L’arène politique rwandaise offre une face idéologique bicéphale. D’une part, les idées sous tendant la lutte pour le dépassement complet des stéréotypes ethnisants d’antan qui, sous les deux régimes de Kayibanda (1962-1973) et de Habyarimana (1973-1994), ont été érigés en mode de gestion politique et gouvernance sociale.
La suite, on la connaît, l’apocalypse est vite survenue entre avril et juin 1994. Le régime actuel y va autrement. Pour lui, cette guerre médiatique, il s’en fiche : des faits et des actions principalement. Il s’y active avec le ferme espoir de voir se réaliser le changement de mentalité et de nouvelles attitudes face à la production des richesses.
D’autre part, les caciques. Ils sont là ces anciens leaders d’opinion qui sont tombés avec les régimes ethnisants qu’ils soutenaient. Ils tempêtent en Occident. Non seulement ils ont du mal à accepter qu’ils ont aidé de très près ou prou à l’irruption du génocide des Tutsi de 1994 mais aussi, ils avancent que c’est le contraire qui a été fait ; que les Tutsi ont poursuivi en 1995-6 les réfugiés hutu dans l’ancien Zaïre pour en décimer des millions.
Les responsables du régime rwandais actuel ont compris cette guerre médiatique que mène ce courant idéologique. Les tenants de cette idéologie de l’ethnocentrisme hutu teinté de négationnisme du génocide et de théorie du chaos, se cachent derrière elle pour mieux échapper psychologiquement aux crimes contre l’humanité qu’ils ont commis durant plus de 35 ans si on situe la course de l’idéologie de l’ethnocentrisme hutu depuis les premiers pogroms de tutsi et Hutus UNARISTES (Partisans du parti UNAR/Union Nationale Rwandaise) en 1959 avec le document-programme brûlot symbole dénommé « Manifeste des Bahutu (1957) » écrit dans les laboratoires de l’Evêché de Kabgayi sous la directe supervision de Mgr Perraudin.
Un livre sur le négationnisme du génocide et autres mensonges tous les sept jours
Les tenants de l’ethnocentrisme pratiquent l’échancrure du tissu social rwandais. Ils sont forts de leurs presque quatre décennies d’inoculation de cette idéologie qui a toujours voulu asseoir l’équation majorité ethnique=majorité démocratique=pouvoir. Et là, tout mensonge pour dénigrer le pouvoir actuel du libérateur FPR au Rwanda est permis.
Un discours campagne de ce groupe idéologique de Rwandais vivant essentiellement en Occident transpire dans tous les livres qui sont publiés à un rythme soutenu. Celui-ci veut que les Hutu ont génocidé quelques 1.024 millions de Tutsi, que par contre les troupes du FPR qui poursuivaient les Interahamwe et Militaires de l’ancienne Armée Gouvernementale de Habyarimana en ont tué plus de quatre millions de Hutu réfugiés qui fuyaient avec les troupes génocidaires chassés du chapelet de camps de réfugiés militarisés sur les bords du lac Kivu et sur ceux de son déversoir la rivière Rusizi.
Ironie du sort, comme pour montrer à quel point les tenants de cette idéologie qui rêvaient de revanche, ils ont accrédité cette thèse selon laquelle moins de 20 mille militaires de l’AFDL/Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo et quelques petits milliers de militaires rwandais poursuivant leur objectif de capture du pouvoir congolais à Kinshasa ont pu avoir le temps de tuer des millions de réfugiés rwandais autant que l’affirme le Mapping Report rédigé par des experts onusiens en 2009.
Le Gouvernement rwandais donne un argument inattaquable à ces forces génocidaires. « Comment tuer des gens que vous avez pris en otage alors que nous voulions les voir rentrer dans le pays et ils sont effectivement rentrés ? ».
Le Général James Kabarebe, Conseiller spécial en matière de Sécurité du Président Paul Kagame, s’exclame et montre comment militairement les troupes rwandaises ont fait un grand travail pour ramener en 1996 au Rwanda les deux millions de réfugiés pris en otages par les forces du mal qui venaient de commettre l’innommable au Rwanda en 1994.
