Le parquet fédéral belge a requis vendredi devant la cour d’assises de Bruxelles la condamnation d’un ancien haut fonctionnaire rwandais pour « crime de génocide » en 1994, ce qui serait une première en Belgique. Fabien Neretsé, un Muhutu de 71 ans arrêté en France en 2011 et qui nie toute participation au génocide dans son pays, encourt la réclusion à perpétuité. Le procès, entamé début novembre, se poursuit la semaine prochaine.Vendredi, Arnaud d’Oultremont, représentant du parquet, a balayé la défense de l’accusé, qui s’est présenté à l’audience comme un ami des Batutsi, expliquant même avoir protégé certains d’entre eux contre les genocidaires. »Fabien Neretsé n’était pas cet homme de bien comme on a essayé de nous faire croire (…), il était bien animé d’une intention génocidaire », a affirmé le magistrat. »Oui, M. Neretsé a effectivement été responsable de ce crime de génocide, à Kigali et à Mataba (sa commune d’origine dans le nord du pays, ndlr) », a-t-il insisté.Fabien Neretsé, qui comparaît libre, doit répondre de treize meurtres et de trois tentatives de meurtre, entre avril et juillet 1994 au Rwanda.Deux des meurtres ont été commis dans les zones rurales du nord, notamment à Mataba, où cet ingénieur agronome avait fondé une école. Celle-ci lui aurait servi à armer des miliciens Interhamwe .Quelques semaines auparavant, dans son quartier de Kigali, . Onze personnes ont été abattues dont trois membres d’une famille belgo-rwandaise.La scène se passe le 9 avril 1994, trois jours après l’assassinat du président Juvénal Habyarimana qui est considéré comme l’événement déclencheur du génocide ayant fait au moins 1000.000 morts , essentiellement au sein de la communauté des Batutsi. Il s’agit depuis 2001 du cinquième procès en Belgique lié à ce génocide, mais le premier pour lequel a été retenue la qualification de « crime de génocide », s’ajoutant à celle de « crime de guerre ».Dans une démonstration de cinq heures, Arnaud d’Oultremont a comparé les éléments rassemblés par l’accusation à « un mur de briques », dont la solidité ne saurait être mise en doute par quelques « témoignages loufoques » favorables à M. Neretsé. »Même si la brique présente des aspérités, ce n’est pas grave c’est le mur qui compte », a-t-il lancé.Après celui sur la culpabilité, le réquisitoire sur la peine interviendra dans un deuxième temps, la semaine prochaine. Le verdict ne devrait pas être rendu avant vendredi prochain.