda, l’industrie touristique contribue à 12,7% du PIB et génère 132 000 emplois. Dans sa démarche de développement, le gouvernement a fait de ce secteur un des piliers de sa stratégie, désireux de capitaliser sur les richesses naturelles. C’est ainsi que l’écotourisme y prend une place de plus en plus importante. De grandes enseignes internationales opérant dans le luxe font de plus en plus du Rwanda une destination privilégiée, notamment en raison de sa richesse faunique et ses paysages naturels.
Le partenariat avec Arsenal, qui inclut également des voyages au Rwanda des membres du club londonien, prendra fin en 2021. En réalité, c’est vers cet horizon que les retombées de ce contrat de 30 millions de livres sterling pourront être justement appréciées. Reste à savoir si le résultat final suffira à dissiper le mécontentement des détracteurs de ce projet.
Posté par rwandaises.com