(Agence Ecofin) – Dans la lutte contre la covid-19 en Afrique, les pays ayant adopté des mesures restrictives plus ou moins souples ont étonnamment obtenu de meilleurs résultats que ceux qui ont mis en œuvre des mesures plus rigoureuses, selon une récente étude sur l’impact des stratégies contre la pandémie.
Une récente étude sur l’impact des stratégies de lutte contre la pandémie de covid-19 en Afrique a permis de démontrer qu’il n’existe pas forcément de corrélation entre les mesures de restriction adoptées par les Etats du continent et les résultats attendus.
Intitulée « 6 mois de covid-19 en Afrique – Bilan global et pays des stratégies de lutte » et réalisée par le cabinet VIZEUM Management Consulting avec la participation du Pr Francine NTOUMI de la Fondation congolaise pour la recherche médicale (FCRM), cette étude établit un classement des pays africains sur la base de plusieurs critères, notamment les stratégies de restriction collective sur l’économie et les taux de décès par habitant de chaque pays au 31 août 2020.
Au-delà des mesures conventionnelles communes et des mesures génériques de santé publique, le rapport identifie 6 catégories de stratégies adoptées par les Etats africains. Il s’agit des mesures de confinement du pays adoptées dans 16 Etats ; le confinement des grandes villes ou des épicentres mis en œuvre dans 8 pays ; l’isolation des grandes villes ou des épicentres avec couvre-feu effectué dans 8 pays ; l’isolation des grandes villes ou des épicentres sans couvre-feu dans 3 pays ; le couvre-feu nocturne adopté dans 7 pays ; et l’absence de mesures de confinement et de couvre-feu dans 7 autres pays.
L’étude attribue par ailleurs à chaque stratégie, une note d’impact sur le PIB du pays, afin de mieux apprécier l’impact des mesures de confinement.
L’observation des scores (de 0 – le pire score à 100 – meilleur score) montre que les pays qui ont opté au début de l’épidémie pour un confinement du territoire ou pour le confinement des grandes villes et épicentres ont obtenu les pires scores. A l’opposé, les pays qui ont imposé les restrictions les plus souples telles que l’absence de confinement et de couvre-feu ont obtenu de bien meilleurs scores.
Il semble qu’en Afrique plus qu’ailleurs, la corrélation entre la rigueur des mesures restrictives et les résultats attendus soit difficile à démontrer. Les résultats tendent même vers une corrélation négative puisque les pays appartenant aux trois catégories de mesures les plus souples obtiennent en moyenne les 3 meilleurs scores.
Cette absence de corrélation est également illustrée par le fait que parmi les pays qui ont pratiqué le confinement, deux ont obtenu les meilleurs scores (Erythrée et Seychelles) tandis que deux autres figurent aux deux dernières places du classement (Djibouti et Afrique du Sud). En revanche, 6 des 7 pays qui n’ont pas du tout opté pour le confinement sont dans la première moitié du classement.
De façon plus générale, l’étude du cabinet VIZEUM confirme que les prévisions élaborées le plus souvent à l’international sur la covid-19 en Afrique qui prévoyaient que celle-ci serait le continent le plus touché en raison de sa vulnérabilité économique, sociale et sanitaire ne sont pas vérifiées.
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Borgia Kobri