Le 7 juillet 2021, Aimable Karasira était face aux juges du tribunal de première instance de Nyarugenge. Il est poursuivi pour négationnisme, divisionnisme et enrichissement sans cause.

Sa défense avait demandé une remise de l’audience au motif que l’expertise psychiatrique n’était pas encore disponible pour permettre un plaidoyer en connaissance de cause.

Elle a insisté auprès du juge afin que le service psychiatrique du Centre Hospitalier Universitaire de Kigali « CHUK » puisse diligenter les examens commis.

La défense a informé le tribunal que son client était suivi par des médecins psychiatres depuis cinq ans.

Karasira a indiqué au tribunal qu’il était suivi en psychiatrie de Butare et de Kigali depuis 2003 c’est-à-dire depuis dix-huit ans. Il a même donné le numéro de son dossier médical.

Sans connaitre son dossier médical et sans s’y attarder, on peut juste constater, hélas, qu’il souffre des déficiences psychologiques et que son discernement serait altéré.

Le tribunal a fait droit à la demande de la défense et remis l’audience au 23 juillet 2021. La justice ayant besoin d’une évaluation de son degré de discernement. Ce qui permettra au tribunal de déterminer s’il doit être considéré comme responsable ou non des faits qui lui sont reprochés.

Et cette question est sensible, tant l’on sait qu’au cœur de tous les procès, la personnalité du prévenu fait l’objet d’un grand intérêt. Car il faut passer par la compréhension des mobiles.

Mais l’affaire Karasira est un cas d’école dans cette bataille des prétendus « activistes des droits de l’homme » qui envahissent la toile et les réseaux sociaux. Ils bénéficient de soutien direct ou indirect de certains milieux occidentaux voire des organisations des droits de l’homme.

Karasira s’est fait connaitre par les réseaux sociaux en étant virulent avec le gouvernement Rwandais et plus particulièrement le FPR.

Ce n’est pas un fait du hasard, s’il s’est retrouvé dans la constellation qui appelle affectueusement Victoire Ingabire « tantine ». Il offre une illustration parfaite et peut être la pièce du puzzle qui manquait au dispositif.

En effet, il présente le profil idéal : rescapé du génocide contre les tutsis, enseignant à l’université avec une aisance verbale. Un rescapé dans la mouvance, ça a de la gueule !

Depuis vingt-sept, le Rwanda fait face à la violence des nostalgiques du régime Habyarimana. Ils font payer au Rwanda post génocide contre les tutsis la douleur produite par la perte du confort et d’influence.

Et là, Philippe Schreiber, Professeur d’Histoire à l’Université Libre de Bruxelles, fondé et autorisé à se prononcer, a une opinion bien tranchée.

En effet, il a écrit : « En Flandre, le récit dominant sur les événements de 1994 distord le sens de l’histoire. Parce que les forces idéologiques qui avaient ardemment soutenu le régime Habyarimana ont maintenu leur soutien aux génocidaires après 1994. Parce que des supposés experts de l’Afrique des grands-lacs, universitaires et journalistes, y sont des propagandistes de la pernicieuse « thèse du double génocide ».

Bien qu’ils se défendent de ne pas être négationnistes en reconnaissant la réalité du génocide contre les tutsis, l’analyse qu’ils produisent ressort d’une interprétation viciée des faits. Certains emploient pléthore d’artifices discursifs pour ne jamais désigner les massacres systématiques des tutsis. Et la pernicieuse thèse « du double génocide » structure la rhétorique négationniste et sert de grille d’analyse privilégiée.

Et on fait dire au mapping report tout le contraire de son contenu.

En effet, le mapping report à beau indiqué : « les réfugiés hutus, que les ex-FAR/Interahamwe ont encadrés et employés comme boucliers humains au cours de leur fuite » (p.11).
Avant d’ajouter, « qu’il n’est pas apparu ni opportun ni indispensable de qualifier en droit chacun des centaines d’incidents violents répertoriés » (p.12).

Et enfin de déclarer que « les faits démontrent que AFDL/APR ont épargné la vie, et on même facilité le retour au Rwanda d’un grand nombre de réfugiés hutus plaident à l’encontre d’une intention claire de détruire le groupe ». (p.15)

Rien n’y fait, on brandit le mapping report tel un trophée. On organise des séminaires et colloques autour dudit rapport. Et on inonde la toile. Les recrus sont obligé d’en faire une promotion, de le citer à tout va.

On se souvient de l’enthousiasme des mêmes milieux avec le rapport Bruguière avant qu’il ne fasse un flop !

C’est dans ce cadre qu’il faut situer la mise sur orbite de Karasira. Outre sa maladie, il a un tendon d’Achille. Il devra indiquer l’origine douteuse des sommes d’argent importants trouvé chez lui lors de la perquisition.

Il faut noter que ces fonds arrivent à destination accompagnés des éléments de langage produit par les officines de ces maîtres à penser et remis ainsi aux apprentis « activistes des droits de l’homme ».

L’un d’eux avait même prédit le naufrage du Rwanda post génocide en 2010. La boule de cristal était du charlatan.

Mais ils ne désarmeront pas avec la chute de Karasira. Ils sont cyniques et n’ont que faire d’un maillon qui s’écroule. Ils traiteront son procès avec malveillance, certains de façon détournée ou des pointes d’ironies. D’autres, moins subtiles, l’aborderont de façon frontale. Quoi de plus habituel.

Sauf que la récurrence de ce phénomène atteste d’un agenda politique.

http://fr.igihe.com/Karasira-le-faire-valoir-malade.html