L’épidémie mondiale de coronavirus qui se propage rapidement dans le monde entier menace de nombreuses activités économiques. La production industrielle chute lamentablement plongeant l’économie mondiale dans une récession sans précédent.
Les autorités du FMI s’en sont dites inquiètes ce vendredi 27 mars au vu du fait que beaucoup de pays du monde ont décidé d’adopter la démarche de confinement de la population comme une forte mesure arrêtant une propagation exponentielle de la pandémie du Coronavirus.
L’épidémie de pneumonie virale mortelle a déjà fermé des entreprises, stoppé les activités touristiques et d’accueil, étouffé les voyages, annulé des conférences et des événements et mis les marchés boursiers en chute libre.
Cela a entraîné une baisse de la production industrielle dans de nombreux pays accompagnée par une forte hausse du chômage, une baisse des flux de capitaux, une baisse des activités commerciales, de diverses activités touristiques mais aussi et surtout les taux de consommation des biens et services économiques. Du coup, un sérieux choc économique mondial.
« Il est désormais clair que nous sommes entrés dans une récession économique – aussi grave ou pire que celle de 2009 », a déclaré vendredi la semaine dernière la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.
L’Allemagne, moteur économique de l’Europe, et le Royaume-Uni étaient tous deux au bord d’une récession avant même que le virus ne frappe, avec une croissance de 0% au quatrième trimestre 2019.
La Chine, deuxième économie mondiale, devrait connaître une baisse de sa croissance économique au cours de ce premier trimestre pour la première fois depuis des décennies. N’a-t-elle pas connu des arrêts de production et des mesures de quarantaine ? Et ceci a finalement pesé sur l’économie mondiale.
La production industrielle a chuté de 13,5% en janvier et février par rapport à l’année précédente, les ventes au détail ont chuté de 20,5% et les investissements dans le secteur immobilier de 24,5%, selon le magazine Fortune.
Le taux de chômage a atteint un record de 6,2% en février 2020 aux temps forts de l’aggravation du Coronavirus.
De même, les économies du Japon, de France et d’Italie étaient déjà en
baisse ou au point mort peu avant que ne se déclare l’épidémie de virus.
Les grandes économies africaines comme celles d’Afrique du Sud, du Nigéria, du Maroc et d’Égypte ont déjà été les plus durement touchées.
Cela a incité Moody’s, une Agence Internationale de Notation, à rétrograder sérieusement la cote de crédit de l’Afrique du Sud. Les obligations d’État seront désormais supprimées de l’indice des obligations mondiales. Cela, ce qui déclenchera des milliards de dollars de perte.
Un récent rapport de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique(CEA) estime que le continent pourrait perdre jusqu’à 1,4% de croissance du PIB en raison de cette pandémie
Effet sur le Rwanda
Alors que John Rwangombwa, le gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, a déclaré qu’il était trop tôt pour commencer à poser des questions liées à l’impact du COVID-19 sur l’économie rwandaise, les économistes ont prévu un impact pire que celui observé en 2009 lors de la crise économique mondiale.
Les économistes disent que le Rwanda n’est pas épargné par la récession, d’autant plus que la chaîne de production et approvisionnement de marché est perturbée.
Pour Seth Kwizera, économiste à l’Economic Policy Research Network Rwanda (EPRN), tous les secteurs économiques du Rwanda seront touchés par la crise actuelle, en particulier au premier trimestre de 2019.
« Actuellement, les usines ne fonctionnent pas à leur capacité normale. Les travailleurs ne peuvent pas aller travailler en raison du verrouillage. Ils sont confinés. La plupart des commerçants ont également fermé boutique », constate-il.
Cela, ajoute-t-il, pèsera lourdement sur la croissance économique, en particulier au premier trimestre 2020 lorsque les chiffres seront rendus publics.
L’économiste souligne que d’énormes sommes d’argent sont désormais investies pour lutter contre Covid-19, ce qui n’était pas prévu auparavant.
« C’est comme si nous avions des plans (de développement) et que nous n’avions pas fait des prévisions de comportement financier en cas d’irruption du coronavirus dans ces plans. Cela affectera l’Afrique et notre pays », dit-il.
Le rapport de la CEA estime que le tourisme rwandais sera particulièrement touché. Ce secteur devrait régressé de 6% cette année en raison de cette pandémie mondiale, ce qui pourrait entraîner un déséquilibre fiscal.
Tourisme, transport aérien et terrestre, hôtels…durement frappés
Le Rwanda a suspendu les vols commerciaux dans et hors pays. Il a introduit d’autres mesures qui ont rendu difficile la circulation des personnes.
