La politique congolaise est dominée par la géopolitique, la corruption, l’embauchement et le monnayage. Les politiciens congolais changent de camps au gré des intérêts du moment. By Ali Musagara*

La politique congolaise est dominée par la géopolitique, la corruption, l’embauchement et le monnayage. Suite au manque de réalisme politique et d’une idéologie à défendre, les politiciens congolais changent de camps au gré des intérêts du moment. Depuis longtemps, on a observé cela dans le chef de beaucoup de nos politiciens. Si Kabila a réussi à faire 18ans au pouvoir, c’est grâce à la versatilité de la classe politique congolaise. Les leaders se monnaient en échange de leurs bases respectives qui croient en eux aveuglément. On observe ce constat chez tous les leaders communautaires sans exception. L’unique parti qui n’a pas été monnayée au gré des intérêts politiques reste L’UDPS malgré le comportement anti-démocratique qu’affichent actuellement certains combattants qui se comportent en miliciens ou en gangsters.

Cependant, la RDC est un Etat dont on ne sait pas parier sur le destin politique d’un leader car tout peut arriver et tout peut changer. Les alliances se font non à cause d’un idéal à défendre mais juste à cause d’un intérêt égoïste à gagner dans le jeu.

Décortiquez avec moi un peu ces différentes alliances qui ont lieu en 2018 :

A Genève, Moïse Katumbi et Jean Pierre Bemba vont céder leurs bases respectives à Martin Fayulu. Pourtant, il était le moins important par rapport à Fatshi et à Kamerhe. Tout le monde était surpris de ce choix et d’ailleurs cela a directement choqué les bases de L’UDPS et de l’UNC.

Un dauphin plus grand que ses parrains

Les patrons de Martin Fayulu croyaient qu’il était le moins nécessaire car il n’a pas une base naturelle et donc, à la récente présidentielle, ses urnes seront malmenées. Moïse Katumbi et Jean Pierre Bemba continuent de payer cette erreur de casting jusqu’aujourd’hui car Martin Fayulu a déjà pris de l’allure. Il est actuellement très populaire plus que ces anciens patrons. Il jouit désormais d’une base électorale qui peut aller de l’est à l’ouest. Jean Pierre Bemba et Moïse Katumbi sont dans l’incapacité de contrôler aujourd’hui leur dauphin qu’ils ont créé à Genève.

S’agissant de Vital Kamerhe (VK) et Félix Antoine Tshisekedi (Fatshi), Kamerhe se retrouvant seul à Genève après le choix de Martin Fayulu, a eu le courage d’approcher Fasthi et lui a confié directement sa base. Dieu aidant, Fatshi a été élu confirmé Président de la République avec sans doute le soutien de Kamerhe.

Vk est directement surnommé faiseur des rois et coatch. Il est directement le bras droit et l’homme fort du président de la république. Son obsession du pouvoir et de la richesse l’a fait ignorer que Fatshi est un fin diplomate qui cachait son côté politique (mensonge, trahison,…).

VK faiseur de rois viré comme un petit chien

Il a alors commis l’erreur de croire que Fasthi était un novice dont la survie ne dépend que de son dircab (Directeur de Cabinet/VK). Une année et quelques mois VK se retrouvera à Makala après une mauvaise gestion du programme de 100 jours du chef de l’Etat. Le Coatch portera alors les échecs de son patron sans lui reconnaître une seule réussite. Voilà la triste fin d’un faiseur des rois !

Quant à ce qui concerne Joseph Kabila et Fasthi, on croirait dans un film hollywoodien où un réalisateur écrit son film mais incapable de jouer le rôle d’acteur principal. Face à la censure de son image par la communauté internationale, Joseph Kabila se décide de choisir après élection, un candidat qu’il croit facilement manipulable mais populaire. Le président Fasthi sera élu mais Joseph kabila va contrôler toutes les institutions. Face à cela, le réalisateur va accorder à l’acteur principal quelques privilèges afin de bien jouer son rôle.

Le tendem Kabila-Fatschi

Ils vont conclure un accord négocié par Kamerhe mais chose grave, VK va s’effacer dans cet accord au profit de son champion. Question : que serait VK aujourd’hui ? S’il se décidait de quitter Fasthi ? L’UNC serait dépouillé de tout et ne peut porter plainte nulle part car le deal ne concerne que Joseph Kabila et Fasthi.

Kabila croyant que l’acteur est un novice en matière politique, il pensait qu’il allait reprendre son pouvoir sans problème. Malheureusement, il avait oublié que Jack Bauer est devenu l’acteur le plus célèbre dans un film qu’il n’a jamais été lui-même réalisateur. Le réalisateur de 24h chrono reste inconnu du grand public. Fatshi va profiter de l’impopularité de Joseph Kabila pour renverser la pyramide. Aujourd’hui, Kabila se voit affaibli et dépourvu d’institutions qu’il contrôlait auparavant à cause de son erreur de casting. Le FCC/Front Commun pour le Changement de Joseph Kabila malgré sa majorité au parlement et au gouvernement se trouve actuellement dans l’impuissance de bloquer l’homme qu’ils ont cru manipuler.

L’UDPS, parti cher à Fasthi au lieu d’adhérer à la vision (accords FCC-CACH/Camp pour le Changement) de leur chef, s’est vu basculer dans l’opposition contre le partenaire de Fasthi. L’UDPS se comporte actuellement en une milice à cause du comportement de certains combattants incontrôlés, indisciplinés et désordonnés.

Après ces gros poissons, Mbusa Nyamwisi va approcher Moïse Katumbi mais Katumbi va faire tout pour l’avaler ainsi que sa base du Nord-Kivu. C’est avec surprise que nous avions assisté à une bataille pour le contrôle du gouvernorat du Nord-Kivu qui, d’office allait revenir au principal allié de Katumbi, Mr Mbusa Nyamwisi. Mais la situation a dégénéré quand Katumbi a faussé compagnie à Mbusa et a préféré Nzangi, tous les deux appartenant à Lamuka. Heureusement, Mbusa avait compris que Katumbi voulait voler sa base par le truchement du jeune zélé Nzangi. Directement, Mzee Mbusa a porté son soutien au candidat du FCC, Karly Nzanzu. Car, pour lui, mieux vaut un candidat pro-Kabila, un homme déchu que un Nzangi qui sert les intérêts de Moise Katumbi Chapwe.

La RDC mérite mieux que ses hommes politiques. Il faut la moralité et le respect des principes. La prostitution politique doit être perçue comme un crime. (Fin)

*L’auteur de cette analyse Ali Musagara est un notable de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

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