Le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumba est un des officiers supérieurs du régime Habyarimana, membres de l’Akazu. Pendant le génocide contre les Batutsi, il était commandant de la région stratégique de Gisenyi.
Il faut noter qu’il était l’un des participants à la réunion convoquée par le Colonel Bagosora à son retour d’Arusha ou il avait déclaré qu’il venait préparer l’apocalypse. Il y avait également le Col Dr Laurent Baransaritse, Directeur de l’hôpital militaire de Kanombe, Major Protais Mpiranyi, commandant de la garde présidentielle, Major Aloys Ntabakuze commandant des para-commandos qui se faisaient appelés « amasasu » ou les cartouches. Une association des militaires extrémistes conduite par Bagosora.
Le Col Nsengiyumva avait écopé de la perpétuité en première instance par le TPIR. En appel, la peine fut réduite à quinze ans.
Et sa fille, Umutesi Marie-Aimée le vit comme une ignominie. Dans une récente interview au journal The New Times, elle dit être née dans la l’ancienne commune Satinsyi du Col Nsengiyumva et Mme Bernadette Uwizeyemariya qui travaillait à la section croix rouge de ruhengeri.
En 1994, elle avait quinze ans et était élève au groupe scolaire de Rambura. Elle avait dû se réfugier à Goma suite aux rumeurs persistantes d’une vengeance de l’APR sur tous les Bahutu. Ella avait marché toute la nuit pour rejoindre Goma.
Faute pour elle de parler ni Swahili ni lingala, elle a vraiment broyé du noir dans sa vie de réfugiée. Elle a passé la première semaine à dormir à la belle étoile sans rien manger ou presque.
A longueur de journée, elle assistait à la désolation car les rues étaient jonchées des cadavres. Avec l’accumulation des difficultés de la vie quotidienne, Marie-Aimée s’était lancée à la recherche de sa mère. Et c’est par hasard qu’elle avait appris que son oncle maternel était dans le camp de mugunga. Et le hasard aidant, elle trouva un travail.
Après un temps, elle avait appris que sa mère était dans le camp de Katale. Elle décida de s’y rendre. Et les retrouvailles furent très émouvantes, chacune raconta ses mésaventures à l’autre.
Un soir, de retour de son travail du côté de Gishari, elle trouva le camp qui s’est vidé. Elle capta la radio de la voix de l’Amérique, c’est là qu’elle apprit que les militaires Rwandais « APR » avaient attaqué le camp et permirent aux réfugiés de rentrer au Rwanda.
C’est alors que grâce à l’aide de son oncle maternelle, elle envisagea sérieusement de rentrer au Rwanda. Mais toute évocation de retour était réprimée, parfois dans le sang !
Le chemin du retour l’amena d’abord en Uganda dans le camp de Mutorero vers Kisoro. Dans ce camp où il y avait aussi des Zaïrois et des Rwandais, la méfiance vis-à-vis d’elle était grande. En plus, chez les Rwandais qui pouvaient savoir qu’elle était la fille du Col Nsengiyumva. En désespoir de cause, elle se résolue de rentrer au Rwanda, advienne que pourra, se disait-elle.
Arrivé chez elle à Ruhengeri, elle trouva une personne qui avait squatté leur maison. Et cette personne tenta de la dénoncer comme quoi c’était la fille du Col Nsengiyumva. Et à sa grande surprise, elle n’a pas payé pour son père. Elle retrouva même son grand père. Et elle a vécu avec son grand père jusqu’en 1999 quand elle avait repris l’école, bénéficiant d’une bourse scolaire comme tout le monde. Ce qui lui paraissait inimaginable. Mais elle portait le poids d’être la fille du Col Nsengiyumva.
Et la ressemblance avec ce dernier était frappante. Ce qui est un poids supplémentaire, qui s’est manifesté en 1997 quand il avait fallu prendre les cartes d’identité.
Mais un jour, des gens en qui elle avait confiance l’avaient persuadé qu’elle ne devait pas culpabiliser pour les faits commis par son père. Elle déclare même que la sentence du TPIR était un soulagement pour elle, car justice était rendue. Elle se réjouit de vivre normalement dans son pays et considère que ceux qui tiennent encore le discours négationniste font fausse route.
Marie-Aimée est mariée et mère de deux enfant. Elle travaille comme psychologue au service HIV de Murunda District hospital. Et elle est épanouie dans sa vie professionnelle et quotidienne. Elle est satisfaite d’être utile aux autres et d’avoir le sentiment de rendre service. Marie Aimée Umutesi qui a surmonté le déterminisme familial Marie Aimée Umutesi : mariée et mère de deux enfants, bien dans sa peau
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