Cela a nui à presque tous les secteurs, en particulier le tourisme et l’hospitalité qui dépendaient de l’aviation.
Les hôtels comptent, par exemple, des pertes ce mois-ci lorsque le gouvernement a annoncé un confinement total de deux semaines, tandis que les travailleurs liés au tourisme culturel (conférences, colloques…) ont perdu leur emploi, l’organisation de ces événements étant annulée.
Regarder en arrière
Lors de la récente récession mondiale de 2008 – 2009, des pays comme les États-Unis et ceux d’Europe ont connu une forte hausse du chômage, les bénéfices des entreprises ont chuté, les marchés financiers ont été perturbés et le secteur du logement s’est effondré.
Suite à la baisse de la croissance du PIB dans le monde, la demande mondiale de biens et services au Rwanda du marché mondial a diminué et les prix ont été affectés.
Ainsi, le secteur minier a vu les prix de l’étain chuter de façon spectaculaire ( d’environ 40 à 50%), tandis que les prix du café ont suivi la même tendance négative.
Les transferts d’argent privés sous différentes formes prises ensemble ont également diminué.
Le volume mensuel moyen des transferts qui transitaient par les banques a atteint 95 millions de dollars en 2009, contre 110 millions de dollars l’année qui avait précédé.
François Kanimba, ancien gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, estime que l’impact de cette récession mondiale sera bien trop important par rapport à la crise de 2009.
« Apprendre de l’impact négatif du coronavirus, cela va être un choc très profond », confie-il.
Il pense qu’aucun pays ne sera épargné de la crise car « chaque pays est vraiment intégré dans l’économie mondiale ».
Kanimba avance que la forte croissance économique du Rwanda au cours de ces dernières années a été rendue possible, entre autres, par le tourisme et les conférences mondiales organisées dans le pays… c’est toute une industrie culturelle qui commence à se mettre en place.
« Maintenant, cette industrie est totalement en panne. Cela va affecter considérablement l’économie rwandaise », note-t-il.
Quid des investissements privés ?
La tendance des investissements étrangers directs au Rwanda a augmenté, atteignant 463,0 millions de dollars l’année dernière contre 409 millions de dollars en 2012, selon l’enquête de la Banque Nationale du Rwanda.
« Cette croissance va être affectée par l’incapacité des investisseurs à faire le tour du monde, y compris le Rwanda, pour chercher des opportunités », a noté Kanimba.
Amina Rwakunda, économiste en chef au ministère des Finances, a déclaré que le ministère prépare à cet effet une brève analyse économique de l’impact de la récession économique mondiale sur le Rwanda, qui sera présentée au Cabinet pour examen dans le courant de la semaine.
Dans les pays africains en général, les secteurs économiques les plus touchés sont ceux qui dynamisent le monde urbain et qui fonctionnent en circuit d’économie de marché.
Depuis que la politique tant annoncée de consolidation des terres paysannes pour une agriculture de marché a été un échec, le petit fermier agricole a du mal redécoller sur les bases d’économie de marché. Il allie économie de subsistance et économie de marché. L’économiste moderne ne sait pas chiffrer en valeur monétaire les légumes qu’il cueille dans son jardin et qu’il consomme. Avec son bois bien entretenu pour la cuisson ou pour une éventuelle construction de son habitation ou de l’étable de ses bêtes, ce matériel n’est pas monétairement chiffrée pour, approximativement, décider du pourcentage du secteur agricole dans le PIB national.
Comment ces avoirs informels du fermiers agricoles
peuvent-ils diminuer l’impact négatif du corona virus sur l’économie
rwandaise ?
On remarque que les quelques 30 mille jeunes gens qui s’adonnaient à
l’activité de transport sur taxi moto sont retournés, du moins la
plupart d’entre eux, dans le secteur rural pour s’adonner aux travaux de
champ et d’élevage. Avec leurs petits argent épargné, ils sont à même
de faire la différence avec d’autres fermiers qu’ils rejoignent au
village. Ceux-ci autant que les maçons et autres petits chômeurs
déguisés en balayeurs de rue, de plantons…, une fois bien encadrés
dans le secteur rural qu’ils ont rejoint en cette période de confinement
dont on ne sait pas la fin, pourraient parfaitement saisir l’occasion
leur offerte pour s’adonner autrement aux activités rurales tout en
cassant ce conservatisme cultural et en pratiquant l’agriculture de
rente très demandée par les villes et suffisamment rémunératrice.
Avec Newtimes
Redigé par Jovin Ndayishimiye Le 31 mars 2020