Mis en cause dans l'affaire Mnef, DSK démissionne de son poste de ministre des Finances

PARIS (Reuters) – La sortie de scène prématurée de Dominique Strauss-Kahn, accusé d’agression sexuelle aux Etats-Unis, n’est pas forcément une bonne affaire pour le président Nicolas Sarkozy, si elle se confirme.

L’arrestation du directeur général du Fonds monétaire international (FMI) par la police de New York pourrait n’être que le début d’un long feuilleton judiciaire qui sonne le glas des ambitions présidentielles de l’ex-ministre socialiste.

A un an de l’élection de 2012, le chef de l’Etat se voit ainsi débarrassé sans combattre d’un adversaire potentiel qui caracolait en tête de tous les sondages.

« Il n’est pas sûr que cela profite tant que cela à Nicolas Sarkozy », estime cependant Jérôme Sainte-Marie, président de l’institut de conseil politique Isana.

« Strauss-Kahn était le plus haut dans les sondages mais il avait des fragilités et n’était sans doute pas le plus dangereux en campagne, compte tenu de la complexité du personnage », ajoute cet analyste. « C’était un candidat facile à déstabiliser. »

Nicolas Sarkozy, souvent attaqué dans le passé sur sa vie privée, ses goûts et ses relations, estimait il y a quelques mois devant des parlementaires UMP, qu’il passerait « pour un pasteur méthodiste » en comparaison de Dominique Strauss-Kahn.

« On a toujours pensé que c’était un bon candidat à cause de ses vulnérabilités », confirme un haut responsable de la majorité présidentielle. « Il était pour Sarkozy le plus facile à battre. »

« Le problème de fond de Nicolas Sarkozy demeure : il va falloir qu’il retrouve le chemin des coeurs », ajoute-t-il.

LE CENTRE GAGNE DE L’ESPACE

De fait, le chef de l’Etat est aussi à la traîne des autres grands prétendants à l’investiture socialiste, la première secrétaire du PS Martine Aubry et son prédécesseur, François Hollande, et n’est même pas sûr, selon certains sondages, de se qualifier pour le second tour de la présidentielle de 2012.

François Hollande, par exemple, « paraît beaucoup moins facile à déstabiliser », souligne Jérôme Sainte-Marie.

Pour Gaël Sliman, de l’institut BVA, l’affaire Strauss-Kahn modifie également la donne au centre, alors que les alliés centristes de Nicolas Sarkozy envisagent de présenter un candidat en 2012 contre l’avis du chef de l’Etat.

« Le centre avait déjà un espace. Si DSK n’est plus là, il lui libère de la place », explique-t-il.

« On peut penser que dans les cinq ou six points d’avance de DSK dans les sondages par rapport aux autres socialistes, une partie ira vers le centre », ajoute Gaël Sliman, selon qui le président du Parti radical et ancien ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo paraît le mieux placé pour en profiter et peut espérer un score à deux chiffres au premier tour.

A l’UMP comme au gouvernement, la consigne est de ne rien dire qui pourrait faire accuser le camp de Nicolas Sarkozy de récupérer l’affaire à des fins électorales. D’où l’extrême discrétion observée jusqu’ici par l’Elysée.

Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, affichait pour sa part lundi une sérénité à toute épreuve.

« En ce qui concerne la vie de notre formation politique, cela ne change strictement rien », a-t-il dit à des journalistes.

COUP DUR POUR L’IMAGE DE LA FRANCE

S’il est difficile à ce stade de prédire qui profitera de cette affaire sur la scène nationale française, la cause paraît en revanche entendue sur le front international.

« C’est une très mauvaise opération, un coup terrible porté à l’image de la France », estime Christian Saint-Etienne, membre du Conseil d’analyse économique du Premier ministre français.

Nicolas Sarkozy avait en quelque sorte fait don de Dominique Strauss-Kahn au FMI en poussant sa candidature au poste de directeur général de cette institution internationale.

Ce qui était alors apparu comme un coup de génie et s’est effectivement avéré jusqu’à dimanche une bonne opération, risque aujourd’hui de rejaillir négativement sur le président.

« Cette affaire amoindrit notre crédibilité sur le plan international. Nous allons perdre la direction du FMI », souligne Christian Saint-Etienne. « C’est un recul et une très mauvaise nouvelle pour l’influence internationale de la France. »

Nicolas Sarkozy misait sur le soutien actif du FMI et de son directeur général pour faire avancer ses propositions en matière de gouvernance économique internationale et de régulation de la finance mondiale sous la présidence française du G8 et du G20, et ainsi conforter sa stature présidentielle.

L’affaire Strauss-Kahn « ne va pas faciliter les choses », dit-on de source française. « Le FMI va avoir la tête ailleurs. »

Avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse

http://fr.news.yahoo.com/laffaire-strauss-kahn-pas-forcément-bonne-pour-nicolas-152444112.html

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