« Dans l’opération de rapatriement des réfugiés rwandais du Zaire, aucun des camps où ils étaient, Gatare, Gahindo, Kibumba, Mugungaau Nord Kivu et Katana, Gashusha, Kansanyo et Kamanyola au Sud Kivu n’a été attaqué par nos forces. Tout ce que nous avons fait, ç’a été d’encercler tous les camps militarisés pour mieux avoir le champ libre pour rapatrier les réfugiés », a déclaré James Kabarebe ajoutant que jamais les troupes rwandaises ne sont pas allées au Congo pour tuer « les Rwandais qui avaient été pris en otages par ces troupes génocidaires ».
Alors qu’il était l’invité de Radio et Télévision publiques à l’occasion de la commémoration du 26ème anniversaire de la Libération, Kabarebe a balayé d’un revers de la main des allégations selon lesquelles les troupes rwandaises auraient tué 3 ou 6 millions de Rwandais ou Congolais…
« Trois millions de gens ne peuvent pas être tués au point qu’on cherche même un corps et qu’on ne le voit pas. Six millions (de Congolais) ne peuvent pas mourir sans laisser de trace. Toute cette propagande est émise pour mieux embrigader les jeunes gens et de nombreux réfugiés qui restent au Congo Brazzaville, en Zambie, au Malawi, Mozambique ou Zimbabwe. Pourquoi le font-ils ? Eh bien, ils n’ont pas un autre argument à brandir pour continuer à garder ces réfugiés de leur côté. Ils n’entendent pas voir ces réfugiés rwandais rentrer chez eux et les laisser seuls », a dit le Général n’expliquant pas pourquoi le Régime rwandais ne favorise pas suffisamment les écrivains qui doivent contredire ces négationnistes menteurs.
Une littérature négationniste assez fournie et régulière
Depuis lors, les milieux négationnistes ont enfourché une guerre médiatique ponctuée par la formation, la coalition de partis politiques qui naissent et perdent leur élan au gré des humeurs du moment. D’autres partis comme FDU-Inkingi/Forces Démocratiques Unifiées de Victoire Ingabire, MRCD/ Mouvement pour le Renouveau et le Changement Démocratiques de Paul Rusesabagina qui tentent de résister au temps commettent l’erreur de perdre ce souci de culture démocratique en créant des ailes armées dont les FNL /Forces Nationales de Libération ou carrément ils s’allient aux groupes armés ayant un passé génocidaire imprescriptible dont les FDLR/Forces Démocratiques de Libération du Rwanda ou les RUD-Urunana/Ralliement pour l’Unité et la Démocratie.
Donateurs et sponsors dans la veine négationniste
Les donateurs occidentaux de ces mouvements ne veulent pas un Rwanda qui roule selon les principes démocratiques. Loin de là ! Et puis, ils connaissent aussi le passé et les appétits gloutons de ces gens-là qui se réclament de l’opposition rwandaise tout en créant des partis politiques aux relents négationnistes.
Les lobbies occidentaux ont-ils intérêt à ce que la Rwandité prônée avec force par le régime rwandais actuel prenne le dessus et vainque l’ethnocentrisme hutu ou tutsi ? Voudraient-ils voir ééussis les efforts de Kagame qui entreprend d’équiper tout citoyen rwandais d’outils nécessaires (eau, électricité, irrigation de ses terres, entrer en partenariat avec ses voisins pour avoir de grandes étendues agricoles pouvant donner une grande production à des fins de transformation agro-industrielle…) pour qu’il puisse réorganiser autrement sa vie et se libérer des chaînes de la pauvreté ?
Eh bien, il serait difficile de l’affirmer. Ces lobbies savent parfaitement qu’une fois lancé par eux le slogan du revivre ensemble, leurs ouailles s’y précipiteraient et feraient la paix avec le Régime actuel qui se coupe en dix pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens et de leur imprimer un élan d’affairisme en lieu et place d’ethnisme. Mais hélas, ils ont moins d’intérêt à voir le Rwanda pacifié.
Redigé par Jovin Ndayishimiye Le 21 juillet 2020