Le Mini sommet des Chefs d’Etat de la Région des Grands Lacs a finalement eu lieu en visioconférence depuis Goma Chef-lieu de la Province du Nord Kivu qui coordonnait les travaux. Le Président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait fait le déplacement.
Participaient à cette visioconférence, les Présidents rwandais Paul Kagame, ugandais Yoweri Kaguta Museveni et l’angolais Joao Lourenço. Une voix discordante, celle du Burundais Evariste Ndayishimiye. Celui-ci n’a pas voulu prendre part à la réunion estimant qu’il a un lourd contentieux avec Paul Kagame du Rwanda qui ne lui livre pas les auteurs du putsch manqué contre son prédécesseur Nkurunziza en 2015.
« Les chefs d’États de la région de grands réaffirment leur volonté de militer en commun en accord pour mettre fin à l’activisme des groupes armés dans cette partie d’Afrique. Réaffirmation contenue dans le communiqué final du mini-sommet de ces chefs d’États tenu ce mercredi 7 octobre 2020… », rapporte le quotidien congolais 7 sur 7 CD lisant le Communiqué final des travaux de cette visioconférence tel que lu par la Ministre congolaise des affaires étrangères, Mme Nzeza Ntumba.
Le journal rapporte que tous les Chefs de l’Etat présents à la conférence ont « fustigé l’activisme des groupes armés dans cette partie ». Ils se sont promis de « militer ensemble dans l’objectif de renforcer des capacités de mécanismes existants dans la sous-région afin de couper les forces négatives y opérant de leurs sources de financement ».
Les quatre chefs d’Etat se sont donné des objectifs ambitieux quand ils se sont décidés de « lutter conjointement contre les réseaux ‘maffieux’ à tous les niveaux qui contribuent à l’exploitation et au commerce illicite de ressources naturelles de la région ».
Mais c’est ici que, contrairement à ses prédécesseurs, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo manifeste son souci de réaliser la promesse qu’il a faite aux populations de l’Est de la RDC consistant à faire de l’Est un espace complètement sécurisé où tous les mouvements armés étrangers seraient chassés et refoulés hors de la RDC.
Hélas, la plupart d’entre eux y sont durant plus de deux décennies. Ils doivent bénéficier de solides appuis de gros lobbies étrangers et autres politiciens locaux qui ne disent pas leurs noms. Et c’est ici que le Rwanda semble plus pressé à voir ce nouveau vent souffler afin qu’il cueille ses FDLR /Forces Démocratiques de Libération du Rwanda et autres RUD-Urunana/Ralliement pour l’Unité et la Démocratie ou CNRD/Coalition Nationale pour le Renouveau Démocratique ou FLN/Forces de Libération Nationale. Ces derniers ont tenté à plus d’une reprise de bomber leurs torses et entrer brièvement au Rwanda dans sa partie sud, Nyabimata et Kitabi (FLN) et Nord à Kinigi, aux pieds des Volcans (RUD) égorgeant au passage de paisibles civils.
Dans ce nouveau mouvement que prennent les choses, l’Ugandais Museveni semble ne pas être chaud car les ADF/Allied Démocratic Forces ugandaises opérant au nord de l’Est de la RDC se comportent comme des bandits. Ils égorgent des civils congolais et leur prennent leurs richesses y compris celles qui sont au sol et dans le sous-sol. Les ADF ne constituent pas une menace pour l’Uganda, du moins pour le moment.
« Il n’y a nullement d’alternative à la conjugaison des efforts pour relever ces nombreux défis et mettre terme à des cycles récurrents de violences armées qui insécurisent l’avenir des États et des populations », a dit Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dans son discours.
Le président congolais sait bien qu’il s’engage sur un terrain de sécurisation de l’Est de son pays où ses pairs et voisins, l’Ugandais Yoweri Museveni et le Burundais Evariste Ndayishimiye, peuvent tout donner au monde pour voir le régime de Paul Kagame déposé.
En d’autres termes, la rencontre de Goma peut sonner une fausse coalition d’efforts congolais, rwandais et ugandais pour dépoussiérer l’Est de la RDC de ses poches d’insécurité.
De prime abord, le Burundi s’est retiré officiellement de ce projet. Pourquoi ?
Brandissant le fait que le Rwanda hébergerait des réfugiés de haut calibre qui ont tenté de renverser le pouvoir de son prédécesseur,Pierre Nkurunziza, mort inopinément avant qu’il ne prête serment pour le succéder, l’ancien rebelle Gén. Evariste Ndayishimiye aligne sur les bords de la Rivière-frontière Akanyaru en formation militaire de combat quelque 150 éléments des FDLR près à en découdre avec le Rwanda. Il va sans dire que dans cette atmosphère de guerre, il est inconcevable que Ndayishimiye regarde droit dans les yeux celui qu’il considère comme son ennemi. Sachant que son pays est aussi petit que le Rwanda, que toute formation et entrainement des FDLR ne sont possibles que sur les grands espaces de l’Est de la RDC, le Président burundais Ndayishimiye est incapable d’entrer dans le deal du président Tshisekedi qui voudrait être loyal envers tous ses pairs de l’Est.
L’Uganda de Museveni prêt à entrer dans le plan de Tshisekedi ?
Il serait inconcevable que Museveni qui conteste l’aura de son neveu rwandais Kagame dans les Grands Lacs et en Afrique, adhère à ce plan. Ne nourrit-il pas lui aussi des idées noires de voir ce neveu quitter le fauteuil présidentiel rwandais ? Ne l’a-t-il pas essayé avec les caresses intenses qu’il accorde à un autre général dissident rwandais, Faustin Kayumba Nyamwasa, et son organisation politico militaire RNC/Rwanda National Congress ?
Tshisekedi sait, en plus, que dans sa médiation conjointe avec l’Angolais Joao Lourenço, pour le rétablissement des relations rwando-ugandaises, les choses capotent, butant contre ces sentiments de répulsion lancinants du vieux guérilleros Museveni à l’endroit de son ancien dauphin rwandais, Kagame.
Dans toute cette saga, c’est la mauvaise position diplomatique du Président burundais Evariste Ndayishimiye qui pose problème. Ce dernier confirmerait-il, par le fait de vouloir à tout prix engager une guerre d’usure avec son homologue rwandais pour mieux aider les FDLR, ex-Miliciens Interahamwe de 1994, à attaquer les armes à la main à partir de son territoire, qu’il tient sa première formation militaire dans ces Jeunesses Interahamwe que les instructeurs français formaient dans la préfecture de Gikongoro (Sud du Rwanda) de 1993 à 1994.
L’on sait qu’il venait de terminer en 1992 ses humanités générales au Lycée de Muramvya (Province du centre ouest du Burundi), qu’il a disparu de la circulation locale pour réapparaître à l’université du Burundi en 1994 pour repartir pour de bon dans la brousse du CNDD-FDD.
S’il persévère dans cette erreur, le Président burundais Evariste Ndayishimiye, aura prouvé cela et le danger du réembrasement soudain de la région sera réel. C’est ce que tente d’éviter le cher citadin Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Redigé par Jovin Ndayishimiye Le 8 octobre 2020